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Forum d'échanges et de débats concernant les quartiers de Fontenay-sous-Bois (94120), la ville dans son ensemble, son environnement et sa gestion, ou des sujets d'intérêt général. |
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| Madeleine Martin et ses zouaves, d'un mot et d'une rose. | |
| | Auteur | Message |
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Libellule
Messages : 15053 Date d'inscription : 23/01/2012
| Sujet: Madeleine Martin et ses zouaves, d'un mot et d'une rose. Mer 13 Nov 2013, 10:11 | |
| Madeleine Martin est née en 1873 à Batna, capitale de l’Aurès en Algérie. C’est là que Louis Bousquet, originaire de Parignargues, village du Gard l'a connue en appréciant ses charmes, alors qu’engagé au 3e régiment des Zouaves de Constantine, il fut muté un temps, au 6ème bataillon à Batna à sa création en novembre 1913, voici tout juste un siècle. Chaque soir, avec ses camarades, il allait au café. Un de ses amis de passage, Charles-Joseph Pasquier, né le 9 novembre 1882 à Fontanil-Cornillon dans l'Isère connaissait sa plume et lui demanda de lui écrire quelque chose alors qu’il se préparait à rentrer en métropole. La servante était jolie, avenante, cordiale à souhait. Elle riait avec tous. Sa bonne humeur réconfortait tous les exilés de métropole. Cette jolie servante pied-noir était la fille des propriétaires du café. Cet établissement était situé au « Camp », construit à l’intérieur des remparts qui délimitaient le camp militaire à l’origine de la ville. Au lieudit le Tourlourou. Il n’en faut pas plus pour que Louis, tombé sous son charme prenne sa plume et lui dédise quelques paroles. Un air de Camille Robert circulant, il n’y avait plus qu’à en faire un chant militaire gai et à boire. Charles Joseph revient en France, et se voit mobilisé au 140ème Régiment d’Infanterie, près de Grenoble où il est chargé de trouver un moyen de divertir les soldats. En effet, sur la recommandation du Général Galliéni, ce dernier se voit chargé d’une mission : distraire les combattants. C'est ainsi qu'il se met à parcourir les villages où les troupes de l’armée des Vosges et d’Alsace viennent se détendre. Il chante où il peut, dans les granges, parfois en plein air. Un soir, dans les Vosges, près de Raon-L’Etape, il se rend spécialement au « tourlourou » local, histoire d'avoir un peu de monde. Puis sous son nom d’auteur, Bach il décide de créer un personnage du nom du café de Batna : le Tourlourou, et obtient les fonds pour monter un spectacle à l'Eldorado au début de 1914, ce lieu devant faire office de nouveau Théâtre des Armées sur Paris. Le succès est mitigé. - Mais Polin, le premier comique troupier de l'époque, l'essaie à son tour, au Palais de Cristal de Marseille. - Même réception. On la remet dans les tiroirs. Sauf qu’à Fontenay en août 1914, Sioul, un autre chansonnier qui était présent à la création de La Madelon à l’Eldorado, mobilisé comme artilleur et cantonné à l’école Jules-Ferry de Fontenay-sous-Bois, chante cette chanson à ses camarades. Et que celle-ci pour la première fois obtient un véritable succès. Les canonniers se mettant à la rediffuser. Car la servante qui y servait à boire, là aussi était belle…. Et chacun décide que cela doit se savoir. Du coup, Bach ayant obtenu, en 1916, un engagement et l'autorisation d'aller chanter sur le front, remet à son répertoire la chanson dédié à la belle Madeleine Martin, mais en se référant désormais à la belle serveuse fontenaysienne. Reste que c’est le chanteur Marcelly qui fut le premier à enregistrer cette chanson en 1917. Le reste de l’histoire vous la connaissez : En 1921 Fontenay sous Bois transformait l’élection de sa rosière de