Ces "étrangers" qui ont fait la France

Le physicien et prix nobel Georges Charpak vient de disparaître.

Il est l'exemple même de ces étrangers qui ont fait la France. Lui qui était né en Pologne est devenu l'un des scientifiques les plus reconnus de notre pays...

J'ai ouie dire que ces derniers temps il n'appréciait guère la politique actuelle concernant les étrangers. Et il savait de quoi il parlait.

Comparer Georges CHARPAK à un truand étranger susceptible de mériter d'être sanctionné et expulsé de France... là je suis une fois de plus surpris.

Bravo pour la démonstration c'est très fort.

Je ne compare pas...

Je rappelle juste que Georges Charpak, qui avait de la prison comme résistant (pardon à l'époque on disait pour "activité antinationale") était contre et franchement contre la politique actuelle du gouvernement envers les étrangers (déclaration de Grenoble) et les Roms. Il en était choqué et s'y opposait complètement.

Pourquoi Loïc se servir du décès d'un homme qui se disait laïc et républicain pour à chaque fois critiquer la politique du gouvernement ( certe elle est très très loin d'être parfaite et je m'en sens terriblement éloigné ), mais respectez un petit peu la mémoire d'un homme qui a fait beaucoup pour la France. J'aurai préféré de votre part un peu plus d'histoire sur cet homme plutôt que de se servir de sa mémoire à des fins purement politique, une fois de plus vous montrez votre archaïsme de pensée politique et de vous servir de tout pour essayer de faire valoir vos idées d'une autre époque.

Un peu de pudeur !
Dois je rappeler que les Allemands s'entraînaient en Union Soviétique avant la guerre : échange de service contre technologie.
Que lorsque la France était occupée avant que le caporal autrichien lance l'opération barbarossa il a été demandé au lieutenant Weber en charge du contrôle de la presse en France l'autorisation de faire reparaître l'Humanité... je dois avoir le nom des intervenants dans cette affaire mais comme ils ont des descendants je ne crois pas utile de le mentionner
Que le PC français a été très divisé sur l'attitude à avoir avant que l'URSS soit envahie par les nazis
Qu'en vertu du pacte germano-soviétique Allemands et Russes se sont bien entendus pour se partager la Pologne et les pays Baltes
et in fine que le secrétaire général du parti s'est évaporé du front où il était mobilisé pour quitter la France avec sa famille...

à force de vouloir touiller la m...e, de globaliser les réalités et de tenter de culpabiliser ses contradicteurs il y a de vilains souvenirs qui remontent à la surface...

vieux-breton a écrit:

Pourquoi Loïc se servir du décès d'un homme qui se disait laïc et républicain pour à chaque fois critiquer la politique du gouvernement (certe elle est très très loin d'être parfaite et je m'en sens terriblement éloigné), mais respectez un petit peu la mémoire d'un homme qui a fait beaucoup pour la France.

Justement, Georges Charpak avait accepté de participer en décembre prochain à un colloque organisé par le Musée de la Résistance Nationale au sujet des étrangers dans la Résistance et sur la répression qu'ils avaient subis. J'étais en contact réguliers avec lui par mail et par téléphone. Lors d'un de nos échanges, il y a un mois environ, il me disait justement que "par les temps qui courent où les étrangers et les enfants d'immigrés sont une fois de plus montrés du doigt par le pouvoir" (dixit), il se devait de réagir du fait de son histoire personnelle.

vieux-breton a écrit:

J'aurai préféré de votre part un peu plus d'histoire sur cet homme plutôt que de se servir de sa mémoire à des fins purement politique, une fois de plus vous montrez votre archaïsme de pensée politique et de vous servir de tout pour essayer de faire valoir vos idées d'une autre époque.

Justement un peu d'histoire parlons-en. Je crois pouvoir en parler un petit peu. Passionné de physique, il s'était engagé dans la jeunesse communiste et les Francs Tireurs et Partisans dans la région de Montpellier. Il fut arrêté et incarcé à la maison d'arrêt de Montpelliers fin 1943. Il partage alors une cellule avec 4 autres résistants âgés de 18 à 29 ans (il a alors 19 ans) incarcérés pour divers motifs : possession et détention d'armes et de matières explosives, attentats, menées antinationales, diffusion de propagande la IIIe internationale, homicides... Ils ont tous été condamnés à des peines importantes par les "juridictions spéciales antiterroristes" de Vichy dont la Cour d'assises spéciale.

