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Basilics

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MessageSujet: On en parle   On en parle EmptyLun 21 Oct 2019, 22:53

L’UDMF, le parti musulman qui dérange la droite
Par Charlotte Belaich, 21 octobre 2019
Depuis quelques semaines, l’opposition de droite se déchaîne contre une nouvelle cible : les «listes communautaires», se revendiquant de l’islam. Dans leur viseur, une organisation de centre gauche née en 2012, qui espère présenter une quinzaine de listes aux municipales.

«Comme dans Soumission», soit le récit de l’arrivée au pouvoir d’un homme issu d’un parti musulman. Le scrutin présidentiel est encore loin, mais certains n’hésitent pas convoquer Michel Houellebecq quand ils évoquent les «listes communautaristes» en vue des municipales. Depuis quelques semaines, des responsables politiques de la majorité et de l’opposition de droite ont multiplié les mises en garde. Xavier Bertrand a ouvert les hostilités le 19 septembre sur France 2, demandant l’interdiction de ces listes. En ligne de mire, l’Union des démocrates musulmans français (UDMF). Créé en 2012 par Nagib Azergui, ingénieur jusqu’alors jamais investi en politique, le tout petit parti veut présenter des candidats aux municipales à Villeurbanne et à Vaulx-en-Velin. L’UDMF, qui ne compte que 800 adhérents, envisage également des listes aux Mureaux, à Mantes-la-Jolie, Guyancourt, Trappes, Créteil, Roubaix, Maubeuge, Lille, Marseille ou encore Lyon. «Les quartiers défavorisés ont trouvé un écho dans notre parti, assure le secrétaire général, Jean Préau, entrepreneur engagé à l’UDMF depuis 2016 après avoir soutenu le Modem. On communiquera au dernier moment pour éviter qu’on nous mette des bâtons dans les roues, mais on a une trentaine de listes presque prêtes. On devrait arriver à une cinquantaine.»

L’UDMF n’en est pas à son coup d’essai. En 2014, lors des dernières municipales, le parti a fait élire un conseiller à Bobigny, en Seine-Saint-Denis, après avoir rallié la liste de Stéphane de Paoli (UDI). Il a ensuite présenté, sans succès, des candidats aux départementales et régionales de 2015, aux législatives en 2017 et aux européennes de mai. Leur liste baptisée «Une Europe au service des peuples» n’a obtenu que 0,13 % des suffrages. Insignifiant à l’échelle nationale, ce résultat masque de vraies percées au niveau local, principalement en banlieue : 7,43 % à Garges-lès-Gonesse, 6,77 % à Mantes-la-Jolie ou encore 4,87% à Vaulx-en-Velin. Dans certains bureaux de vote, les chiffres grimpent encore. C’est le cas à Maubeuge, dans le Nord, où la «liste 34» a non seulement récolté 6 % des voix mais a été choisie par 70 électeurs sur 170 dans un des bureaux de vote.

«Sécession»
D’où l’activisme de Xavier Bertrand, président des Hauts-de-France. Contacté par Libération, son cabinet explique «chercher une modalité juridique» pour interdire le dépôt de leur liste. Le président du groupe LR au Sénat, Bruno Retailleau, a annoncé dimanche le dépôt d’une «proposition de loi pour contrer ce qui est une forme de sécession». Une interdiction écartée par le gouvernement. «Il n’existe pas de liste communautaire. Personne ne se revendique ainsi, a fait valoir Christophe Castaner. Et le fait d’avoir une religion ne vous empêche pas de faire de la politique, y compris à des élections municipales.» Mais le procès en communautarisme est lancé, y compris par des ministres. Juste après les européennes, Gérald Darmanin, ancien maire de Roubaix devenu ministre du Budget, allait jusqu’à évoquer un «programme contraire à la République».
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MessageSujet: Re: On en parle   On en parle EmptyLun 21 Oct 2019, 22:54

