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 Gouverner à l’heure des réseaux sociaux

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a.nonymous




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MessageSujet: Gouverner à l’heure des réseaux sociaux   Gouverner à l’heure des réseaux sociaux EmptyJeu 13 Déc 2018, 06:25

Un article qui pose de bonnes questions à lire avec ses commentaires sur https://theconversation.com/debat-peut-on-encore-gouverner-a-lheure-des-reseaux-sociaux-108442

Il aurait peut-être judicieux d'aborder aussi le sujet des chaines d'info en continue qui, ayant besoin de matière, donnent parfois une résonance démesurée à certains messages ou débats sur les dits réseaux sociaux...


Citation :
Débat : Peut-on encore gouverner à l’heure des réseaux sociaux ?
7 décembre 2018, 18:54 CET

Les autorités de l’État et les élus (et pas seulement ceux de la majorité, ne nous leurrons pas) font face à une défiance d’une ampleur inédite, à laquelle il est bien difficile de trouver une réponse, tant les revendications sont à la fois hétérogènes et individualistes (une par sous-catégorie de la population), irréalistes et contradictoires (davantage de services publics, mais moins d’impôts ; plus de croissance, mais moins de concurrence ; plus de sécurité, mais moins de règles), et déconnectées d’enjeux aussi fondamentaux que le réchauffement climatique ou l’endettement du pays.

Comment expliquer qu’on en soit arrivé là aussi vite ? Le premier constat, c’est que la révolte des gilets jaunes n’est qu’un symptôme de plus d’un mal plus profond, celui qui a conduit au Brexit, à l’élection de Viktor Orban, Donald Trump, Matteo Salvini et Jair Bolsonaro, et qui garantit l’inamovibilité de Vladimir Poutine et Recep Tayyip Erdogan.

Les causes de ce syndrome sont connues : déclin des idéologies, affaiblissement des corps intermédiaires, pessimisme généralisé, peur du déclin (social, économique, industriel, environnemental, culturel, religieux…), crainte des grands changements (mondialisation, migrations, concurrence internationale, terrorisme, métropolisation…) et opportunisme des marchands de peur et de rêve, qui attisent l’angoisse et la haine, fonds de commerce de leurs prospères PME populistes et médiatiques.

A cela s’ajoutent la toute-puissance des réseaux sociaux, qui bousculent les logiques traditionnelles des mobilisations, de la communication, de l’information et du fonctionnement de l’espace public.


Mobilisation et action

D’abord, ils permettent, sans le moindre moyen financier, humain ou logistique, d’organiser à large échelle l’action de citoyens qui ne se connaissent pas. Sans les réseaux sociaux, il aurait été impossible à des quidams de coordonner si rapidement une protestation de cette ampleur. Le mouvement des gilets jaunes, parti de mobilisations très limitées et dépourvu de toute ressource, a pu acquérir en l’espace d’un mois une ampleur considérable, laissant penser à certains qu’il a désormais vocation à se substituer aux partis, aux syndicats, et même à la représentation nationale.

C’est le sens des trois pages de « directives » adressées par les gilets-jaunes aux parlementaires français, de leur appel à la démission du Président et à la dissolution de l’Assemblée, et de leur volonté de présenter désormais une liste « gilets jaunes » aux élections européennes.

Ensuite, les réseaux sociaux favorisent un discours de protestation et de révolte. Chacun a pu s’en apercevoir : il est presque impossible d’y entamer un dialogue serein et argumenté. Facebook ou Twitter, c’est émotion contre émotion, colère contre colère, indignation contre indignation, outrance contre outrance. Il s’ensuit, soit un dialogue de sourds entre des gens peu capables d’écoute, sans cesse aiguillonnés par des trolls ; soit la constitution de sphères qui s’autonomisent, peuplées de gens qui partagent les mêmes convictions, ici des citoyens qui pensent que le gouvernement fait une politique pour le seul bénéfice des banquiers, là d’autres qui estiment que les gilets-jaunes sont tous des ahuris.


Primat de l’émotion sur les faits

Ce primat de l’émotion a gagné la sphère publique et médiatique. Ce qu’on entend, ce ne sont pas des arguments ou des idées, mais des émotions (« je suis en colère », « y en a marre ») et des perceptions (« je pense que je gagne moins », « on se moque de nous »). Les faits n’ont plus grande importance. C’est le règne de la croyance sur la connaissance : croyance religieuse ou croyance sociale, il en va de même. Que 2 et 2 fassent 4 importe peu si certains pensent que c’est 5 ou 7. Insister sur le fait que l’arithmétique établit clairement que c’est 4 sera perçu comme du mépris ou de la condescendance…

La légitimité d’un mouvement semblant se mesurer au degré d’émotion de ses protagonistes, ils sont incités à l’outrance et à la surenchère dans les arguments, jusqu’à légitimer la violence : « Monsieur le juge, j’ai lancé un pavé sur le CRS, mais, faut comprendre, j’étais très, très en colère. »

Ce qui frappe aussi, outre les CRS et les casseurs, c’est un dévoiement de la logique démocratique. Celle-ci ne doit, en principe, s’appliquer qu’à des choix politiques : le peuple décide de faire ceci ou cela. Mais, de plus en plus, elle s’applique aussi à bien d’autres domaines : à l’art (Maître Gims est le meilleur chanteur, car le plus écouté) ou même à la science (les Américains pensent que le réchauffement climatique n’est pas d’origine humaine ou que la Terre a 5000 ans, et il faut respecter cela).

Qu’une majorité de citoyens viennent à croire que l’on peut s’abstenir de rembourser la dette de la France et que cela n’aura aucune conséquence, et cela devient une vérité. Que l’idée de doubler le SMIC soit largement soutenue, et ça devient option réaliste. La faisabilité des réformes n’est plus un paramètre pertinent.


