«Eolien en mer: une faute financière à 23 milliards d’euros». La tribune de Julien Aubert (LR)
01 juillet 2019 à 12h45
« L’électricité en mer produite à Saint-Nazaire et sur les autres projets coûtera trois fois plus cher que celle produite à Dunkerque »
n Aubert, rapporteur spécial sur le budget de l’Énergie
Cherchez l’erreur : le 14 juin 2019, le gouvernement a annoncé l’attribution du parc éolien en mer de Dunkerque – appelé à entrer en fonction en 2026 – à un groupement conduit par EDF Renouvelables sur la base d’un tarif d’achat garanti « notablement inférieur à 50 euros/mégawatts heure » (MWh). Le même jour, François de Rugy, ministre de la Transition écologique et solidaire, a lancé la phase opérationnelle du parc éolien de Saint-Nazaire, appelé à entrer en fonction en 2022, sur la base d’un tarif d’achat garanti proche de 150 euros/MWh !
L’attribution du parc éolien en mer de Dunkerque (pour une durée de vingt ans) est une opération globalement réussie. Le tarif obtenu est plus favorable que celui de l’éolien terrestre (dont les derniers prix oscillent entre 63 et 65 euros/MWh et le prix moyen s’établit à 89 euros/ MWh). Seul regret : ce parc devrait être proche des côtes et pourrait menacer des activités liées à la pêche. Il sera nécessaire d’être vigilant sur ce point.
Le lancement de la phase opérationnelle du parc éolien en mer de Saint-Nazaire s’apparente, en revanche, à une faute financière. Ce parc, comme cinq autres parcs équivalents situés sur la façade atlantique, a été attribué entre 2011 et 2012 et a fait l’objet d’une renégociation financière en 2018, dont le Président Emmanuel Macron s’est approprié la réussite, en mettant en avant une baisse du coût de 40 % par rapport aux prix initiaux. Au terme de ce processus, l’Etat a conclu des contrats prévoyant un tarif d’achat garanti de 144 euros/MWh pendant une durée de 17 à 18 ans. C’était il y a à peine quelques mois…
Soutien public. Autrement dit, l’électricité en mer produite à Saint-Nazaire et sur les autres projets coûtera trois fois plus cher que celle produite à Dunkerque (144 euros contre « notablement moins » de 50 euros) et bien plus cher que l’électricité nucléaire (dont le coût complet de production est estimé par la Cour des comptes à 62 euros/MWh). Les montants en jeu sont élevés : en mai 2019, la commission de régulation de l’énergie a évalué le coût du soutien public sur les parcs de Saint-Nazaire et sur les autres parcs à venir à 23 milliards d’euros.
Dans un rapport récent rédigé par Julien Aubert, rapporteur spécial sur le budget de l’Energie, et dont nous partageons les conclusions, le gouvernement a été invité à rouvrir les négociations sur ces six premiers parcs éoliens en mer ou à résilier les contrats signés, en indemnisant leurs titulaires avant de relancer ces procédures pour obtenir des tarifs comparables à celui de Dunkerque. Le bon sens et l’intérêt des finances publiques commandent d’agir ainsi.
Quelle que soit son opinion sur les éoliennes, on ne peut accepter qu’à six mois d’intervalle, le Gouvernement surpaye ainsi l’électricité produite en mer, et aggrave sans raison la facture des Français. A quoi bon diminuer les impôts directs d’une main, si c’est pour augmenter le coût de la vie de nos concitoyens de l’autre ?
Ont cosigné cette tribune, Bérengère Poletti, Thibaut Bazin, Josiane Corneloup, Pierre Vatin, Raphaël Schellenberger, Guillaume Peltier, Vincent Descoeur, Bernard Reynès, Nadia Ramassamy, Marie-Christine Dalloz, Jean-Marie Sermier, Eric Woerth, Michel Herbillon, Jean-Jacques Gaultier, Bernard Brochand, Bernard Deflesselles, Valérie Bazin-Malgras, Jean-François Parigi, Didier Quentin, Jean-Louis Masson, Patrick Hetzel, Emmanuel Maquet, Sébastien Leclerc, Jacques Cattin, Damien Abad, François Cornut-Gentille, Valérie Boyer, Jean-Pierre Door, Véronique Louwagie, Eric Straumann.