Ils continuent cependant la lutte en prison par des manifestations et de la propagande. Ils confectionnent à la main des journaux et des papillons qui appellent à la révolte et lancent par les fenêtres des appels à la Résistance destinés aux jeunes gens qui fréquentent les jardins du Peyrou qui donnent à Montpellier juste en dessous de la maison d'arrêt. Ils faisiant même une émission de radio quotidienne "radio liberté" destinée au public du jardin. Georges Charpak qui était le plus grand portait sur ses épaules un autre détenu prénommé Jacques, qui mettant ses mains en porte voix apostrophait les foules.

C'était des détenus déterminés à ne pas subir et à continuer la lutte politique. Lorsque les GMR (Groupes Mobiles de Réserve), forces de maintien de l'ordre de Vichy virent de nuit chercher pour transférer les détenus Charpak et Kahn au mois de novembre, ils ne purent arriver à leur fins. Les détenus méfiants s'étaient barricadés et ne laissèrent pas partir leurs camarades. Fin décembre, suite à une nouvelle manifestation de résistance au cours de laquelle ils avaient catapulté à l'extérieur des dizaines d'appel à l'insurrection, la répression fut très dure. Cinq membres de la police spéciale de Vichy (surnommée la brigade sanglante) entrèrent dans la cellule. L'intendant de police Marty fit feu à et blessa un des détenus (en l'occurence mon propre père).

Ces résistants furent ensuite transférés dans diverses prisons dont celle de Nîmes et celle de Villeneuve-sur-Lot (la centrale d'Eysses). Ils partiipèrent à la révolte et tentative d'évasion collective menée par les 1200 détenus politique le 19 février 1944. Les blessés de cette révolte, dont l'un des prisonniers de Montpellier, Emile-Félicien Sarvisse furent exécutés. Les autres (dont Kahn, Charpak et mon père) furent déportés fin juin et début juillet à Dachau.

Ceux qui en sont revenus ont gardé des liens très forts. Ainsi, c'est Georges Charpak qui a trouvé une place à mon père dans un laboratoire de recherche en physique nucléaire. J'ai eu l'occasion de le rencontrer souvent puisqu'il était participait entre autre à la vie de l'Amicale des anciens d'Eysses de Dachau.
(plus d'infos : http://www.eysses.fr/ ).

Alors oui, Georges Charpak savait de quoi il parlait lorsqu'il critiquait, il y a peu encore, la politique gouvernementale concernant les immigrés et les déclarations du président. Et je sais de quoi je parle quand je cite, avec le plus grand respect, ses propos.

Quand à mes "idées d'une autre époque", je ne savais pas que les droits de l'homme (et le respect du droit des étrangers) étaient des notions qui avaient fait leur temps...

Personne ne met en cause la qualité de l'homme que fut Georges Charpak, au contraire. Il fait partie de ces figures auxquelles nous devons beaucoup, notamment pour la qualité de ses découvertes et l'impact de ses travaux sur la communauté scientifique. Je comprends et respecte les propos émus et intimes qui sont ici tenus par Loïc.
Il me semble cependant que le débat a dévié (mais on a l'habitude), il se situait, aux derniers échanges sur un plan historique relatant les rapports de l'Allemagne nazie et du parti communiste français. Mais cela va sans doute encore changer...

Justement Gérard, le premier message parlait de Georges Charpak et des idéaux qui l'animaient et faisaient le lien, chez lui aussi entre 1943 et nos jours...

Je me contentait ensuite de répondre à vieux-breton et de lui expliquer la cohérence de mes propos. En effet, lorsque je parle d'histoire, c'est mon métier, je suis très attentif à ne citer que des faits étayés. Ici en l'occurence sur l'histoire de Georges Charpak (que j'ai eu la chance de connaître et de fréquenter) et de ses compagnons de cellule et leurs idées (pour ceux qui ont survécu) sur le discours de Grenoble du président.

Le reste, les propos de tonton christobal, je les laisse de côté, ils ne me concernent pas et je les trouve ici hors sujet.