Au nom d’une démocratie caricaturée

Au nom d’une démocratie mal comprise et des impératifs de l’audimat, sur quelque sujet que ce soit, les médias consultent d’ailleurs l’homme de la rue ou le chroniqueur atrabilaire, plutôt que le savant. Sur le réchauffement climatique, la dangerosité du glyphosate ou la croissance économique, l’avis du citoyen vaut bien celui du Prix Nobel. Prétendre le contraire, c’est mépriser le peuple.

Au nom d’une démocratie caricaturée, on estime ainsi que l’avis de chaque citoyen, en toute chose, a la même valeur. On considère aussi qu’une foule vociférante est le peuple souverain. Que les gilets-jaunes aient voté à plus de 60 % pour le Rassemblement national et la France Insoumise (sondage Slate, 4 décembre), et ne représentent donc qu’une partie minoritaire de l’électorat, importe peu.

S’ajoute à cela la diffusion sans cesse plus grande des fake news par les réseaux sociaux : on aura rarement vu autant d’affirmations péremptoires et d’informations farfelues alimenter un mouvement social. Il est quasiment impossible d’endiguer ce flot, en raison du caractère émotionnel de la mobilisation, de l’hermétisme des sphères des réseaux sociaux qui ne diffusent que des informations conformes à la pensée qui y domine, et du temps nécessaire à la dénonciation d’une fake news.

S’il faut 10 secondes pour affirmer (comme on l’a beaucoup entendu) que la France n’a plus de Constitution ou qu’elle va être « vendue » à l’ONU, il faut 10 minutes pour expliquer d’où viennent ces idées grotesques et pourquoi elles sont fausses.

En outre, la croyance prenant le pas sur la vérité, et la fin justifiant les moyens, quand bien même on démontrerait que, non, la police n’a pas tué 15 personnes lors de telle manifestation, le mobilisé n’en démordra pas, au nom du « ça pourrait être vrai, alors on peut le dire » ou du « les experts et les journalistes sont aux ordres du pouvoir et des banques ».

Ce rapport élastique à la vérité, qui est une constante du discours des populistes, se diffuse désormais à grande vitesse, y compris parmi des citoyens a priori accessibles à la raison.


Un terrain de jeu idéal pour manipuler l’opinion

Les réseaux sociaux sont aussi un terrain de jeu idéal pour les organisations ou officines qui cherchent à manipuler l’opinion. On sait aujourd’hui le rôle qu’elles ont joué dans la campagne du Brexit ou l’élection de Donald Trump. On connaît le soutien indirect apporté par la Russie à des candidats pendant la campagne présidentielle de 2017 en France.

On en saura sans doute plus d’ici quelques semaines sur le rôle des réseaux antirépublicains d’extrême gauche ou droite, royalistes, anarchistes ou ultra-catholiques, dans la mobilisation des gilets jaunes (ce qui n’implique pas, bien entendu, qu’ils souscrivent à leurs idées).

Il ne serait guère surprenant d’apprendre que des pays qui voient d’un mauvais œil l’existence d’un pays stable et progressiste comme la France – et d’un ensemble pacifique comme l’Union – se sont mobilisés sur le sujet aussi, pour favoriser la diffusion des revendications des gilets jaunes et soutenir leur mobilisation.


Effets de contamination et de surenchère

Les réseaux sociaux, comme certains médias à leur remorque, favorisent aussi les effets de contamination et la surenchère : les gilets jaunes protestent contre la hausse du gazole et obtiennent un moratoire ? Qu’à cela ne tienne, lançons-nous (lycéens, étudiants, agriculteurs, ambulanciers…) dans la bataille pour obtenir nous aussi la prise en compte de nos revendications, ou du moins éviter d’être les victimes collatérales des concessions obtenues par les autres – car chacun sait qu’il faut que quelqu’un paie.

Les partis d’opposition et les syndicats sont déconcertés par un mouvement qui leur échappe ? A défaut de pouvoir en prendre le contrôle, mobilisons nos troupes pour surfer sur la vague du mécontentement et profiter de la faiblesse d’un gouvernement aux abois.

La logique d’argumentation qui domine les réseaux sociaux, et les médias d’information continue à travers ces plateaux où des chroniqueurs viennent mesurer leur capacité respective d’outrance et de démagogie, conduit à un relativisme du savoir et de la compétence qu’on a vu poindre aux États-Unis dès les années 1990. Les experts ne savent rien. Les (bons) journalistes sont des menteurs. Les élus des voleurs. Les ministres des incompétents…

On reconnaît, pour un temps encore, la compétence de l’électricien, du pilote d’avion ou du chirurgien (personne ne souhaitant qu’un citoyen lambda s’occupe de son installation électrique, prenne les commandes de l’Airbus où il est installé ou l’opère du genou), mais le haut fonctionnaire est un sot, le professeur un farfelu, le parlementaire un imposteur.

On méprise tout autant l’engagement associatif, partisan, syndical, et l’on nie la compétence et la légitimité de ceux qui donnent de leur temps, toute l’année durant, pour faire avancer des idées et des causes, et savent comment mener une mobilisation et une négociation. Aujourd’hui, celui qui crie le plus fort aura le dessus, quelles que soient ses revendications. L’idée est que, puisque tous les responsables et élus sont réputés avoir échoué à régler les problèmes (réels ou fantasmés) de la France, Jacline Mouraud ou n’importe quel porteur de gilet-jaune ne peut pas faire pire. Ils sont le peuple.

Face à tout cela, que pèsent la raison et l’argumentation ? Rien, ou si peu.

Le gouvernement a commencé à faire des concessions aux gilets jaunes, mais les agriculteurs et les routiers, qui vont subir par ricochet les conséquences de ces décisions, se mobilisent à leur tour. Les lycéens et les étudiants en profitent pour lancer leur révolution quinquennale, avec une certaine fascination pour les méthodes extrêmes de certains gilets jaunes.


Le chacun pour soi, plutôt que l’intérêt général

Comment gérer une société dans laquelle chacun veut plus sans se soucier du fait que toute dépense publique doit être financée et que toute décision a des conséquences négatives ? Une société dans laquelle le sens de l’intérêt général a cédé la place au chacun pour soi ? Une société où l’on ne se soucie plus de la cohérence des discours et des revendications ? Une société où les citoyens s’en remettent au premier vendeur d’huile de serpent venu ?