l’époque, la beauté de « sa Madelon » ayant utilement fait concurrence à la Mimi Pinson de Goublier. Cette même année, une plaque est apposée sur la façade de l’école de Fontenay-sous-Bois, indiquant : « La Madelon est partie d’ici en août 1914 pour faire le tour du monde ». Avant, cette transformation on notera que depuis 1842 il était de tradition à Fontenay, que chaque année soit honorée une "jeune fille vertueuse" qui représentait la commune et déposait une rose sur la tombe d'un bienfaiteur de la commune. De son côté, en 1922 Louis Bousquet devient maire de Beauchamp (ville où se trouve la statut photographiée plus haut), plus tard il écrira ses mémoires dont je me suis inspiré pour vous écrire cette page. Restent les paroles de la chanson … que l’on peut relire en pensant à Madeleine Martin, serveuse au café le Tourlourou à Batna, tout autant qu'à notre Madelon locale. Pour le repos, le plaisir du militaire, Il est là-bas à deux pas de la forêt, Une maison aux murs tout couverts de lierre, « Aux Tourlourous » c'est le nom du cabaret. La servante est jeune et gentille, Légère comme un papillon. Comme son vin son œil pétille, Nous l'appelons la Madelon Nous en rêvons la nuit, nous y pensons le jour, Ce n'est que Madelon mais pour nous c'est l'amour Quand Madelon vient nous servir à boire Sous la tonnelle on frôle son jupon Et chacun lui raconte une histoire Une histoire à sa façon La Madelon pour nous n'est pas sévère Quand on lui prend la taille ou le menton Elle rit, c'est tout le mal qu'elle sait faire Madelon, Madelon, Madelon ! Nous avons tous au pays une payse Qui nous attend et que l'on épousera Mais elle est loin, bien trop loin pour qu'on lui dise Ce qu'on fera quand la classe rentrera En comptant les jours on soupire Et quand le temps nous semble long Tout ce qu'on ne peut pas lui dire On va le dire à Madelon On l'embrasse dans les coins. Elle dit « veux-tu finir… » On s'figure que c'est l'autre, ça nous fait bien plaisir. Un caporal en képi de fantaisie S'en fut trouver Madelon un beau matin Et, fou d'amour, lui dit qu'elle était jolie Et qu'il venait pour lui demander sa main La Madelon, pas bête, en somme, Lui répondit en souriant : Et pourquoi prendrais-je un seul homme Quand j'aime tout un régiment ? Tes amis vont venir. Tu n'auras pas ma main J'en ai bien trop besoin pour leur verser du vin https://www.youtube.com/watch?v=lm4tViuVoJM | |
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Messages : 15053 Date d'inscription : 23/01/2012
| Sujet: Re: Madeleine Martin et ses zouaves, d'un mot et d'une rose. Mer 13 Nov 2013, 16:08 | |
| Comme peut-être certains l'auront remarqué, j'évoque dans le message précédent la cérémonie de rosières datant de 1842 comme ayant été celle qui a précédé la fête de la Madelon, dans notre ville. Permettez-moi de vous en dire un mot : Cette cérémonie trouve son origine dans une christianisation des fêtes du « Mai », appelée aussi fête de la rose devenue, avec le temps, fête de la Rosière. Dans la seconde moitié du 18e siècle, sous l’influence de Jean Jacques Rousseau, se créent de nombreux prix de vertu se replaçant dans les traditions pastorales de la Saint Médard. C’est à Romainville, que tout semble commencer : un groupe de bourgeois en villégiature dans la cité fonde une société le 8 septembre 1774 dont le but est de récompenser une jeune fille vertueuse du pays. Les rosières seront nommées dans cette ville de 1775 à 1788. A Suresnes, l’abbé Helyot en tant que commendataire d’un riche donateur Monsieur Mores, fait couronner tous les ans à partir de 1778 une jeune fille « jugée la plus vertueuse ». A Arnouville c'est Madame de Montmirail épouse du seigneur du lieu qui doit désigner une jeune fille parmi les trois