Une étude du CNRS observe une inquiétante tentation pour la radicalité chez les lycéens musulmans
Par Hadrien Mathoux Publié le 03/04/2018 à 11:05
Après deux ans d'enquête auprès de 7.000 lycéens issus en grande partie de quartiers populaires, les sociologues Anne Muxel et Olivier Galland rendent leurs conclusions dans "La Tentation radicale". La radicalité, qu'elle soit religieuse, politique ou culturelle, atteint des proportions inquiétantes, notamment chez les jeunes musulmans.
Les lycéens de France sont-ils tentés par la violence et la radicalité religieuse ? C'est la question que se sont posée les sociologues du CNRS Anne Muxel et Olivier Galland, au lendemain des attentats de novembre 2015. Les chercheurs publient leurs travaux ce mercredi 4 avril aux Presses universitaires de France (PUF), dans un ouvrage intitulé La Tentation radicale. Et leurs conclusions sont plutôt inquiétantes.
L'échantillon choisi n'est volontairement pas représentatif : les questionnaires ont été adressés à 7.000 jeunes de 14 à 16 ans, fréquentant des régions où des "manifestations de radicalité" (émeutes, bagarres avec la police, blocages de lycées) ont eu lieu : quartiers nord de Marseille, région lilloise, ville de Créteil en banlieue parisienne... l'académie de Dijon a été ajoutée pour apporter de la diversité à l'étude. Reste que celle-ci a interrogé 39% de jeunes scolarisés dans des lycées populaires, et 26% de musulmans, bien davantage donc que dans l'ensemble de la population lycéenne. Le but avoué de l'enquête était en effet d'analyser la prégnance des idées radicales chez les jeunes issus de milieux modestes et de confession musulmane. Les auteurs ont défini la radicalité par "un ensemble d'attitudes et d'actes exprimant a minima une protestation et pouvant aller jusqu'à la contestation frontale du système politique ainsi que des normes sociales et culturelles dominantes". Des idées qui peuvent s'exprimer de manière religieuse, politique ou culturelle, et dans certains cas mener à la violence.
Certains résultats interpellent : si 11% des adolescents interrogés pensent qu'il y a "une seule vraie religion" et que celle-ci "a raison contre la science", ce chiffre passe à 32% chez les musulmans, dont 81% estiment que "c'est plutôt la religion qui a raison sur la question de la création du monde". Un décalage également constaté en ce qui concerne la tolérance à la violence : pour 25% des jeunes de l'étude, il est acceptable de voler un scooter, de dealer de la drogue ou d'affronter la police... c'est le cas pour un tiers des jeunes musulmans. D'après Anne Muxel et Olivier Galland, ceci s'explique par le fait que les lycéens de confession musulmane habitent souvent dans des quartiers sensibles où la violence est devenue banale.
Le cocktail le plus explosif est constitué par les lycéens qui sont à la fois tolérants envers la violence et radicaux dans leur vision religieuse : parmi ceux-là, 70% ne condamnent pas les auteurs des attentats de Charlie Hebdo et de l'Hyper Cacher de la porte de Vincennes.
Des extraits de l'enquête publiés par Le Monde font état de nombreux témoignages de lycéens qui estiment que les journalistes de Charlie "l'ont cherché" ou "un peu provoqué", en contraste par rapport aux victimes du Bataclan. Autres chiffres pour le moins alarmants : 10% des lycéens estiment qu'il peut être acceptable de "combattre les armes à la main pour sa religion", et ils sont 20% parmi les jeunes de confession musulmane interrogés. En parallèle, la religion de ces derniers les amène à tenir des positions pour le moins rigoristes : l'homosexualité n'est pas "une façon comme une autre de vivre sa sexualité" pour 64% d'entre eux, et 69% sont hostiles à l'interdiction de porter le voile à l'école.
Un "effet islam prépondérant"
Pour expliquer ces données, Anne Muxel et Olivier Galland évoquent plusieurs facteurs qui se cumulent et s'associent : les éléments économiques, évidemment, ces jeunes vivant dans des conditions sociales bien plus dures que la majorité de la population ; un sentiment de discrimination, deux fois plus fort chez les jeunes musulmans ; mais également un phénomène spécifique à l'islam. "Les musulmans reviennent fortement à une pratique religieuse, à l'inverse d'un mouvement de forte sécularisation des autres jeunes", note Olivier Galland dans un entretien au Monde. Il existe selon les sociologues un "effet islam prépondérant" d'adhésion à la radicalité religieuse, qui peut se conjuguer avec un attrait pour la violence.
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Rassurez vous cet article stigmatisant, réac, facho populiste n' émane pas du FHAINE mais de marianne.... la France n'est donc pas en danger !