L’optimiste pensera que les apprentis révolutionnaires vont tôt ou tard être confrontés à la réalité, aux difficultés bien concrètes de l’art de gouverner et de faire des arbitrages. Mais c’est oublier que, dans un système où priment émotions, impressions et semi-vérités, il est facile de renvoyer la responsabilité de ses échecs sur d’autres.

Observons les populistes de tout poil partout dans le monde : leur impuissance est toujours imputée aux technocrates qui les empêchent de mettre en œuvre leur programme, aux journalistes qui déforment la réalité, ou à des groupes précis de la population qui nuisent aux intérêts du peuple (Mexicains, Polonais, réfugiés ou banquiers, peu importe).

Il faut garder à l’esprit qu’un nombre croissant de citoyens, en France comme ailleurs, pensent qu’il existe des systèmes politiques préférables à la démocratie (on ne dit jamais lesquels) et sont fascinés par les leaders autoritaires ou populistes. Les responsables qui persistent à attiser le conflit ont tort d’estimer que la démocratie est un acquis définitif et qu’ils seront capables de ramasser la mise électorale au terme de la crise. Les premiers sondages montrent qu’ils n’en tirent aucun profit. Ils ne font que le jeu des groupuscules antirépublicains qui ont compris très tôt le parti qu’ils pouvait tirer de ce mouvement social.

Olivier Costa
Directeur de recherche au CNRS / Directeur des Etudes politiques au Collège d'Europe –, Sciences Po Bordeaux
https://theconversation.com/debat-peut-on-encore-gouverner-a-lheure-des-reseaux-sociaux-108442
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MessageSujet: Re: Gouverner à l’heure des réseaux sociaux   Gouverner à l’heure des réseaux sociaux EmptySam 05 Jan 2019, 15:36

Un article intéressant sur les résultats de la consultation en ligne lancée le 15 décembre par le Conseil économique, social et environnemental (Cese)...

Je doute fortement que la première préoccupation de ceux qui ont occupé des rond-points pour protester contre l'augmentation des taxes sur les carburants, le nouveau contrôle technique, l'interdiction des chaudières au fioul, ...... soit l'abrogation de la loi autorisant le "mariage pour tous"....


Citation :
05/01/2019
Gilets jaunes: L’abrogation du mariage pour tous, revendication N°1 de la consultation en ligne
La consultation citoyenne initiée par le Conseil économique, social et environnemental (Cese) a été fermée ce vendredi.

   Le HuffPost avec AFP

POLITIQUE - C'était un vote autonome, qui devait donner le pouls du grand débat national à venir sur la crise des gilets jaunes: la consultation en ligne lancée le 15 décembre par le Conseil économique, social et environnemental (Cese), qui s'achève ce vendredi 4 janvier, a livré ses premiers résultats.

En tout, quelque 9000 contributions avaient été déposées vendredi soir sur cette plateforme censée recueillir les inquiétudes des citoyens, "gilets jaunes ou non", et lister les thématiques ayant émergé avec la crise et sur lesquelles des débats pourraient être ouverts.

Chacun a pu "donner son avis" sur six sujets: "inégalités sociales", "justice fiscale", "inégalités territoriales", "pouvoir d'achat", "participation des citoyens" et "transition écologique". Chaque "contribution" est une proposition faite sur l'un de ces sujets et pouvant être "votée" par chacun pour être soutenue.

À la clôture de la consultation, les contributions les plus votées étaient souvent celles issues de réseaux militants très marqués à droite comme celles de l'Institut pour la justice ou de collectifs opposés au mariage pour tous ou à la PMA.

C'est d'ailleurs une contribution pour l'abrogation de la "loi Taubira" qui a recueilli le plus de voix, avec près de 5900 votes sur un total de 260.879 votes exprimés, tous sujets confondus. La contribution a été formulée par le collectif "On ne lâche rien", opposé à la loi pour le Mariage pour tous votée en 2013. Sur son site internet, le groupe appelait d'ailleurs à voter sur le site du Cese pour peser dans le débat sur le mariage homosexuel.

Comme le souligne le journaliste de Libération Vincent Glad, le mariage pour tous ne figure pas parmi les revendications affichées par les gilets jaunes. Difficile, donc, de considérer que les résultats de cette consultation traduisent les inquiétudes des manifestants qui se revendiquent comme gilets jaunes.

Une quinzaine d'autres propositions visent à "abroger la loi Taubira", contre deux seulement destinées à la protéger.

Dans les contributions les plus votées figurent également des textes pour demander "la fin des subventions dans l'éolien", "le retour à l'universalité des allocations familiales", "la prise en compte du vote blanc" ou "la création d'un référendum d'initiative citoyenne" (RIC, 900 votes). Une proposition "pour un RIC sur le projet de loi bioéthique", dans lequel figure l'extension de la procréation médicalement assistée (PMA) à toutes les femmes, a recueilli plus de 3000 votes.

"Sur la base des résultats de cette consultation, mais aussi d'auditions et de la consultation de citoyens tirés au sort, un avis sera élaboré et présenté au vote en mars 2019, afin d'apporter une réponse globale aux enjeux révélés par le mouvement des gilets jaunes et s'inscrire dans le débat national", avait précisé le Cese, une assemblée constitutionnelle de représentants sociaux et associatifs.

Le Cese a pour première mission de conseiller le gouvernement et le Parlement par ses avis, qui ne sont que consultatifs.
https://www.huffingtonpost.fr/2019/01/04/gilets-jaunes-l-abrogation-du-mariage-pour-tous-revendication-n01-de-la-consultation-en-ligne_a_23633909
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tonton christobal

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MessageSujet: Re: Gouverner à l’heure des réseaux sociaux   Gouverner à l’heure des réseaux sociaux EmptySam 05 Jan 2019, 15:51

L'affaire va tourner court lorsque l'on va découvrir que l'on met sur la table massivement la peine de mort, l'immigration, le fonctionnement de la justice... et quelques autres sujets qu'il est interdit d'évoquer et dont la simple pensée suffit à envoyer le facho en rééducation.