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Dette, fraude fiscale, délinquance, code du travail, écologie, moralisation de la vie publique : le programme de l’UDMF égrène pourtant les sujets habituels pour des municipales. On y trouve toutefois quelques références à l’islam : promotion de la «finance islamique», qui bénéficie déjà d’aménagements fiscaux, développement du marché halal, de l’enseignement de l’arabe à l’école ou encore lutte contre l’islamophobie en Europe et fin du blocus de Gaza. «On ne s’interdit aucun sujet, explique Karima (1), candidate dans le Val-de-Marne. C’est réducteur de nous limiter à ces revendications, mais pourquoi le mot "musulman" nous empêcherait d’en parler ?» Le mot «musulman», justement, est considéré par l’UDMF, qui se classe au centre gauche, comme une revendication politique et non l’expression d’une confession. «C’est important car on nous reproche souvent de ne pas être assez impliqués, explique M., candidat à Guyancourt. On est musulmans, mais on est français, on peut apporter quelque chose à la France. C’est ça qu’on montre avec le nom du parti.» Azergui assure d’ailleurs que l’association des mots «musulmans» et «démocrates» irriterait les tenants d’un islam politique.

Parmi la dizaine de candidats interrogés par Libé, aucun n’aborde la religion dans son aspect confessionnel. «On n’est pas là pour instaurer la charia en France», plaisante l’un d’eux. Aspirants maires, ils parlent insécurité, choix budgétaires, développement d’une zone commerciale ou encore installation d’un visiophone devant une école. Zéro mention d’une introduction du halal dans les cantines. «Il y a déjà des menus sans porc, si ça se passe bien comme ça, pas besoin de changer», justifie Fabrice, candidat à Châtellerault. Doctorant travaillant sur les évolutions géopolitiques de la Seine-Saint-Denis, Wilfried Serisier a suivi le parti dès 2014. Pour lui, l’UDMF n’est pas un parti religieux : «L’idée d’un projet politique religieux est une représentation utilisée comme une arme contre l’intégration, mais ça n’existe pas en France. La vraie question, c’est l’expression de toutes les composantes de la société française.»

«Elu fantôme»
Le sujet de la représentativité en politique est omniprésent dans le discours des candidats. Nombreux sont ceux qui, passés par les partis traditionnels, ont été déçus. «Beaucoup de personnes parlent en notre nom, explique Ali Benayache, qui vise la mairie de Lyon. La population française de confession musulmane a le droit de s’exprimer.» Une démarche politique d’autant plus importante à leurs yeux que la stigmatisation des musulmans s’accentue. «J’ai eu l’idée de fonder ce mouvement car on tire à boulets rouges sur les musulmans et l’actualité nous donne raison : il y a un rejet assumé», souligne Nagib Azergui. Les propos de Macron évoquant les «signaux faibles» de radicalisation sans les définir au lendemain de l’attentat contre la préfecture de police ont fait des dégâts. «Il faut que les musulmans parlent de leur ressenti en tant que citoyens mais aussi en tant qu’appartenant à une religion dépeinte ainsi», ajoute Ali Benayache.

«J’ai grandi dans le christianisme, je me rends compte du deux poids deux mesures. On a l’impression qu’ils vont mettre un croissant jaune sur les musulmans», lâche Fabrice, candidat UDMF à Châtellerault. «Ils», ce sont les politiques et les médias, souvent mis en cause, parfois avec des accents complotistes problématiques. Dans le Foulard déchaîné, la revue de l’UDMF, on compare ainsi le cas Ramadan à l’affaire Dreyfus «mais en pire» et on défend le prof de sciences islamiques visé par quatre plaintes pour viol.
Mais au-delà de l’islamophobie, qui concentre toute leur attention, difficile de saisir le projet politique de l’UDMF. Certains candidats tâtonnent à la recherche d’une vision, d’autres avouent leur méconnaissance des sujets locaux. Et sur le terrain, personne ou presque ne semble avoir constaté la présence du mouvement. «C’est un parti parasite. A chaque élection, ils sortent du bois pour se faire une petite notoriété puis disparaître», s’agace un responsable de l’opposition à Bobigny, où l’UDMF a fait élire un conseiller municipal en 2014 en ralliant l’UDI, après une tentative ratée de candidature en solo.
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MessageSujet: Re: On en parle   On en parle EmptyLun 21 Oct 2019, 22:55

