Puisque l’actualité vient d’en parler http://www.lanouvellerepublique.fr/Indre-et-Loire/Actualite/24-Heures/n/Contenus/Articles/2014/07/29/Agnes-Sorel-plus-qu-une-favorite-1998695
Et que sur le plan historique cette héroïne doit son surnom de Dame de Beauté pour avoir vécu de 1446 à 1448 au château de Beauté sur Marne près de Vincennes, j’ai voulu me faire une idée par moi-même si oui ou non il y avait matière à lever les fameux « secrets d’histoire » qu’évoque Stéphane Bern dans son émission.
Après enquêtes, j’aurai la tentation de dire « Quand beauté, gastronomie langoureuse et gastéropodes se rencontrent il y a peu de chances de voir sa beauté se flétrir avec le temps. »
Explications et d’abord présentation de la fameuse Agnès.
L’arbre généalogique
(image à suivre)
L’arbre nous apprend qu’avant d’être dame de beauté et de s’appeler Sorel, Agnès est issue d’une famille de petite noblesse, les Soreau, et si on se fie à divers écrits ayant précédé sa renommée, elle fut jusqu’à ces vingt passés connue sous le nom de demoiselle de Fromenteau (son lieu de naissance).
Pour l’éclairer : ce texte tiré de « Biographie universelle ancienne et moderne ou Histoire, par ordre alphabétique 1811 » rédigé par des gens de lettres (sic) … sur la vie publique et privée de tous les hommes qui se sont fait remarquer par leurs écrits, leurs actions, leurs talents, leurs vetus ou leurs crimes (re sic).
« AGNÈS SOREAU, fille du seigneur de St. Gérand, gentilhomme attaché à la maison du comte de Clermont, naquit au village de Fromenteau. Les avantages d'une éducation soignée ajoutèrent encore aux dons qu'elle avait reçus de la nature. Placée en qualité de fille d'honneur près d'Isabeau de Lorraine, duchesse d'Anjou, Agnès, qu'on appelait la Demoiselle de Fromenteau, était dans tout l'éclat de sa beauté. Rien n'égalait la délicatesse de son esprit,et sa conversation » dit un auteur du temps.
« Agnès résista quelque temps à la passion du roi, mais les nombreuses faveurs prodiguées aux parents d'Agnès, et les dépenses extraordinaires qu'elle taisait à la cour de France, alors la plus pauvre de l'Europe, ouvrirent les yeux des courtisans. (…) Ces murmures humilièrent la favorite. «Les Parisiens, dit-elle, » ne sont que vilains et si j'avais su » qu'ils ne m'eussent pas fait plus » d'honneurs, je n'aurais jamais mis » le pied près de leur ville»
« (…) Cependant les Anglais possédaient la moitié de la France, et le roi, quoique naturellement brave, se laissait abattre par l'adversité. La reine, Marie d'Anjou, avait essayé vainement de ranimer en lui le désir de la gloire; ce prince, qu'on avait vu au siège de Montereau escalader les murailles l'épée à la main, et faire des prodiges de valeur, oubliait dans le sein des plaisirs,qu'il lui fallait reconquérir son rovaume et combattre le duc de Betford.
(…) Quoi qu'il en soit de cette anecdote,il est certain qu'Agnès se servit de l'ascendant quelle avait sur l'esprit du roi pour lui rappeler ce qu'il se devait à lui-même et à son peuple. Sans craindre que les soins de la guerre diminuassent la passion de son amant, elle parvint à le tirer de sa léthargie, (…) »
Le blason
Le blason nous renvoie à celui d’un sureau sur sable d’or, qui a bien y regarder, a des similitudes troublantes avec certaines versions du blason de notre ville. Pour aller plus loin c’est par là
http://www.culture.gouv.fr/public/mistral/palsri_fr?ACTION=CHERCHER&FIELD_1=REF&VALUE_1=IM37001323
Un texte de Viriville nous apporte d’autres précisions utiles proches des années qui m’ont intéressé plus particulièrement.
« En 1445, la Dauphine avait parmi ses filles d’honneur Marguerite de Villequier. Par des motifs qui ne nous sont pas explicitement connus, Agnès Soreau, de concert avec la reine et la Dauphine, improuvait, à ce qu’il semble, l’influence que cette demoiselle exerçait auprès de la princesse. Agnès voulait écarter Marguerite et mettre à sa place Prégente de Melun. L’année suivante ou deux ans plus tard, Marguerite, après la mort de la Dauphine, était passée au service de la reine et jouissait de quelque faveur auprès du roi.