Je ne suis pas certain que la liste des sujets de débats dressée par la majorité habituellement silencieuse soit celle à laquelle les politicards nationaux ou à un niveau plus modeste les militants politiquement engagés et agités s'attendent...

Lorsque l'on fonctionne en vase clos on est surpris à la sortie du bocal.
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MessageSujet: Re: Gouverner à l’heure des réseaux sociaux   Gouverner à l’heure des réseaux sociaux EmptyLun 07 Jan 2019, 03:50

Citation :
Un journaliste porte plainte contre Richard Ferrand pour l’avoir bloqué sur Twitter
Jean-Michel Décugis| 05 janvier 2019

Une personnalité politique peut-elle bloquer son compte Twitter à des citoyens ? On connaît la réponse aux Etats-Unis après la plainte déposée par sept citoyens américains contre Donald Trump. En mai dernier, la Cour fédérale a considéré que le président des USA n’avait pas le droit de les empêcher de le suivre, au nom de la liberté d’expression protégée par le 1er amendement de la constitution américaine.

La France, plus restrictive dans l’exercice de ce droit, va devoir à son tour trancher la question alors que de plus en plus d’élus bloquent leurs opposants sur les réseaux sociaux. Ce vendredi 4 janvier, Guillaume Tatu, 32 ans, journaliste indépendant et proche de La France Insoumise, a déposé plainte pour « discrimination » auprès du procureur de la République de Paris contre Richard Ferrand, 56 ans, président de l’Assemblée nationale et 4e personnage de l’Etat.


« Une restriction à sa liberté d’être informé »

Depuis le mois de septembre 2018, le président de l’Assemblée nationale restreint l’accès à son profil Twitter à ce journaliste. Un blocage que le producteur de l’émission « l’Oreille de Tatu » sur YouTube explique par le fait d’avoir relayé sur les réseaux sociaux, dont « Twitter », des articles de presse évoquant l’affaire des « Mutuelles de Bretagne » (NDLR : Richard Ferrand est visé par une information judiciaire relative à des soupçons de prise illégale d’intérêts via sa compagne lorsqu’il dirigeait les Mutuelles de Bretagne). Or Guillaume Tatu, qui possède une carte de presse, considère ce blocage « comme une restriction à sa liberté d’être informé et de pouvoir informer le plus grand nombre », au motif que le compte Twitter du président de l’Assemblée nationale représente « un profil d’intérêt général ».


« Une discrimination fondée sur des opinions politiques »

« La seule et unique raison est que Richard Ferrand n’apprécie pas les informations négatives à son encontre ainsi que les critiques » relève Me Arash Derambarsh, l’avocat du journaliste. « Mon client n’est pas le seul dans ce cas. D’autres journalistes ou certaines organisations syndicales comme la CGT ont également été bloqués par le président de l’Assemblée nationale. »

Dans sa plainte, l’avocat relève que Richard Ferrand, qui compte plus de 56000 abonnés sur Twitter, « utilise et diffuse sur ce réseau social comme un média à part entière. D’où le délit présumé de discrimination commis par le président de l’Assemblée nationale d’interdire à une personne, plutôt qu’à une autre, de surcroît journaliste, d’avoir accès aux informations qu’il diffuse. C’est une discrimination fondée sur des opinions politiques. Cela pose un problème d’inégalité à l’accès à l’information », constate Arash Derambarsh. Contacté, Richard Ferrand n’a pas donné suite.
http://www.leparisien.fr/faits-divers/un-journaliste-porte-plainte-contre-richard-ferrand-pour-l-avoir-bloque-sur-twitter-05-01-2019-7981515.php
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MessageSujet: Re: Gouverner à l’heure des réseaux sociaux   Gouverner à l’heure des réseaux sociaux EmptyLun 28 Jan 2019, 10:19

Le chaos de l’information, une menace pour la démocratie
Antoine de Tarlé, 23 janvier 2019
Après plus de deux mois de crise des Gilets jaunes, on commence à dresser le bilan des dégâts causés par ce mouvement social. Une des principales victimes de ces manifestations est l’information. De ce fait, un des piliers de la démocratie représentative se trouve durablement ébranlé. Une situation qui n’est malheureusement pas propre à la France.

La désintégration des circuits d’information
Les nombreux auteurs qui se penchent aujourd’hui sur l’état de nos démocraties soulignent l’ampleur de la désintégration des circuits de circulation des nouvelles et la répercussion de ce phénomène sur le fonctionnement des institutions et la montée des populismes. Jusqu’au début du XXIe siècle, presse écrite, radio et télévision étaient les seuls moyens d’information des citoyens. Ces médias présentaient la double caractéristique d’être soumis à des règles juridiques précises, définies par la loi et la jurisprudence, et d’être peu interactifs car le droit de réponse et le courrier des lecteurs manquaient de souplesse et de rapidité. Leur contenu était transmis avec parfois une certaine arrogance à un public passif qui n’avait d’autre choix que de changer de journal pour lire un titre plus proche de ses opinions.

La généralisation de l’usage d’Internet a radicalement modifié les modes d’accès à l’information. Les lecteurs ont tendance à se référer de plus en plus à des communautés informelles d’amis qui partagent leur vision et leurs réactions et les alimentent en nouvelles puisées un peu partout. Ces nouvelles ne sont d’ailleurs pas forcément vérifiées et dans certains circuits elles font la part belle à des rumeurs d’autant mieux accueillies qu’elles correspondent aux convictions de la communauté informelle. Celle-ci s’isole de plus en plus en se fermant aux informations qui iraient à l’encontre de ses convictions. Le scandale de Cambridge Analytica qui a permis l’exploitation à des fins politiques par des opérateurs sans scrupules de 87 millions de fichiers d’usagers de Facebook a servi de révélateur puisqu’on a découvert à cette occasion les méthodes de manipulation du public, méthodes qui nourrissent impunément les croyances ou les fantasmes.