qui lui sont indiquées par les « députés des habitants ». Mais bon, la cérémonie ne prend guère : Presque toutes ces cérémonies cesseront avec la Révolution. Mais, contre toute attente, elles reprendront sous deux impulsions bien différentes de celles d’origine : L’une autoritaire : Napoléon soucieux de repeupler le pays saigné à vif par ses guerres prend deux décrets en 1807 et 1810. Celui du 9.11.1807 invite toute commune ayant plus de 10.000 Francs de revenus à doter une fille sage, le jour anniversaire d’Austerlitz et de la marier à un homme ayant fait la guerre choisi par le Conseil Municipal. La seconde tendance est plus soucieuse de la sauvegarde des traditions et du maintien de la communauté rurale en période d’urbanisation : des bienfaiteurs font des Legs instituant le couronnement d’une rosière. C’est la version qui nous intéresse. A Fontenay-sous-Bois le premier bienfaiteur s’appellera, on y vient, Mot ; son legs date de 1838 et il est approuvé par Ordonnance royale en 1842. Et c'est ainsi qu'une rue porte ce nom dans notre ville provenant de ce généreux donateur et non d'un quelconque jeu de (mots). Sa tombe à Fontenay Quelle était la nature de cet acte de bienfaisance ? Pour ce qu’on en sait, les fondateurs de rosière (ou rosier) expriment une commune volonté de maintenir des » vertus dans le groupe humain ». François Joseph Mot (1768-1841), était négociant fontenaysien et philanthrope. On doit à son testament la fondation d'une école primaire, et l'attribution de ressources aux familles indigentes et aux jeunes enfants. Dans l'esprit des « bonnes mœurs et l'amour de la vertu au sein des familles agricoles », il fait instituer une dotation annuelle pour la jeune fille la plus vertueuse de la commune. Des actes conformes aux voeux des initiateurs des rosières : Les invasions au temps de Saint Médard, l’émancipation des mœurs au 18e siècle, la dépopulation par les guerres de l’Empire, l’urbanisation, la décentralisation à partir du 19e siècle tout doit concourir à la cohésion d’un groupe social et ces couronnements à rapprocher les générations. Pas comme aujourd'hui, si l'on en croit certains. | |
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Messages : 15053 Date d'inscription : 23/01/2012
| Sujet: Re: Madeleine Martin et ses zouaves, d'un mot et d'une rose. Jeu 14 Nov 2013, 09:07 | |
| Pour conclure je mets ici l'image-photo que j'ai tiré de ce remarquable lien qui nous donne accès au fascicule présentant les dernières demeures de notre ville http://fr.calameo.com/read/000005041ae1cc38e392e | |
| | | Libellule
Messages : 15053 Date d'inscription : 23/01/2012
| Sujet: Re: Madeleine Martin et ses zouaves, d'un mot et d'une rose. Ven 09 Mai 2014, 11:25 | |
| Un mois avant le jour de la procession des candidates, les habitants se rassemblaient pour nommer les treize candidates à la rosière en présence des officiers de justice, en choisissant parmi elles trois filles dignes de la couronne de roses ceci afin de permettre au seigneur ou au bienfaiteur de choisir directement la rosière lui-même. Traditionnellement, le jour de la Saint Médard, le 8 juin, avait lieu le défilé dans la ville. La Rosière vêtue d’une robe blanche était suivie de toutes les autres filles vêtues de blanc également, la procession se terminant dans les appartements d’un riche notable qui se verrait chargé, de son côté de la conduire à l’église le jour J jusqu’à un prie dieu placé au milieu du chœur. A Fontenay sous Bois, lorsque Joseph Mot crée l’institution en 1839 il prévoit que la Rosière devra se marier le 21 du mois d’Aout. René-Charles Guilbert de Pixerécourt à l’époque venait d’assurer la direction du Théâtre royal de l’Opéra-Comique, de 1824 à 1827 et celle du Théâtre