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«Abstentionnisme»
Nizarr Bourchada, conseiller municipal UDI à Brie-Comte-Robert, en Seine-et-Marne abonde : «A chaque fois, l’UDMF procède de la même façon : il y a un effet d’annonce, puis rien.» En 2015, il a adhéré à l’UDMF - «j’étais déjà à l’UDI mais je me suis dit : pourquoi pas les aider à se structurer ?» -, mais il démissionnera trois mois après. Avec le recul, Bourchada estime que l’UDMF ne s’est toujours pas structurée. «Pour les européennes, ils ont eu beaucoup de mal à trouver des candidats. A la fin, ils présenteront seulement une ou deux listes», promet-il. Dans certaines villes en effet, les futures têtes de liste avouent ne pas être sûres d’être prêtes pour février. «Ce n’est pas la bonne méthode, ça renvoie un message de division, juge le conseiller municipal de Brie-Comte-Robert. Pour les municipales, on est sur des problématiques locales donc l’étiquette avec le mot musulman n’a pas lieu d’être.» Une forme de «repli identitaire» qui fragiliserait la conception française d’une communauté nationale indivisible et alimenterait l’islamophobie. «Les gens vont dire "attention, danger, communautarisme" et ça va se retourner contre les musulmans», déplore M’hammed Henniche, secrétaire de l’Union des associations musulmanes de Seine-Saint-Denis.

Certains accusent déjà l’UDMF de faire le jeu du Rassemblement national. A Maubeuge par exemple, dont le parti de Marine Le Pen a fait une de ses priorités. Député RN du Nord, Sébastien Chenu confirme cette volonté d’instaurer un face-à-face : «On soigne tout particulièrement le choix des candidats et le programme parce que demain, si c’est pas nous, ce sera eux.» Les candidats UDMF ont en réalité bien peu de chances de prendre place dans les conseils municipaux. «Le but ce n’est pas tant d’exercer des mandats que de peser dans le débat», avoue d’ailleurs Jean Préau, le secrétaire général du parti.

«Le vote musulman n’existe pas, ce qui progresse, c’est surtout l’abstentionnisme», souligne Franck Frégosi, directeur de recherches au CNRS, spécialiste du culte musulman. A Gennevilliers (Hauts-de-Seine), où la liste UDMF a fait près de 6 % aux européennes, le maire rappelle que ce score correspond à 519 voix et qu’il est inversement proportionnel à l’opposition qu’il provoque. Pour ses fondateurs, c’est justement la violence de ces réactions, révélatrice d’une crispation autour de l’islam, qui justifie l’existence du parti. L’UDMF ne serait qu’une réponse politique à un problème politique. C’est d’ailleurs l’un de leurs slogans. «On les disqualifie en les qualifiant de communautaristes, alors que dans la mesure où il y a des groupes qui subissent des injustices en tant que tels, il paraît logique qu’ils s’organisent politiquement pour les combattre, explique Angéline Escafré-Dublet, maîtresse de conférences en sciences politiques à Lyon-II. Toutes les catégories de dominés utilisent l’action politique, c’est une démarche tout à fait légitime.»

(1) Le prénom a été modifié.
https://www.liberation.fr/france/2019/10/21/l-udmf-le-parti-musulman-qui-derange-la-droite_1758967
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MessageSujet: Re: On en parle   On en parle EmptyMar 22 Oct 2019, 01:53

En vente cette semaine en kiosque, Marianne #1179 du 18 au 24 octobre 2019:

On en parle Marian10
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MessageSujet: Re: On en parle   On en parle EmptyMar 22 Oct 2019, 19:42

Municipales 2020 : pourquoi les « listes communautaristes » font débat
Xavier Bertrand, Sébastien Lecornu et Bruno Retailleau ont alerté sur la présence aux élections de mars prochain de candidats qu’ils qualifient de « communautaristes », notamment issus de l’Union des démocrates musulmans français (UDMF).
Par Nicolas Berrod, le 22 octobre 2019
(..)
Quelles sont les ambitions de l'UDMF aux municipales 2020 ?
Le parti, qui revendique un petit millier d'adhérents et a fait élire un conseiller municipal en 2014 à Bobigny (Seine-Saint-Denis), ambitionnait ces derniers jours de présenter « une cinquantaine de listes » au scrutin de mars prochain. Un objectif qui pourrait finalement être dépassé, selon le président du parti, Nagib Azergui. « De plus en plus de gens nous entendent et nous rejoignent », nous assure-t-il.
Pour rappel, les partis ont généralement jusqu'à deux semaines avant un scrutin pour déposer leurs listes de candidats. L'abstention étant toujours beaucoup moins forte aux élections municipales qu'aux européennes, il sera particulièrement intéressant de comparer les deux scores réalisés par l'UDMF.