Dans le même temps une autre dame exerça sur l’esprit du roi un ascendant tout aussi notable Antoinette de Maignelais. Née vers 1420, de Jean Il de Maignelais, et de Marie de Jouy. Catherine de Maigrelais, sœur de ce capitaine, étant elle-même, mère d’Agnès Soreau. La position de cette dernière offrit à sa cousine Antoinette l’occasion toute naturelle de paraître sois les yeux du roi. Plus jeune que sa parente et non moins belle, Antoinette en profita, tout porte à le croire, pour se faire aimer de Charles VII et pour supplanter son introductrice. Eum Agnes convenit formosissima illa sui seculi mulier, in speciem utquid arcanæ conspirationis retegeret, revera ut amantem instauratis illecebris seu recusa compede, revinciret. Historia Francica, 1671, 2 vol. in-4°, t. I, p. 611.
Raoul de Maignelais, s’était fait adjuger la terre de Maignelais, en 1398. Au mois d’août 1449, alors qu’Agnès Sorel jouissait de sa pleine faveur, Charles VII retira la seigneurie de Maignelais des mains de Charles, duc de Bourbon, et la rendit, non pas à Jean de Maignelais, titulaire nominal de cette terre, mais à Antoinette ».
http://www.mediterranee-antique.fr/Auteurs/Fichiers/TUV/Vallet_Viriville/Charles_VII/T3/C7_3801.htm
Sachant que l’on peut considérer ce travail généalogique et historique comme sérieux puisque répondant à une commande confiée à Viriville, alors spécialiste de la guerre de Cent Ans, et de la biographie de personnages historiques, passée par le ministre de l'instruction publique, afin de « rédiger l'itinéraire chronologique de Charles VII ».
Pas forcément celle qu’aurait le plus apprécié le roi Charles VII, mais tout du moins, une version dont on retrouve aussi la trace en 1697 sous la plume Anne de La Roche-Guilhem dans son roman historique intitulé « Histoire Des Favorites Contenant ce qui s'est passé de plus remarquable » avec elles et dont la version numérisée est accessible sur internet par google books.
http://books.google.fr/books/about/Histoire_des_favorites_contenant_ce_qui.html?id=aNYmNBcC-xcC&redir_esc=y
Les principaux personnages étant…. ceux cités par Viriville.
Sinon, pour l’aspect politique et moral de la France de l’époque,
https://play.google.com/books/reader?id=OlCP0HWPY2gC&printsec=frontcover&output=reader&authuser=0&hl=fr&pg=GBS.PP5
Voilà pour la petite et la grande histoire à l’échelle nationale :
Mais plus localement que se passe-t-il ? Gaspard Bureau , frère puîné de Jean, vient d’être anobli en 1447. Il est déjà seigneur de Montfermeil en 1445 et détient des parcelles de terrain sur Nogent et Fontenay-sous-Bois ; c’est lui qui en 1447 procède aux aménagements du château de Beauté pour accueillir la favorite dont le Roi veut faire « sa seconde femme ». A ce titre il est fait capitaine « de Beauté » http://fr.wikipedia.org/wiki/Gaspard_Bureau
Tout le monde le dit le château de Beauté avait été fait à la mesure de l’amour du Roi de sa bienaimée, et de la volonté d’en faire le lieu du luxe, de la gastronomie et des soins cosmétiques les plus performants de l’époque, sachant que Agnès Sorel voulait tout faire « à sa façon » en avant-gardiste du concept de la beauté, du bien-être, du bien-manger et du bien- se vêtir ; on dit même que c’est avant-gardisme qui fit inventer, pour elle, le mot aux anglais de « fashion ».
Bref, tout ce que portait Agnès devenait à la mode. J’y reviendrais plus bas. ….
« Sur tous les lieux plaisans et agréables que l'on pourroit en ce monde trouver, édifiés de manoirs convenables, gais et jolis, pour vivre et demourer , que c'est à la fin du boys de Vicennes, que fit faire ly roys Charles - que Dieu donne paix, joye et santé! -, son fils ainé, dalphin de Viennois, donna le nom à ce lieu de Beauté. Et comme entre les belles estoit tenue pour la plus belle du monde fut appelée damoyselle de Beauté tant pour cette cause que pour ce que le roy lui avait donné à sa vie la maison de Beaulté lez Paris ». Enguerrand de Monstrelet (1390-1453)
« Elle avait plus beaux parements de lit, meilleure tapisserie, meilleur linge et couvertures, meilleure vaisselle, meilleurs bagues et joyaux, meilleure cuisine et meilleurs soins. C'est le plus bel et jolis château et le mieulx assis qui fust en toute l'Isle de France. » Chastelain (1405-1475).
