Françoise Nyssen et les mâles blancs : «Quand la télévision d'Etat veut rééduquer le peuple»
Par Céline Pina Publié le 05/06/2018 à 18:51
FIGAROVOX/TRIBUNE - Françoise Nyssen a présenté lundi 4 juin sa réforme de l'audiovisuel public. Pour Céline Pina, la ministre de la culture vise à faire de la télévision un outil de propagande politiquement correcte.
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Ancienne élue locale, Céline Pina est essayiste et militante. Elle avait dénoncé en 2015 le salon de «la femme musulmane» de Pontoise et a récemment publié Silence Coupable (éd. Kero, 2016). Avec Fatiha Boutjalhat, elle est la fondatrice de Viv(r)e la République, mouvement citoyen laïque et républicain appelant à lutter contre tous les totalitarismes et pour la promotion de l'indispensable universalité de nos valeurs républicaines.
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La rééducation du peuple confié à la télé d'État... Cela vous rappelle la belle époque des totalitarismes, Mao et sa révolution culturelle, l'Union soviétique et l'art marxiste-léniniste? Vous trouvez que cela fleure bon le dogmatisme maquillé en ultime mesure du bien et du beau? Et bien vous vous trompez! La rééducation d'un peuple moisi, c'est la mission que se fixent notre ministre de la culture et le sens qu'elle choisit de donner à sa réforme de l'audiovisuel.
Jugeant une partie des Français «hautement réactionnaires», Françoise Nyssen a donné mission à l'audiovisuel public de «changer les mentalités sur le terrain».
L'audiovisuel public doit donc devenir «le miroir de nos différences» et celles-ci ne sauraient être que raciales. La diversité est ainsi devenue un terme permettant aujourd'hui d'évacuer le social pour ne privilégier que le racial. Voilà pourquoi Delphine Ernotte est plébiscitée par la ministre pour ses propos de 2015 sur les «mâles blancs» trop nombreux à l'antenne.
Cette rhétorique raciale des Indigènes de la République envahit le discours de notre gouvernement, témoignant de ses représentations et de son fond d'écran intellectuel. Un travers qui, alimenté par Emmanuel Macron lui-même, creuse un fossé entre un pouvoir culpabilisateur et qui ne craint pas d'exprimer son mépris du peuple, et la plupart des Français.
Mais surtout, on aimerait savoir comment Françoise Nyssen va faire pour accentuer encore l'orientation très idéologique du service public, il suffit d'écouter France Inter ou France culture par exemple pour constater que quand on pense diversité, ce n'est pas des opinions et des propositions dont on parle. Le service public a fait beaucoup pour la promotion du discours raciste des Indigènes de la République, préférant mettre en avant des Rokhaya Diallo, Nacira Guenif et autres Houria Bouteldja, plutôt que Tania de Montaigne.
Françoise Nyssen propose de faire de l'audiovisuel public un corset moral pour population déméritante, le tout avec une nuance de mépris de classe.
Il a fait beaucoup pour assurer le rayonnement des frères musulmans, au premier rang desquels Tariq Ramadan. Bref il marque un penchant indigéniste et islamogauchiste assez assumé. Le problème n'est pas que cette frange raciste, obscurantiste et haineuse ait du temps de parole. Après tout ils représentent une idéologie qui est en train de mettre le feu au monde et de déconstruire notre société. De fait ils sont une force constituée et on ne peut l'ignorer. De là à instituer ces théoriciens du racisme et leurs homologues radicalisés en «camp du bien» faisant des procès de Moscou à tout ce qui ne pense pas comme eux, il y avait un pas, de là à déconsidérer et à caricaturer les laïques et les défenseurs de la République, il y avait un abîme. Notre ministre l'a comblé.
Ainsi, à l'heure où l'audiovisuel public crève de trop d'idéologie, elle propose d'en faire un corset moral pour population déméritante, le tout avec une nuance de mépris de classe.
