Pénurie de médecins transfuseurs : «Dommage de gâcher tout ce sang»
leparisien.fr, publié le lundi 07 mai 2018 à 06h41
C'est un effet inattendu de la désertification. Faute de trouver des médecins transfuseurs, des établissements de collecte sont menacés de fermeture. Une nouvelle d'autant plus rude qu'on manque de sang en cette période de ponts.
Ce rituel, Romuald l'accomplit quatre à six fois par an. Mais vendredi, le dessinateur industriel de 39 ans, a donné pour la dernière fois - sauf miracle - ses globules rouges à côté de chez lui, à Saint-Dié-des-Vosges. Entourée de montagnes, la commune lorraine de 20 000 habitants est réputée pour son Festival international de géographie, sa cathédrale en grès rose et jusqu'alors... son établissement français du sang (EFS).
Mais voilà, alors que la France manque de sang et qu'un appel national urgent aux dons est lancé, le centre de Saint-Dié fermera ses portes le 1er juillet. Celui d'Epinal, à une heure de là, pourrait lui aussi se retrouver exsangue dans quelques mois, tandis que les habitants d'Alençon (Orne) viennent d'apprendre que le leur pliera poches et bagages l'an prochain.
Tous sont les victimes collatérales et inattendues de la désertification médicale qui continue de grignoter nos territoires. Si celle-ci est souvent mise en lumière par la difficulté de recruter des médecins généralistes, elle touche bel et bien chaque spécialité. A Saint-Dié, la petite affiche qui jouxte la table où Romuald se fait prélever vendredi est claire : si aucun médecin transfuseur ne vient remplacer l'actuelle médecin qui part en retraite, le site sera clos.
« C'est vraiment dommage, bête, triste de gâcher tout ce sang, parce qu'on n'arrive pas à recruter de médecins », soupire Romuald. Lui est tombé dans la marmite rouge il y a cinq ans, lorsqu'une collecte mobile est venue dans son entreprise. « De fil en aiguille, j'y ai pris goût. C'est un geste tellement petit par rapport à ce qu'il rapporte aux autres. En revanche, je ne suis pas prêt à faire une heure de route plusieurs fois par an, je donnerai forcément moins », regrette le père de famille.
Vice-président de l'amicale des donneurs de sang de Saint-Dié, Sylvain Zanetti vit l'annonce comme un coup de semonce. D'autant que le centre peut s'enorgueillir de 4 167 donneurs annuels : « Dans la région, on est à 7 % de donneurs, bien au-delà de la moyenne nationale. Ce sang, des gens en ont besoin ».
La perspective esquissée par les instances de l'EFS de multiplier les collectes mobiles ne suffit pas à redonner le sourire à ce militant engagé. « Le plasma ne peut être collecté qu'en centre fixe, rappelle-t-il. Nous sommes l'image du fléau de la désertification, c'est désolant. »
La problématique touche aussi l'Ile-de-France. En Seine-et-Marne, Isabelle, une donneuse régulière a pris de plein fouet la fermeture du centre jusqu'ici abrité à l'hôpital de Lagny-sur-Marne. « Pour donner, je dois faire plus de trente minutes de voiture, c'est un peu démotivant », explique-t-elle.
Sylvain Zanetti ne baisse pas les bras pour attirer un médecin : communiqués de presse, interpellation sur les réseaux sociaux, promotion de « l'air pur des Vosges »... L'annonce qu'il a publiée sur Facebook a été vue 22 000 fois.
Suffira-t-elle à convaincre un médecin de s'installer, permettant ainsi aux donneurs de continuer à sauver des vies ?
Et si ponts rimait avec dons ? L'établissement français du sang (EFS) compte sur la mobilisation de chacun en cette période très difficile pour garantir des réserves suffisantes en globules rouges, plasma et plaquettes.
« Les stocks sont bas et on craint que la semaine à venir soit quasiment blanche », s'inquiète François Charpentier, directeur de la collecte. Parce que les maladies et les accidents ne prennent pas de week-end prolongé, il faut s'assurer d'avoir assez de matière et notamment de plaquettes, qui ne se gardent que cinq jours.
« On sait que l'on demande un effort mais c'est pour la bonne cause », reprend François Charpentier. « Cela peut être l'occasion de découvrir l'expérience du don du sang pour la première fois », insiste l'EFS.
Dans chaque département, pour savoir quels sont les sites ouverts, il suffit de cliquer sur la rubrique « où donner » sur le site dondesang.efs.sante.fr
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"et en même temps" macron donne des leçons au monde et se rêve "big boss" de l'Europe.
Nous sommes les plus forts ! on soigne gratos n'importe qui et nous sommes incapables de traiter le sang récolté qui est perdu pour "en même temps" faire des campagnes pour le don du sang...
le "cul par dessus tête" dans toute sa splendeur ... une fois de plus.