La fille était belle, l’amour était passionnel, le lieu fait pour elle, pour valoriser sa beauté, par l’accès au plus beaux des luxes, à la gastronomie la plus moderne, aux soins cosmétiques les plus avancés.
Or que savons-nous aujourd’hui (en autres par la récente émission « histoire secrète » de Stéphane Bern, j’y reviens) : Agnès Soreau a quitté son statut de demoiselle de Fromenteau et est en train de devenir la Dame de Beauté, la plus belle parmi les plus belles depuis qu’elle est installée dans sa nouvelle demeure.
Cela fait deux ans quasiment en 1449 qu’elle est à plein temps au Château de Beauté pour rester proche de son Roi, Charles VII souvent retenu à Vincennes pour cause de conciliabules autour de la guerre, alors qu’elle en était la favorite ; sa principale occupation prendre soin d’elle, entretenir sa beauté (le contexte est simple, la France est encore coupée en deux, les anglais sont sur le point de singer la paix, et l’essentiel des réunions se tiennent soit à Vincennes soit à Loches pour le Roi).
Et alors qu’elle est enceinte de 7 mois, elle décide de partir, et arrive en "mauvais état" pour retrouver le Roi Charles VII son royal amant venant de Loches, à Jumièges. Il est là pour terminer la "guerre de cent ans". Elle vient là pour accoucher.
L'abbé de Jumièges voyant la dame enceinte met à la disposition du couple le manoir du Mesnil, lequel dépend de l'abbaye. C'est dans ce lieu qu'elle met au monde un enfant prématuré, et qu'elle meurt le 9 février 1450, … Or chacun nous raconte ou suppute aujourd'hui qu'ayant décédé intoxiquée par du mercure, elle aurait été probablement été assassinée.
Des études sur les restes d'Agnès Sorel ont été réalisées par le professeur Philippe Charlier du CHU de Lille, en 2005, les conclusions sont passionnantes :
- Les restes d'Agnès Sorel comportaient des morceaux du crâne, des mandibules, des cheveux, poils et autres sourcils, mais aussi des sédiments. En plus, des morceaux de muscle, de peau, du jus de putréfaction.
- Elle était bien blonde et si les cheveux que l'on observe sont bruns, cela provient de la gangue de plomb provenant du sarcophage. Celui-ci était triple, fait de plomb, de chêne et de cèdre. Cette gangue de plomb dissimilait la blondeur de la Belle.
- On a bien retrouvé aussi un fragment d'un fœtus de 7 mois
- Trois équipes ont travaillé sur les examens toxicologiques. Les analyses ont porté sur le contenu des poils, des cheveux, de la putréfaction.
Puis le docteur, (coutumier du fait, jusqu’à avoir reçu le surnom d’Indiana Jones des cimetières _ l’examinateur du crâne de Henri IV et des reliques de Jeanne d’Arc c’est lui aussi http://fr.wikipedia.org/wiki/Philippe_Charlier#Biographie -) s’emballe :
« Agnès Sorel a été foudroyée « en quelques jours » ( ?) par une dose astronomique de Mercure. Dans son rapport le médecin présuppose qu’Agnès Sorel était » plutôt en bonne santé, elle avait une bonne hygiène de vie et une alimentation équilibrée ». ( ?)
« Mais les études parasitologues ont démontré qu'elle était atteinte d'une maladie parasitaire : l'ascaridiose, c'est à dire des vers intestinaux. Ce sont des vers blanchâtres de 2 à 25 centimètres de long provoquant une infection du tube digestif, comme cela n'était pas exceptionnel au XV e siècle.
L'utilisation du mercure était monnaie courante pour les traitements contre les vermifuges. Mais, nous dit le rapport, les posologies étaient alors bien connues et une erreur de dosage ne semble guère possible ». Ce que je pense aussi, contrairement aux deux autres « théories » que j’ai pointé d’un ( ?).