Au surplus, la capacité de réaction des individus a changé de nature car désormais, il suffit d’un clic pour adresser un message d’approbation ou, plus fréquemment, de critique, avec l’espoir que ce message deviendra viral et sera repris par des milliers d’internautes transformant chacun en vedette potentielle.
Les chiffres confirment cet état des choses. En novembre 2018, mois de démarrage des manifestations, l’audience des sites et réseaux d’information a progressé de 13% par rapport à novembre 2017. On estime que 16,7 millions d’internautes ont consulté ces sites chaque jour.

Cette évolution qui s’est accélérée à mesure que le mouvement gagnait en visibilité médiatique a eu plusieurs importantes conséquences. Tout d’abord, elle a accentué la dépendance des médias et notamment des chaînes d’information par rapport aux réseaux sociaux. Trop souvent, les rédactions de ces chaînes ont agi dans la précipitation ces deux pour exploiter les messages de Facebook et éviter de paraître dépassés. Ce suivisme tout à fait regrettable empêche désormais les médias audiovisuels de prendre du recul et de se donner le temps de vérifier l’information. Cela ne leur a pas permis pour autant de sauvegarder leur image face à la population des Gilets jaunes.  Ceux-ci n’ont cessé de les vilipender, allant jusqu’à bloquer la sortie d’Ouest France et à manifester devant BFM TV et France Télévision qui leur avaient pourtant longuement donné la parole.

Par ailleurs, le rôle de Facebook et de YouTube (filiale de Google) a accentué une tendance manifeste depuis plusieurs années à la mise en cause des mécanismes traditionnels de la démocratie représentative. Cette mise en cause est la conséquence d’autres phénomènes et notamment de la perte de crédibilité des partis traditionnels qui ne parviennent plus à se faire écouter. Les réseaux sociaux servent désormais de relais et de porte-voix à des millions de citoyens qui s’expriment et se regroupent par leur intermédiaire et constituent des forces politiques de fait alors qu’elles ne sont ni encadrées ni dirigées. Il en résulte une démarche souvent irrationnelle, peu construite, nourrie de passions éphémères, débouchant rapidement sur des attaques et des injures qui ne seraient pas tolérées dans la presse. Les fluctuations des revendications des Gilets jaunes et la violence de certaines de leurs déclarations ont parfaitement reflété cette situation nouvelle à laquelle les dirigeants politiques et les journalistes peinent à s’adapter.

Un défi pour les médias et les politiques
Cette dégradation de la communication entre les individus constitue donc un redoutable défi. Comment est-il possible d’y remédier ?

Les médias traditionnels doivent d’abord réfléchir sérieusement à leurs modes de fonctionnement qui ne sont plus adaptés à la situation actuelle. Cet examen de conscience que la plupart des médias américains ont entrepris après l’élection de Donald Trump s’impose en France à la suite de la crise des Gilets jaunes. Cela implique une attention accrue à la vie et aux opinions des populations qui vivent bien loin des centres de pouvoir parisiens. Cela signifie aussi une plus grande rigueur dans la collecte et la vérification des informations et une chasse impitoyable aux fausses nouvelles à l’instar de l’action très efficace que mène l’AFP par l’intermédiaire de son site AFP factuel. Enfin la presse écrite doit mieux prendre en compte les réactions du public qui a pris l’habitude de dialoguer instantanément par Internet. C’est une démarche nécessaire mais malaisée à mettre en œuvre puisqu’il faut recueillir rapidement les points de vue des uns et des autres sans encourager la diffusion de propos haineux ou irresponsables.

Ces efforts ne peuvent porter leurs fruits que si les pouvoirs publics imposent des règles nouvelles pour obliger les réseaux sociaux à assumer leurs responsabilités d’éditeurs comme on l’a indiqué dans un précédent article de Telos. Il est en effet impossible de faire cohabiter des systèmes d’information réglementés avec d’autres canaux extrêmement populaires mais fonctionnant dans un vide juridique presque total.

Il appartient enfin aux mouvements politiques de revoir leurs modes de communication qui ne sont plus adaptés à l’ère de l’Internet universel. Alors qu’ils sont en crise, les partis doivent faire face à une menace majeure, l’émergence d’une forme de démocratie directe qui court-circuite les appareils et s’exprime à travers les plateformes et messageries. Des dirigeants démagogues et populistes comme Salvini ou Trump l’ont bien compris et s’émancipent des intermédiaires institutionnels qui étaient aussi des garde-fous en passant par Twitter ou Facebook. Ils ne négligent pas une intervention télévisée ou même un entretien dans un « vieux » journal mais ils préfèrent le contact direct avec leurs électeurs qui s’informent presque exclusivement auprès d’eux et les suivent fidèlement.

De vastes chantiers sont donc ouverts. Il faut espérer que l’année 2019 permettra d’avancer vers une démocratie rénovée s’appuyant sur des modes d’information responsables.
https://www.telos-eu.com/fr/le-chaos-de-linformation-une-menace-pour-la-democr
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MessageSujet: Re: Gouverner à l’heure des réseaux sociaux   Gouverner à l’heure des réseaux sociaux EmptyLun 28 Jan 2019, 11:14

Vite une bonne censure étatique !

On appelle ça loi anti fake, c'est plus soft.

Entre les moyens officiels qui sont entre les mains des puissances financières amies et la distribution sélective des subventions... en arriver à ne pas être satisfait de la qualité de l'information il ne reste plus grand chose à faire pour verrouiller l'affaire.

Comme en Chine il va falloir filtrer internet.
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MessageSujet: Re: Gouverner à l’heure des réseaux sociaux   Gouverner à l’heure des réseaux sociaux EmptyLun 28 Jan 2019, 12:16

Citation :
Il est en effet impossible de faire cohabiter des systèmes d’information réglementés avec d’autres canaux extrêmement populaires mais fonctionnant dans un vide juridique presque total.