de la Gaieté, de 1825 à 1835. Ce qui l’avait fait s’installer à Fontenay sous Bois, en se portant acquéreur de la maison de son ami Dalayrac après son décès. Suite à l’incendie du théâtre de la gaieté il se voit obligé d'envisager de céder sa villa à son tour l’année de la première fête de la rosière. A-t-il joué un rôle dans son déroulement, il est difficile de le dire. Reste que sa dernière composition sur place sera la rédaction du "Petit homme rouge", folie férie romantique en quatre actes, dont le dernier évoque précisément cette fête. En tout cas il donne des indices pour que l'on puisse penser que la cérémonie ne se soit tenue très loin de ce qui deviendra en 1860 l'avenue de la Dame Blanche, longeant à Fontenay sous Bois le bois de Vincennes… En effet, le petit homme rouge y est présenté comme celui qui cherche sa dame blanche. Chaque scène évoquant une candidate parmi les 13 jusqu’à la scène dix, intitulée une jeune laitière. La suite du dialogue étant la suivante : Azolin : Vous avez une singulière coiffure pour une laitière La laitière C’est que voyez-vous, je suis sur la liste pour être rosière ( …) fille qui doit parce que c’est ancien usage, quelque fois par hasard, on en voit, mais c’est rare, surtout au village, faut n’avoir jamais eu d’galans.
On notera aussi qu’à la scène XIV est évoqué le chœur de la Dame Blanche entonnant : Chantons, chantons, les amours et le mariage, que tous les biens soient leur partage, fassent les dieux qu’ils soient heureux. Hasard ou coïncidence, il est par ailleurs troublant de constater qu’à Fontenay sous Bois l’avenue de la dame blanche soit suivie de l’avenue de la belle Gabrielle dont on peut, en un mot, rappeler l’histoire. En 1590, le grand écuyer de France, présente sa maîtresse Gabrielle au roi. C'est le coup de foudre, elle lui résiste plus de six mois, mais finit par lui céder. Gabrielle d'Estrées est devenue la maîtresse et la favorite d'Henri IV en 1591. Le roi, l'aima comme il n'a jamais aimé personne d'autre. Gabrielle d'Estrées, la "presque reine... blonde, dorée, d'une taille admirable, d'un teint d'une blancheur éclatante." Il la marie par convention, puis demande au couple de divorcer afin qu'elle soit libre, ….. Henri IV est tellement amoureux qu'il à le projet de se marier avec elle. Il lui faut pour cela répudier Marguerite de Valois (épouse du roi depuis 1572). Enceinte de quatre mois du quatrième enfant d'Henri IV, elle fut prise de terribles convulsions dans la nuit du 9 au 10 avril 1599, sans doute une apoplexie foudroyante à Vincennes. On lui fit des funérailles royales. Henri IV porta le deuil en s'habillant entièrement en noir, ce qu'aucun roi de France n'avait encore jamais fait. Il le fit, dit-il, pour célébrer sa Dame Blanche. Et pour cause, voici le portrait d'apparat et officiel de la maîtresse reconnue du roi avec sa drôle de coiffure, alors qu'elle est toute vêtue de blanc. Il est utile par ailleurs d’indiquer que cette seconde avenue se termine au carrefour de Beauté à Nogent qui lui-mène au château du même nom pour comprendre que nous avons là le plus romantique des parcours de notre ville des temps jadis. Surtout si on prend en compte que les amours entre Agnès Sorel d'un côté et le roi Charles VII de l'autre s'inscrivent à une époque où la concurrence de la Pucelle d'Orléans est forte. Agnès Sorel étant néanmoins connue pour avoir reçu le meilleure éducation que l'on put recevoir en son temps, sachant qu'elle fut donnée par un ordre de treize chevaliers .... appelé .... je vous laisse le découvrir. source Agnès Sorel et Charles VII: essai sur l'état politique et moral de la France ... - François-Frédéric Steenackers | |
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