Or c’est bien l’absence de ( ?) dans les formulations du docteur qui oriente les conclusions des recherches sur l’hypothèse d’un meurtre au mercure. Et d’évoquer les historiens pour étayer cette thèse, les coupables possibles fusant… Agnès Sorel aurait pu être tuée par beaucoup de gens. Jacques Cœur, Etienne Chevalier, ou encore des obscurs de l'entourage du roi. Et puis, un des rares hommes avec lequel Agnès Sorel était en guerre : le dauphin Louis, le futur Louis XI.
Ce qui induit l’hypothèse qu’il y ait pu avoir un "exécutant". Ce qui nous ramène au local : Parmi les personnes qui ont été en contact étroit avec Agnès Sorel dans ces moments figure ne effet le docteur de Charles VII, Robert Poitevin, un des plus grands médecins de son temps, et qui s’occupa de soins d’Agnès il fut en outre un des trois exécuteurs testamentaires de la belle avec Etienne Chevalier et le moins connu des trois à l’échelle nationale, Gaspard Bureau que nous retrouvons…
Un médecin assassin ? Avec comme complice un Maître d’Hôtel (on disait à l’époque concierge) dévoué qui n’aura de cesse de lui mitonner des plats autour de la langue de bœuf dont elle raffole, des abats et du poisson qu’il est facile d’empoisonner? C'est un peu la théorie nouvelle "développée avec beaucoup de précautions" toutefois par Philippe Charlier.
Ce qui m’a donné l’envie de vous faire part, au-delà des premiers rappels historico-romantiques, de ma propre lecture de tout cela.
Il faut savoir que la religion a alors une influence assez négative sur la beauté. Le moralisme ambiant cachait le corps pour ne laisser voir qu’un visage impassible au teint blanc et non point un joli sein bien galbé dénudé. Qu’en plus on puisse exposer l’enfant adultère comme si la mère était Marie et l’Enfant Jésus, il fallait oser… (tableau de Fouquet peint en 1452)
http://expositions.bnf.fr/fouquet/grand/f145.htm et donc après la mort d’Agnès Sorel et certainement pas de son vivant). http://fr.m.wikipedia.org/wiki/Jean_Fouquet
Quand on sait que le seul fait de se maquiller suffisait à être considérée comme diabolique, on peut se demander ce qu’ajoutait cette mise en valeur des attributs de la Dame de Beauté, si ce n’est pour « amplifier sa renommée » …. Aussi voyons si le diable était de la partie.
On sait que des Chevaliers rapportèrent des Croisades quelques cosmétiques comme les perles orientales, qui, broyées et mélangées à l’amidon de blé, permirent d’obtenir une poudre blanche et nacrée donnant un teint d’albâtre très prisé à l’époque et que probablement Agnès Sorel en était utilisatrice, mais n’allait-elle pas plus loin ?
Regardons cela de plus près : Les femmes se confectionnaient des masques à base d’argile, d’amidon, de lait d’ânesse ou encore de miel, issus de recettes très anciennes. Et en cette époque empreinte d’innovations, les nobles concoctaient aussi des onguents à partir de sang d’animaux sauvages hérissons, chauve-souris. C’est vous dire !
Or, nous y voici, il est attesté qu’Agnès Sorel appliquait tous les matins sur son visage un masque contenant de la cervelle de sanglier, des vers de terre et de la bave d’escargot, des crottes de chèvre. (Véridique). Le must du must à l’époque. Le musc du musc pourrait-on même dire.
Et ? Que ce soit les vers de terre et les escargots (pour les cosmétiques) ou la langue de bœuf, les abats ou le poisson (pour l’alimentation), nous savons aujourd’hui que chacun de ces « ingrédients » est à sa manière connu, à notre siècle, pour être des concentrateurs de mercure d’importance.
Je ne vais pas tout développer (google le fait très bien) je me limiterai à parler de l’escargot qui désormais a le statut moderne de bio indicateur pour l'éco toxicologie. (sic)
La raison ? Via la pluie et la rosée, les végétaux et le contact avec le sol superficiel, l'escargot est en contact avec divers contaminants qu'il absorbe par voie transcutanée, par voie digestive ou respiratoire. Ce faisant, il accumule dans sa coquille des métaux toxiques ou des radionucléides qui « mémorisent » ainsi une partie de son exposition passée à certains contaminants. L'escargot terrestre se déplaçant relativement peu, on dit qu’il bio accumule au cours de sa croissance de nombreux contaminants.
On ne le savait pas au 15e siècle pour sûr. On parlait plutôt de la Verdeur Rabelaisienne pour décrire la pestilence des rues insalubres…, des fermes pleines d’excréments, et on ne s’arrêtait pas à ce genre de subtilités. Aujourd’hui si : La qualité de la croissance et reproduction de certains escargots donnent des indices de degré de pollution du sol, par exemple par des pesticides ou certains éléments-trace métalliques.