Il y a une loi (1881) "sur la liberté de la Presse" (écrite). Les plaintes sont jugées par les tribunaux, en matière de plainte pour diffamation par exemple.
Avec Facebook, ou autre réseau internet dont le serveur se trouve loin de France, c'est no limit. Et à l'usage, sur divers sujets cela sert plus souvent la propagande que la liberté d'informer.
Si vous en êtes satisfait, tant mieux pour vous. Mais on est en droit d'espérer qu'il soit possible de faire mieux, avec des propositions à débattre.
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MessageSujet: Re: Gouverner à l’heure des réseaux sociaux   Gouverner à l’heure des réseaux sociaux EmptyLun 28 Jan 2019, 12:30

Salamandre a écrit:


Il y a une loi (1881) "sur la liberté de la Presse" (écrite). Les plaintes sont jugées par les tribunaux, en matière de plainte pour diffamation par exemple.
Avec Facebook, ou autre réseau internet dont le serveur se trouve loin de France, c'est no limit. Et à l'usage, sur divers sujets cela sert plus souvent la propagande que la liberté d'informer.
Si vous en êtes satisfait, tant mieux pour vous. Mais on est en droit d'espérer qu'il soit possible de faire mieux, avec des propositions à débattre.

Alors c'est simple il suffit d'appliquer la loi... pas besoin d'en faire de nouvelles et de gesticuler.

En revanche lorsque l'on veut faire appliquer la loi française à l'étranger... là il y a des difficultés.
Il est vrai que nous n'arrivons déja pas à faire appliquer nos lois chez nous...

Tout sera parfait lorsque nos magistrats seront les références universelles et le freluquet grand boss international...
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MessageSujet: Re: Gouverner à l’heure des réseaux sociaux   Gouverner à l’heure des réseaux sociaux EmptyLun 28 Jan 2019, 14:34

Salamandre a écrit:
Il y a une loi (1881) "sur la liberté de la Presse" (écrite). Les plaintes sont jugées par les tribunaux, en matière de plainte pour diffamation par exemple.
Avec Facebook, ou autre réseau internet dont le serveur se trouve loin de France, c'est no limit.

Il faut faire le distinguo entre diffamation et diffusion de fausses informations...

Dans le cas de diffamation sur Facebook, celui qui s'estime diffamé peut tout à fait porter l'affaire devant les tribunaux, en l’occurrence la 17ème chambre du TGI pour Paris...

Les contribuables fontenaysiens ont ainsi financé la "protection fonctionnelle" d'un adjoint au maire qui accusait un opposant politique de diffamation, adjoint au maire qui a été débouté par la justice...

Voir: http://www.plateaufontenay.net/t2272-david-dornbush-relaxe
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MessageSujet: Re: Gouverner à l’heure des réseaux sociaux   Gouverner à l’heure des réseaux sociaux EmptyLun 28 Jan 2019, 16:01

David Dornbusch signe de son nom (Facebook, Forum, 94.Citoyens, ...) ce qui facilite la remontée à l'auteur des écrits, y compris sans diffamation.
Un autre cas célèbre : mairie de Puteaux contre l'auteur de blog (et opposant) C. Grébert qui ne compte plus les procédures contre lui. Par exemple,
https://www.lemonde.fr/technologies/article/2007/04/26/la-maire-et-l-ancien-maire-de-puteaux-condamnes-pour-diffamation_902458_651865.html

Mais qu'en est-il pour un pseudonyme basé sur une adresse mail obscure ?
Dans un autre cas célèbre (diffamation contre V. Pécresse) l’enquête a réussi à remonter à l'immeuble d'où étaient envoyés les messages, voire à l'ordinateur, mais qui était au clavier ?

Car la justice a besoin d'identification claire de l'auteur. Comme pour les violences au cours de manifestations, d'où parfois un faible nombre de condamnations même pour un vaste nombre de prévenus.
Et pour en revenir aux réseaux sociaux, il me semble que la responsabilité de l'hébergeur n'est pas si évidente, en l'état actuel des lois, et plutôt variable selon le cas (site de journal, webmestre de Forum, ou Facebook par exemple).
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MessageSujet: Re: Gouverner à l’heure des réseaux sociaux   Gouverner à l’heure des réseaux sociaux EmptyLun 28 Jan 2019, 16:35

tonton christobal a écrit:


Alors c'est simple il suffit d'appliquer la loi... pas besoin d'en faire de nouvelles et de gesticuler.

En revanche lorsque l'on veut faire appliquer la loi française à l'étranger... là il y a des difficultés.
Il est vrai que nous n'arrivons déja pas à faire appliquer nos lois chez nous...


Parfait cheers
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MessageSujet: Re: Gouverner à l’heure des réseaux sociaux   Gouverner à l’heure des réseaux sociaux EmptyLun 28 Jan 2019, 16:40

Salamandre a écrit:
Le chaos de l’information, une menace pour la démocratie
Antoine de Tarlé, 23 janvier 2019
Après plus de deux mois de crise des Gilets jaunes, on commence à dresser le bilan des dégâts causés par ce mouvement social. Une des principales victimes de ces manifestations est l’information. De ce fait, un des piliers de la démocratie représentative se trouve durablement ébranlé. Une situation qui n’est malheureusement pas propre à la France.

La désintégration des circuits d’information
Les nombreux auteurs qui se penchent aujourd’hui sur l’état de nos démocraties soulignent l’ampleur de la désintégration des circuits de circulation des nouvelles et la répercussion de ce phénomène sur le fonctionnement des institutions et la montée des populismes. Jusqu’au début du XXIe siècle, presse écrite, radio et télévision étaient les seuls moyens d’information des citoyens. Ces médias présentaient la double caractéristique d’être soumis à des règles juridiques précises, définies par la loi et la jurisprudence, et d’être peu interactifs car le droit de réponse et le courrier des lecteurs manquaient de souplesse et de rapidité. Leur contenu était transmis avec parfois une certaine arrogance à un public passif qui n’avait d’autre choix que de changer de journal pour lire un titre plus proche de ses opinions.