Que lui reproche-t-on ?
Xavier Bertrand a estimé dans le JDD que « ces listes veulent placer les lois religieuses au-dessus des lois de la République, en faisant pression sur les municipalités ». « Il y a un islam politique en France qui construit une contre-société à visée séparatiste », a renchéri ce mardi matin sur RMC et BFMTV Bruno Retailleau.
Ces élus reprochent à l'UDMF son programme (dont une version est téléchargeable sur son site ), qui ne s'adresserait qu'aux musulmans, en citant certaines mesures qui font référence à l'islam.
Concernant la loi interdisant le voile à l'école, l'UDMF estime par exemple qu'« un état dit démocratique et laïc, interdisant à une élève voilée d'avoir accès à la connaissance, à une nounou portant le voile de garder des enfants, est en totale contradiction avec nos valeurs présumées. ».
Le parti souhaite aussi développer la « finance islamique » et le marché halal. Tout en voulant rassurer : « Le tout halal est le fantasme de nos détracteurs. Chacun est libre de consommer comme bon lui semble ».
Il faudra encore patienter quelques semaines pour avoir une liste précise des mesures que défendront les candidats de l'UDMF aux municipales. « On a le même agenda que tous les partis. On est encore dans la phase 1 de discussion et d'échange avec les concitoyens », assure le président du parti.
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MessageSujet: Re: On en parle   On en parle EmptyMar 22 Oct 2019, 19:43

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Que répond l'UDMF ?
Nagib Azergui se défend de tout « communautarisme » musulman. « Ce qu'on propose recouvre les volets traditionnels d'un programme pour les municipales : la petite enfance, la sécurité, la culture, le sport, les seniors, la santé, etc. Les citoyens de confession musulmane ont les mêmes préoccupations que tous les Français », argue-t-il.
Concernant l'étiquette de « musulmans » inscrite dans l'intitulé même du parti, Nagib Azergui rétorque qu'il se voit comme un équivalent du Parti chrétien-démocrate (PCD). « Ce parti a 'musulmans' dans son nom, mais je pense qu'il accepte toutes les voix, d'où qu'elles viennent », ajoute Claude Dargent.

Peut-on interdire à un parti de présenter des listes aux élections ?
Ces éléments peuvent-ils suffire à interdire à ce parti de présenter des listes, comme le demandent Bruno Retailleau et Xavier Bertrand ? Au niveau juridique, rien n'est moins sûr. « Aucun critère légal ne permet à l'Etat d'interdire un parti de présenter une liste politique, sauf en cas d'appel à la haine ou à la violence », pointe Romain Rambaud, professeur de droit public à l'Université Grenoble-Alpes.
Xavier Bertrand a proposé d'ajouter dans l'article 4 de la Constitution, qui régit les partis politiques, le « respect de la laïcité » à ceux « de la souveraineté nationale et de la démocratie ». « Mais le principe de laïcité ne veut rien dire, et ça s'opposera à celui de la liberté d'expression », estime Romain Rambaud. Lors des élections régionales de 2010, le Conseil d'Etat avait par ailleurs jugé valable la candidature d'une femme voilée sur une liste du Nouveau parti anticapitaliste.

Bruno Retailleau estime de son côté que l'UDMF bafoue le principe de la « République indivisible ». « Cette indivisibilité concerne d'abord la cohérence territoriale, et pas l'unité du peuple français », considère Jean-Philippe Dérosier, constitutionnaliste et professeur agrégé de droit public à l'université de Lille.
Christophe Castaner l'a lui-même reconnu, le 7 octobre, sur France Inter : « Le fait d'avoir une religion ne vous empêche pas de faire de la politique, y compris à des élections municipales. »
L'entourage de Sébastien Lecornu, interrogé par Le Parisien, prend bien soin de se distinguer de Bruno Retailleau et de Xavier Bertrand concernant leur proposition d'interdire ces listes communautaristes : « Pour nous, l'interdiction c'est 'l'arme nucléaire', en dernier recours. Ces listes prônent des idées sur lesquelles on n'est pas d'accord, battons-nous déjà pour les empêcher de faire un score important. »

http://www.leparisien.fr/politique/municipales-2020-pourquoi-les-listes-communautaristes-font-debat-22-10-2019-8177961.php
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