Comme il est saprophage –il se nourrit de matière en décomposition- et phytophage, et qu'il pond et hiverne dans le sol, il est une espèce sentinelle.
Concrètement, les escargots dans un milieu pollué fixent dans leurs chairs des métaux lourds, dont bien en tendu le mercure. Notre inconscient collectif nous fait dégorger au moins pendant 48 heures ces petites bestioles quand on veut les consommer ; historiquement on le fait seulement depuis un siècle, après avoir constaté que le jeûne ne permettant pas à l'escargot de re-larguer ces métaux avant… 32h le temps que l'intestin de l'escargot soit complètement vidé à force d’avoir bavé.
Quant au luxe lié à la consommation d’abats (les tripiers au moyen âge ne servaient que la cour et les seigneurs, tant ce type de produits étaient considérés comme « nobles », on en est revenu : ces organes concentrant le plus de contaminants (métaux lourds dont en particulier le plomb, le cadmium et le mercure), métalloïdes toxiques ou d’autres polluants organiques persistants, dont aujourd’hui pesticides, dioxines, furanes, HAP, ou radio nucléides. C'est le cas du foie, des reins, de l'intestin et des langues qui dans l'organisme jouent un rôle de filtre et d'organisme de détoxication. Des risques importants pouvant être encourus en cas de forte consommation régulière. CQFD.
Donc, d’après moi, Agnès Sorel s’est surtout retrouvée addictive pour de multiples raisons à tout ce qui pouvait contenir du mercure, et ce sciemment, pourrait-on dire, puisque, j’y reviens, l’un des traitements médicaux de l’ascaridiose, passait par la consommation de quelques gouttes de mercure (les traités médicaux de l’époque l’attestent).
En gros, en 1450 on ignorait que la contamination par cette maladie se faisait par voie digestive lors de l'ingestion d'eau ou d'aliments contaminés. Les vers adultes pouvant vivre une à deux années dans un environnement favorable…. Sans contagion possible … Le cycle évolutif étant dit « direct » à un seul hôte, l’homme ou la femme porteuse … L'auto-infestation sur la durée aboutissant à ce que l’ascaris se plaise dans son milieu toxique et ne prenne plus le chemin de l’expulsion par les selles ; autrement dit, si on lui fournit de « l’engrais » son pouvoir pathogène s’inscrit forcément dans la durée. 2e CQFD.
Le reste tient alors, me semble-t-il, de l’évidence : On sait de nos jours que l’exposition au mercure, même à de petites quantités, peut causer de graves problèmes de santé et constitue une menace pour le développement de l’enfant in utero et à un âge précoce. La présence continue de mercure permet la progression des effets toxiques sur les systèmes nerveux, digestif et immunitaire, et sur les poumons, les reins, la peau et les yeux. La peau, les yeux ? 3e CQFD :
De quoi encore augmenter les doses d’onguents et de pommade pour rester la plus belle des favorites…
Aujourd’hui c’est clair, on sait que les gens sont exposés au méthyle mercure principalement lorsqu’ils consomment du poisson ou des crustacés contenant ce composé organique. Le mercure existe sous différentes formes: mercure élémentaire (ou métallique), inorganique (auquel on peut être exposé dans le cadre d’une activité professionnelle) ou organique (méthyle mercure par exemple, auquel on peut être exposé par l’alimentation), avec un niveau de toxicité qui augmente avec la quantité présente. Qu’il s’accumule biologiquement jusqu’à atteindre une concentration improbable, n’a finalement rien d’improbable au 15e siècle compte tenu des choix personnels de notre Dame de Beauté.
Elle était de fait une parfaite cobaye ; Jeune, porteuse d’un fœtus ; exposée depuis près de deux ans à une solitude peut-être ennuyeuse devant son assiette, sa commode et son miroir ; de quoi devenir tributaire d’au moins trois modes d’expositions distincts « la médication », « l’ingestion » et « le contact avec la peau ».