Bien entendu, elle cible avant tout la jeunesse. Après tout, si on veut changer un peuple qui ne convient pas, il faut en modeler la descendance plutôt que s'acharner à redresser ce qui est courbé.
Alors, trop réactionnaires les Français? Et que dire d'une ministre qui méprise ceux dont sa légitimité dépend et qui prend dans leur poche de quoi financer leur rééducation idéologique, alliant ainsi le cynisme au mépris? Qui sont ces gens qui veulent faire croire qu'ils sont le nouveau monde et qui ont l'air juste de rejouer les années 30, inconscient des lendemains qu'ils préparent.
Mais surtout, que de rideaux de fumée derrière ces discours pompeux et ridicules. Car la vérité c'est que l'État veut réaliser des économies, chiffrées entre 250 et 500 millions d'euros d'ici à 2022 et que tant d'idéologie mal placée est en fait au service d'une gestion comptable, sans vision.
Car si vraiment la ministre pensait à la jeunesse, alors elle devrait combattre les marchands de haine, les trafiquants de ressentiment et les cultivateurs d'échecs. Les discours des Houria Bouteldja, Rokhaya Diallo et Yassine Belattar dont ce pouvoir fait tellement cas sont une catastrophe dans les banlieues. Victimisation et logique de vengeance deviennent le seul lien social en dehors de l'appartenance communautaire. De plus en plus de jeunes dans les quartiers sont liés à leur communauté de race et de religion et n'ont plus de rapport avec le reste du monde que via la violence et le rejet. Cela les envoie droit dans le mur et ils ne sont pas conscient d'être souvent une des causes de leur propre relégation.
Alors quand le faible niveau d'éducation, l'acculturation, les difficultés du quotidien n'aident pas à penser sa condition et enferment les personnes dans des discours formatés où ce qui est le plus récurrent est la victimisation et le rejet de la faute sur le premier autrui qui passe, il est peu constructif de participer à cette clotûre en la légitimant par un «approuvé par la télé». Dans ces zones en difficultés, la remise en cause est limitée car quand on vit dans la précarité, l'effondrement intime est toujours à craindre. Ainsi l'échec scolaire, c'est la faute de l'école ; le chômage, la faute de la société raciste ; la violence, la faute de la police ; la délinquance, la faute des promesses trahies de la République…
En revanche personne pour expliquer que dans ces zones de relégation sociale, la société et la République portent à bout de bras nombre de familles dont elles financent, entre HLM, RSA, CMU, AME, APL, allocations familiales et aides diverses, des sommes considérables pour aider à payer le logement, la santé, l'éducation des enfants… Et contrairement à ce que Madame Nyssen semble penser, rappeler cela n'est pas réactionnaire mais «inclusif»: le problème c'est que ces familles n'ont nulles idées des efforts que l'ensemble de la société consent, n'ont pas les moyens d'évaluer ce qui leur est donné et les considèrent comme un dû, non comme un des effets de notre contrat social. Or, il devient urgent de faire prendre conscience à ces personnes que cet argent que la société investit sur eux est aussi une marque de reconnaissance et d'appartenance: c'est parce que nous avons en commun un idéal et un projet que nous sommes liés les uns aux autres en tant que citoyen. Sans ce commun, pas de socle pour la solidarité et la protection n'est plus liée à un contrat social mais à la capacité financière personnelle de chacun, aux assurances privées qu'il est en mesure de payer. Dans une société qui se fonde sur la mise en avant de différences irréductibles, il n'y a pas de solidarité entre les citoyens, juste de la concurrence entre communautés constituées et l'on n'a rien en partage d'autre que des comptes à régler.
Plutôt que de vouloir rééduquer les Français, la ministre de la culture devrait se préoccuper de transmettre l'universalisme de nos principes et idéaux et rappeler ce que nous avons en partage et qui fait de nous des compatriotes, ce domaine public qui est notre monde commun.
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Nous sommes partis pour le lavage de cerveau et les camps de rééducation pour les récalcitrants...
C'est un programme qui devient inquiétant.