La généralisation de l’usage d’Internet a radicalement modifié les modes d’accès à l’information. Les lecteurs ont tendance à se référer de plus en plus à des communautés informelles d’amis qui partagent leur vision et leurs réactions et les alimentent en nouvelles puisées un peu partout. Ces nouvelles ne sont d’ailleurs pas forcément vérifiées et dans certains circuits elles font la part belle à des rumeurs d’autant mieux accueillies qu’elles correspondent aux convictions de la communauté informelle. Celle-ci s’isole de plus en plus en se fermant aux informations qui iraient à l’encontre de ses convictions. Le scandale de Cambridge Analytica qui a permis l’exploitation à des fins politiques par des opérateurs sans scrupules de 87 millions de fichiers d’usagers de Facebook a servi de révélateur puisqu’on a découvert à cette occasion les méthodes de manipulation du public, méthodes qui nourrissent impunément les croyances ou les fantasmes.

Au surplus, la capacité de réaction des individus a changé de nature car désormais, il suffit d’un clic pour adresser un message d’approbation ou, plus fréquemment, de critique, avec l’espoir que ce message deviendra viral et sera repris par des milliers d’internautes transformant chacun en vedette potentielle.
Les chiffres confirment cet état des choses. En novembre 2018, mois de démarrage des manifestations, l’audience des sites et réseaux d’information a progressé de 13% par rapport à novembre 2017. On estime que 16,7 millions d’internautes ont consulté ces sites chaque jour.

Cette évolution qui s’est accélérée à mesure que le mouvement gagnait en visibilité médiatique a eu plusieurs importantes conséquences. Tout d’abord, elle a accentué la dépendance des médias et notamment des chaînes d’information par rapport aux réseaux sociaux. Trop souvent, les rédactions de ces chaînes ont agi dans la précipitation ces deux pour exploiter les messages de Facebook et éviter de paraître dépassés. Ce suivisme tout à fait regrettable empêche désormais les médias audiovisuels de prendre du recul et de se donner le temps de vérifier l’information. Cela ne leur a pas permis pour autant de sauvegarder leur image face à la population des Gilets jaunes.  Ceux-ci n’ont cessé de les vilipender, allant jusqu’à bloquer la sortie d’Ouest France et à manifester devant BFM TV et France Télévision qui leur avaient pourtant longuement donné la parole.

Par ailleurs, le rôle de Facebook et de YouTube (filiale de Google) a accentué une tendance manifeste depuis plusieurs années à la mise en cause des mécanismes traditionnels de la démocratie représentative. Cette mise en cause est la conséquence d’autres phénomènes et notamment de la perte de crédibilité des partis traditionnels qui ne parviennent plus à se faire écouter. Les réseaux sociaux servent désormais de relais et de porte-voix à des millions de citoyens qui s’expriment et se regroupent par leur intermédiaire et constituent des forces politiques de fait alors qu’elles ne sont ni encadrées ni dirigées. Il en résulte une démarche souvent irrationnelle, peu construite, nourrie de passions éphémères, débouchant rapidement sur des attaques et des injures qui ne seraient pas tolérées dans la presse. Les fluctuations des revendications des Gilets jaunes et la violence de certaines de leurs déclarations ont parfaitement reflété cette situation nouvelle à laquelle les dirigeants politiques et les journalistes peinent à s’adapter.

Un défi pour les médias et les politiques
Cette dégradation de la communication entre les individus constitue donc un redoutable défi. Comment est-il possible d’y remédier ?

Les médias traditionnels doivent d’abord réfléchir sérieusement à leurs modes de fonctionnement qui ne sont plus adaptés à la situation actuelle. Cet examen de conscience que la plupart des médias américains ont entrepris après l’élection de Donald Trump s’impose en France à la suite de la crise des Gilets jaunes. Cela implique une attention accrue à la vie et aux opinions des populations qui vivent bien loin des centres de pouvoir parisiens. Cela signifie aussi une plus grande rigueur dans la collecte et la vérification des informations et une chasse impitoyable aux fausses nouvelles à l’instar de l’action très efficace que mène l’AFP par l’intermédiaire de son site AFP factuel. Enfin la presse écrite doit mieux prendre en compte les réactions du public qui a pris l’habitude de dialoguer instantanément par Internet. C’est une démarche nécessaire mais malaisée à mettre en œuvre puisqu’il faut recueillir rapidement les points de vue des uns et des autres sans encourager la diffusion de propos haineux ou irresponsables.

Ces efforts ne peuvent porter leurs fruits que si les pouvoirs publics imposent des règles nouvelles pour obliger les réseaux sociaux à assumer leurs responsabilités d’éditeurs comme on l’a indiqué dans un précédent article de Telos. Il est en effet impossible de faire cohabiter des systèmes d’information réglementés avec d’autres canaux extrêmement populaires mais fonctionnant dans un vide juridique presque total.

Il appartient enfin aux mouvements politiques de revoir leurs modes de communication qui ne sont plus adaptés à l’ère de l’Internet universel. Alors qu’ils sont en crise, les partis doivent faire face à une menace majeure, l’émergence d’une forme de démocratie directe qui court-circuite les appareils et s’exprime à travers les plateformes et messageries. Des dirigeants démagogues et populistes comme Salvini ou Trump l’ont bien compris et s’émancipent des intermédiaires institutionnels qui étaient aussi des garde-fous en passant par Twitter ou Facebook. Ils ne négligent pas une intervention télévisée ou même un entretien dans un « vieux » journal mais ils préfèrent le contact direct avec leurs électeurs qui s’informent presque exclusivement auprès d’eux et les suivent fidèlement.