On peut utilement se documenter ici par ailleurs
http://www.who.int/mediacentre/factsheets/fs361/fr/
Mais comme bien souvent dans ce genre d’histoire, un mystère peut en cacher un autre, aussi je vous propose maintenant de découvrir ce dernier lien qui permet de faire des gros plans sur un autre tableau que celui de Fouquet qui sert de support à cet article
http://www.devoir-de-philosophie.com/images_dissertations/172726.jpg
http://www.devoir-de-philosophie.com/dissertation-epoux-arnolfini-van-eyck-172726.html
Que certains passionnés commentent comme suit sachant que son auteur Van Eyck était le peintre attitré du Duc de Bourgogne fils unique du duc éponyme Jean sans Peur et de Marguerite, fille du duc Albert de Bavière… Que ce tableau a été peint du vivant d’Agnès Sorel contrairement à celui de Fouquet et qu’il est signé du peintre « j’y étais », à comprendre, là où se trouve le tableau, en l’occurrence là où la scène s’est déroulée.
Le tableau avant de s’appeler « les époux Anorlfini » s’est tout d’abord appelé « un homme, une femme, se tenant la main par dedans une chambre ». On en a déduit ceci
http://fr.wikipedia.org/wiki/Les_%C3%89poux_Arnolfini
Je citerai juste l’entame de l’article « Le tableau représente Giovanni Arnolfini, riche marchand toscan établi à Bruges et son épouse Giovanna Cenami, un petit chien aux pieds. (… ) Le sujet exact du tableau est un sujet de discussion pour les historiens de l'art ».
De fait, on n’en est de moins en moins convaincu, car désormais une autre version s’impose doucement : le nom d’Arnolfini ferait référence à Giovanni di Arrigo Arnolfini (nom flamand) plus connu sous celui en France de « Jehan Arnoulphin dit le Jeune », sans doute pour le distinguer de son plus illustre cousin. Né entre 1405 et 1409, il exerça comme tailleur (on disait facteur à l’époque), avec le duc Philippe le Bon comme client. Il lui vendait en effet des tissus de luxe pour des sommes considérables. Un document, retrouvé très récemment (en 1994) dans les archives de la cour de Bourgogne par un chercheur français, atteste les relations suivies entre ce marchand et son noble client : un document comptable atteste en 1447 que le duc offrit un cadeau à Giovanni.
Ceci est à rapprocher de textes écrits en 1860, indiquant que Jehan Arnoulphin le jeune était de fait le facteur de Marc Guidecon drapier installé à Loches. Du coup « les époux Arnolfini » peut être compris comme si aujourd »hui on parlait des « époux Saint Laurent » (comprendre habillé de costumes d’Yves Saint Laurent). La fameuse « fashion » accordée à Agnès Sorel (voir plus haut).
« Comment ne pas être frappé par la ressemblance étonnante du personnage masculin (cet homme mince, avec un long nez, un cou fin, et portant un large chapeau de feutre) avec le roi de France Charles VII ? Et de la femme avec l’intrigante Agnès Sorel ? » est, du coup, actuellement le commentaire le plus répandu sur ce tableau.
Et d’aller plus loin en s’attachant aux détails : la belle dame est enceinte, -de 7 mois pour le moins- et les symboles liés au mariage sont visibles, ce qui fait que ce tableau sert souvent d’illustration à ces sujets comme « le mariage dans tous ses états »
http://www.herodote.net/De_Charlemagne_au_Siecle_des_Lumieres-synthese-643.php
Avec ce commentaire limpide au chapitre « Les parents reprennent la main » :
Charles VII est le premier roi de France à officialiser sa relation avec une maîtresse, Agnès Sorel. Mais personne ne s’en scandalise outre-mesure.
Avec cette nouvelle question qui peut revenir remplacer la première ; Et si ce n’était pas un empoisonnement, mais une cause entendue ? Agnès Sorel devait avant de mourir et pour rentrer dans la légende, se marier enceinte peu avant qu’une mort certaine ne l’emporte, elle et son enfant, minée qu’elle pouvait être par ailleurs par les conflits de famille et les jalousies dont personne ne devait parler.
De quoi laisser le dernier mot à cette maxime que l'on prête à François 1er : "Gentille Agnès, plus d'honneur tu mérites, la cause étant de France recouvrer. Que ce que peut dedans un cloître ouvrer clause Nonnain ou bien dévôt hermitte".
Confidente, de beaucoup, Agnès Sorel ne leur a donc certainement pas tout dit. http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/bec_0373-237_1850_num_11_1_452261
http://www.cosmovisions.com/AgnesSorel.htm
Ni le Roi Charles VII d’ailleurs. http://motslocaux.hautetfort.com/archive/2010/05/29/charles-vii-et-la-naissance-de-l-etat-moderne.html