tonton christobal
Messages : 19037 Date d'inscription : 06/07/2010
| Sujet: L’inversion forcée de la courbe du chômage Lun 22 Aoû 2016, 06:40 | |
| Un petit miracle attendait le président de la République à son retour de Rome : la courbe du chômage s’est enfin inversée. Il va sans doute proclamer urbi et orbi que le taux est redescendu à 9,6 %, au niveau observé au début de son quinquennat. François Hollande a tenu l’engagement majeur de son mandat, celui auquel il avait suspendu sa décision de se présenter à nouveau devant les électeurs. Ce petit miracle n’en est évidemment pas un. D’abord parce que la France fait beaucoup moins bien que ses partenaires. Si elle avait fait depuis quatre ans comme la moyenne de la zone euro, qui n’a pourtant pas été la région la plus dynamique du monde, son taux serait aujourd’hui à moins de 8 %. Ensuite parce que l’inversion de la courbe du chômage doit beaucoup à l’action non du ciel mais du président et de son gouvernement. Cela devrait être une bonne nouvelle. Sauf que c’est surtout la confirmation d’une loi économique, la loi de Goodhart, du nom d’un ancien dirigeant de la Banque d’Angleterre : « Quand une mesure devient une cible, elle cesse d’être une bonne mesure. » L’inversion de la courbe du chômage n’est pas la mesure de la santé de l’emploi ou de l’économie. Elle est la mesure des efforts du gouvernement pour forcer l’inversion. Ce n’est certes pas nouveau. Depuis que le chômage s’incruste en France, les gouvernants de gauche et de droite ont tous tenté d’infléchir la fameuse courbe à l’approche des élections nationales, depuis Raymond Barre il y a près de quarante ans, jusqu’à Manuel Valls aujourd’hui en passant par Laurent Fabius et Edouard Balladur. Mais jamais cette politique d’habillage n’avait atteint une telle ampleur. Crédit d’impôt, emplois aidés dans le secteur public, primes à l’embauche pour les PME, plans de formation des chômeurs sans précédent… Une formidable débauche de moyens a été mise en oeuvre pour atteindre la cible. Tout a été fait pour forcer l’inversion. Il faut bien sûr parfois forcer le destin - c’est l’une des plus hautes missions des politiques. Encore faut-il que ce passage en force ouvre la voie vers un nouveau paysage, un changement durable. Or ce n’est clairement pas le cas ici. Dès l’élection passée, la pression du chômage va se faire à nouveau sentir. Les PME freineront l’embauche une fois disparu l’effet d’aubaine. Les chômeurs formés à la va-vite redeviendront chômeurs. Les jeunes qui auront terminé leur emploi jeunes auront plus de mal à trouver ensuite un poste, comme l’ont montré maints travaux. Le gouvernement aura dépensé des milliards pour atteindre une cible sans rien régler au problème de fond. Pas étonnant que la courbe de popularité ne suive pas celle du chômage. édito de Jean-Marc Vittori, récemment paru dans les Echos. Il s’en prend à la manipulation des statistiques du chômage qui va permettre à Hollande de se représenter en 2017 | |
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