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| Emmanuel Macron, icône ou fake de la postmodernité ? | |
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tonton christobal
Messages : 19037 Date d'inscription : 06/07/2010
| Sujet: Emmanuel Macron, icône ou fake de la postmodernité ? Dim 04 Fév 2018, 21:47 | |
| Par Michel Maffesoli / Dimanche 4 février 2018 à 13:05 12
L'incorrect. Roi du “et en même temps”, énarque et banquier, notre nouveau président semble le reflet des travers de notre époque. Analyse du personnage et de sa symbolique par le sociologue membre de l’Institut universitaire de France Michel Maffesoli. Body On a beaucoup parlé, lors de la dernière élection présidentielle, du remplacement d’une génération (celle de l’après-68) par une autre et d’une caste d’hommes politiques par de nouveaux élus. C’est ainsi en tout cas que s’est présenté sinon le président de la République, du moins le mouvement créé pour le soutenir. Emmanuel Macron était censé incarner le changement d’époque. Nicolas Sarkozy avait certes déjà parlé de rupture, mais il se situait dans le jeu traditionnel de l’alternance. Avec sa version “ni gauche ni droite”, Emmanuel Macron a surfé sur la vague du “dégagisme” soufflée par Jean-Luc Mélenchon et Marine Le Pen, tout en gommant les aspérités trop effrayantes des extrémismes.
C’est pourquoi, très vite après son élection, d’aucuns ont évoqué le “président postmoderne”. Il faut noter une indubitable adéquation entre les caractéristiques essentielles de l’imaginaire contemporain, “l’ADN” de la postmodernité, et ce président, que celui-ci soit une icône ou un fake ! Il est ainsi certain que, maniant si bien, si souvent et si ostensiblement le “et en même temps”, il est conscient du fait que l’oxymore est la figure de style de l’époque. Non plus “ou bien… ou bien”, mais “et… et”.
De même, à l’opposé de la figure emblématique propre à la modernité, celle de l’adulte sérieux et rationnel, on voit revenir désormais celle de “l’enfant éternel”. Or, après Trudeau, au Canada, ou Renzi, en Italie, et avant Kurz, en Autriche, Emmanuel Macron est bien un représentant de cette avidité “juvénoïaque” : tout, tout de suite ! Non plus le lent gravissement des marches du pouvoir, mais l’irruption, se voulant spontanée, d’un homme nouveau parce que jeune. Une prétention à faire de la politique autrement, à incarner la puissance populaire plutôt qu’à courir après le pouvoir. D’où une mise en scène de campagne jouant sur le partage des émotions, la référence à de grandes figures mythiques appartenant à différentes familles de pensée, à des “tribus” diverses (Jeanne d’Arc, les fusillés du mont Valérien, les victimes de la colonisation et ceux choqués par le débat sur le “mariage pour tous”, etc.).
Le candidat a, en outre, été beaucoup critiqué pour son absence de programme, de projet, de débat de fond. Alors que, justement, c’est ce passage du rationalisme au vitalisme et, pour reprendre un terme de Max Weber, à l’émotionnel qui le met en phase avec l’époque.
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| | | tonton christobal
Messages : 19037 Date d'inscription : 06/07/2010
| Sujet: Re: Emmanuel Macron, icône ou fake de la postmodernité ? Dim 04 Fév 2018, 21:48 | |
| Sa mise en scène s’est ensuite poursuivie, de manière presque grandiloquente, en théâtralisant la solitude et l’omnipotence jupitérienne du pouvoir, pour mieux prétendre incarner la puissance populaire. Platon, dans la République, montre que la théâtrocratie pointe son nez quand la démocratie tend à s’affaiblir. La situation actuelle en est une pertinente illustration ! C’est cela la mise en abyme de l’homme ordinaire par un président porté au pouvoir non par une adhésion unanime, ni même d’ailleurs vraiment majoritaire (si l’on compte bien, il est choisi par 18 % des électeurs inscrits au premier tour et élu par 44 % d’entre eux au second), mais comme un moindre mal, il est celui qui détonne le moins.
C’est pourquoi on peut parler d’une icône et en même temps d’un fake à son sujet, plutôt que d’une icône ou d’un fake : Emmanuel Macron a présenté, du moins durant sa campagne électorale, toutes les caractéristiques de l’époque, il en était en quelque sorte le représentant (de l’époque, et non des citoyens) le plus plausible. Mais les électeurs, ceux qui ont voté comme ceux qui se sont abstenus, n’étaient pas dupes. Plus nombreux à suivre à la télévision les débats spectaculaires des primaires et de l’élection qu’à voter véritablement, comme si toute cette débauche avait suffi à repaître (ou à dégoûter) le plus grand nombre du jeu politique. Là encore, triomphe de la “théâtrocratie” !
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| | | tonton christobal
Messages : 19037 Date d'inscription : 06/07/2010
| Sujet: Re: Emmanuel Macron, icône ou fake de la postmodernité ? Dim 04 Fév 2018, 21:49 | |
| Peut-on dès lors parler de trahison ? Comme ceux qui aujourd’hui prétendent que le président du “ni gauche ni droite” doit satisfaire les riches et les pauvres. Qui lui rappellent sans cesse ses promesses de campagne (une décision respectant le résultat du référendum pour Notre-Dame-des-Landes, plus aucun SDF dans la rue, etc.), oubliant le caractère justement sciemment contradictoire de celles-ci. S’agit-il d’une manipulation de l’opinion ? Tous ceux qui ont soutenu le président pensaient-ils vraiment qu’il allait enfin gouverner autrement, abandonner la position surplombante du pouvoir pour laisser émerger de toutes parts les initiatives et les tentatives diverses de nouvelles formes de vivre ensemble ? Ne doit-on pas plutôt voir dans l’arrivée au pouvoir d’Emmanuel Macron un témoignage de l’“aquoibonisme” ambiant ? Tant il est vrai que le nouveau président n’est pas l’homme providentiel ; il n’est même pas “le meilleur d’entre nous” ; il n’est pas non plus, et tant s’en faut, l’un d’entre nous. Il n’a rien de populaire, ni même de chaleureux ou d’empathique. C’est, avant tout, un premier de la classe, un énarque, un inspecteur des finances, un banquier, choisi non parce qu’il était plus fort, plus intelligent, plus compétent, mais parce qu’il prétendait nous aimer tous. Juste nous aimer. C’est un “émotionnel” sur pattes !
Mais en attendaient-ils autre chose, tous ceux qui ont fait comme si cette icône avait le pouvoir de mettre enfin en adéquation le pouvoir institutionnel et la puissance populaire ? Comme si, véritablement, un simulacre porté au pouvoir allait s’enraciner dans la puissance populaire ? N’est-ce pas là encore une vision très surannée, très moderne, et non postmoderne, de la politique ?
Ce n’est pas parce que ce que l’on voit au sommet de l’État se révèle pur spectacle, pur effet de scène, qu’il ne se passe rien en bas. Au fond, Emmanuel Macron est postmoderne parce qu’il est un fake. Non pas un fake qui aurait trompé le peuple, mais un fake sciemment porté au pouvoir.
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Pour moi cet article implique une réflexion sur la personnalité et ce que nous réserve notre président de la république...
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