De vastes chantiers sont donc ouverts. Il faut espérer que l’année 2019 permettra d’avancer vers une démocratie rénovée s’appuyant sur des modes d’information responsables.
https://www.telos-eu.com/fr/le-chaos-de-linformation-une-menace-pour-la-democr

Mais les réseaux sociaux c'est le "progrès", ils vont dans " le sens de l'histoire" ! bounce
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MessageSujet: Re: Gouverner à l’heure des réseaux sociaux   Gouverner à l’heure des réseaux sociaux EmptyLun 28 Jan 2019, 19:16

Salamandre a écrit:
Mais qu'en est-il pour un pseudonyme basé sur une adresse mail obscure ?

Sauf à utiliser un VPN - Virtual Private Network, un proxy ou Tor, le serveur connait toujours l'adresse IP du client et il est donc possible de localiser celui-ci.... Après la question se pose quand cette adresse est partagée entre plusieurs utilisateurs...

Salamandre a écrit:
Et pour en revenir aux réseaux sociaux, il me semble que la responsabilité de l'hébergeur n'est pas si évidente, en l'état actuel des lois, et plutôt variable selon le cas (site de journal, webmestre de Forum, ou Facebook par exemple).

Effectivement il y a une différence entre un contenu éditorial qui s'apparente à la presse et les contenus utilisateurs "web 2.0"... Pour ces derniers le responsable du site doit tout mettre en oeuvre pour supprimer les contenus litigieux dès qu'il en a connaissance...

Après pour ce qui est des "fake news" leur diffusion se fait souvent par échange direct entre internautes d'où la décision récente de WhatsApp, qui appartient à Facebook, de limiter le nombre d'utilisateurs qui peut être mis en copie d'un message...


Citation :
Sur WhatsApp, vous ne pourrez plus partager autant que vous voudrez
WhatsApp limite le partage de messages pour lutter contre "l'infox".

AFP

TECHNO - L'application de messagerie instantanée de l'entreprise WhatsApp, filiale de Facebook, a annoncé ce 21 janvier sa décision de limiter le partage de messages dans le cadre de la lutte contre les "fake news".

En juillet, WhatsApp a mis en place des garde-fous en Inde, notamment la limitation du nombre d'utilisateurs auxquels un message peut être transmis. La société a également publié des publicités dans les journaux pour sensibiliser le public au sujet des fausses informations.

La décision a été prise après des sévères critiques du gouvernement indien intervenues après que des foules en colère eurent tué au moins 25 personnes en un an à cause de rumeurs circulant sur WhatsApp, dans un pays qui compte 200 millions d'utilisateurs actifs mensuels.

WhatsApp a indiqué avoir décidé d'élargir cette mesure à l'ensemble de ses utilisateurs après avoir sondé durant six mois l'opinion des utilisateurs.

"À partir d'aujourd'hui, tous les utilisateurs de la dernière version de WhatsApp peuvent partager un message seulement à cinq personnes ou groupes de personnes à la fois", a expliqué la société dans un communiqué. Auparavant un utilisateur pouvait partager un message jusqu'à vingt fois.

"Nous allons continuer à écouter l'opinion des utilisateurs et avec le temps nous allons chercher de nouvelles méthodes pour répondre aux contenus viraux", explique le communiqué.

La détection des infox sur cette plateforme est particulièrement ardue: les conversations, personnelles ou en groupe, y sont cryptées et privées, et mettent parfois beaucoup de temps à parvenir aux autorités.

Fondé en 2009 et acquis par Facebook en 2014, WhatsApp indiquait début 2018 avoir plus de 1,5 milliard d'utilisateurs qui échangeaient 65 milliards de messages par jour.
https://www.huffingtonpost.fr/2019/01/22/sur-whatsapp-vous-ne-pourrez-plus-partager-autant-que-vous-voudrez_a_23649070/
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MessageSujet: Re: Gouverner à l’heure des réseaux sociaux   Gouverner à l’heure des réseaux sociaux EmptyMer 06 Fév 2019, 10:57

Salamandre a écrit:
---/---
Car la justice a besoin d'identification claire de l'auteur. Comme pour les violences au cours de manifestations, d'où parfois un faible nombre de condamnations même pour un vaste nombre de prévenus.
Et pour en revenir aux réseaux sociaux, il me semble que la responsabilité de l'hébergeur n'est pas si évidente, en l'état actuel des lois, et plutôt variable selon le cas (site de journal, webmestre de Forum, ou Facebook par exemple).


A propos d'un autre forum....

Citation :
Le site Jeuxvideo.com va se plier au "code de conduite" de l'UE contre les discours haineux sur internet
franceinfo avec AFP

publié le 04/02/2019 | 15:09

Le site français Jeuxvideo.com, souvent critiqué pour les discours haineux diffusés sur ses forums, a rejoint le "code" de conduite de l'UE contre ce fléau, a annoncé lundi 4 février la Commission européenne. Près de trois quarts des contenus considérés comme des "discours de haine illégaux", notamment racistes ou xénophobes, sont supprimés après leur signalement, contre moins d'un tiers au moment du lancement de ce "code" en 2016, a expliqué l'exécutif européen devant la presse.

Jeuxvideo.com est régulièrement critiqué pour les campagnes de cyberharcèlement menées par certains de ses membres anonymes, notamment depuis son forum Blabla 18-25. Trois internautes ont ainsi été condamnés en 2018 après y avoir menacé de mort la journaliste Nadia Daam.

"Des progrès constants ont été enregistrés" depuis le lancement du code de conduite en 2016, a estimé la Commission. Quand des utilisateurs notifient de tels contenus, les plateformes les évaluent dans les 24 heures dans 89% des cas (contre 40% en 2016). Et 72% de ces contenus sont ensuite supprimés (contre 28% en 2016), selon ce bilan chiffré. Le respect du code de conduite contre la haine en ligne est une démarche volontaire, mais une législation contraignante serait envisagée si les plateformes relâchaient leurs efforts, comme cela a été fait avec les contenus à caractère terroriste.
https://www.francetvinfo.fr/internet/reseaux-sociaux/twitter/le-site-jeuxvideo-com-va-se-plier-au-code-de-conduite-de-l-ue-contre-les-discours-haineux-sur-internet_3174837.html
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