Emmanuel Macron a déclenché un tollé avec une plaisanterie sur les "kwassa-kwassa", ces frêles embarcations qui, selon lui, ne servent pas à pêcher mais à "amener du Comorien" à Mayotte, et sur lesquelles ont péri de nombreux migrants.
Une vidéo tournée lors d'une visite jeudi au Centre régional de surveillance et de sauvetage atlantique (Cross) d'Étel (Morbihan), et diffusée vendredi soir dans l'émission Quotidien (TMC), montre le chef de l'État en train d'échanger avec des officiels.
L'un d'entre eux évoque différents types d'embarcations: "Il y a des tapouilles et des kwassa-kwassa". "Ah non, c'est à Mayotte le kwassa-kwassa", relève alors M. Macron.
Avant d'ajouter, sur le ton de la plaisanterie : "Mais le kwassa-kwassa pêche peu, il amène du Comorien, c'est différent".
Après un bref silence, il poursuit: "Les tapouilles, c'est les crevettiers".
Les kwassa-kwassa sont régulièrement utilisées par des migrants de l'archipel indépendant des Comores pour gagner Mayotte, territoire situé à 70 km et devenu le 101e département français en 2011.
"Rapportée à la population du département, la pression migratoire (y) est sans commune mesure avec l'immigration que connaît la métropole", relevait le député PS Erwann Binet dans un rapport parlementaire mi-2015 relatif au droit des étrangers en France.
La population mahoraise, estimée à 220.000 habitants (chiffres de 2012, que beaucoup, localement, estiment très en-dessous de la réalité), compterait en effet environ 40% d'étrangers.
Les migrants empruntent ces "kwassa-kwassa", des embarcations de fortune, pour rallier les côtes mahoraises illégalement. En 2015, il y a eu plus de 19.000 reconduites à la frontières à Mayotte contre environ 20.000 sur le territoire métropolitain.
Mais ces traversées occasionnent aussi de nombreux décès chaque année, à la suite de naufrages de ce que Thani Mohamed Soilihi, sénateur de Mayotte et membre du groupe Socialiste et républicain au Palais du Luxembourg, appelait des "bateaux de la mort" dans un débat parlementaire début 2017.
- Demande d'"excuses publiques" -
Sollicité par l'AFP, l'Élysée n'avait pas réagi samedi à 17H00. Au Lab d'Europe 1, l'entourage de M. Macron a reconnu une "plaisanterie pas très heureuse" et "malvenue".
Les adversaires politiques de M. Macron ont vivement réagi à ces propos.
"Ce n'est pas parce qu'on dit que c'était pour rire qu'on n'a rien dit", a déclaré à l'AFP le chef de file de LR pour les législatives, François Baroin. "C'était évidemment choquant, encore plus quand on est président", a-t-il jugé, en marge d'un déplacement en Corse.
De nombreux autres responsables ont réagi via des tweets.
"Si Sarkozy président avait prononcé cette phrase face caméra, le tollé aurait été gigantesque. +Du+ comorien. 12.000 morts. Et là... insensé", a réagi l'ex-ministre écologiste Cécile Duflot
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