Thuringe: appel pour un nouveau scrutin après l’élection avec les voix de l’extrême droite
Angela Merkel a congédié samedi 8 février un membre de son gouvernement. Le dirigeant élu avec les voix de l’AfD a démissionné.
Par Pierre Avril
Publié hier à 17:34, mis à jour hier à 17:34
L’onde de choc de l’élection allemande en Thuringe avec les voix de l’extrême droite n‘en finit pas de se propager dans la classe politique. Sitôt retournée de sa visite officielle en Afrique du Sud, Angela Merkel a mis fin aux fonctions du secrétaire d’Etat chargé des relations avec les ex-länder de l’Est, dont fait partie la Thuringe. Ce dernier, Christian Hirte, qui était rattaché au ministère de l’Economie, avait commis l’erreur, mercredi 5 février, de féliciter le nouveau président libéral de la région, Thomas Kemmerich. «Ton élection comme candidat du centre», avait tweeté ce haut dirigeant, «montre encore une fois que les citoyens de Thuringe ont rejeté les Verts et les Rouges», du nom de la coalition adverse composée des sociaux-démocrates, de la gauche radicale et des Verts. Son candidat, Bodo Ramelöw (die Linke), avait été battu d’une voix, à cause d’un report massif des suffrages de l’AfD sur son adversaire.
L’expression «candidat du centre» pour désigner ce dernier avait mis le feu aux poudres. L’intéressé, Thomas Kemmerich, a officiellement démissionné de ses fonctions, samedi à Erfurt, capitale de la Thuringe, précisant que sa décision avait un «effet immédiat».
La CDU fragilisée
Parallèlement les chefs des deux partis de la coalition au pouvoir CDU et SPD, se sont réunis à Berlin pour rappeler le caractère «impardonnable» de l’alliance électorale conclu avec l’AfD, reprenant ainsi les propres termes utilisés par Angela Merkel, deux jours plus tôt. Les dirigeants sociaux et chrétiens-démocrates ont exigé la convocation de nouvelles élections dans la région. Mais cet appel pourrait ne pas suffire. Dans l’immédiat, un nouveau chef de l’exécutif régional doit être désigné, sans les voix de l’extrême droite cette fois-ci. Or, les partis s’affrontent toujours sur la constitution d’une nouvelle coalition électorale susceptible de recueillir une majorité. La CDU d’Angela Merkel ressort très fragilisée de cet épisode, et en premier lieu sa présidente, et dauphine de la chancelière, Annegrett Kramp Karrenbauer.
Les dirigeants SPD ne ménagent pas leurs critiques contre AKK, qualifiée de «Reine sans pays», incapable de faire régner la discipline dans son parti. Celui-ci commence à se déchirer entre son aile sociale, qui dénonce les rapprochements avec l’extrême droite et son aile radicale qui les encourage. «Nous n‘avons pas besoin de troupes auxiliaires de l’AfD dans nos rangs», a lancé dans le Handelsblatt, Christian Bäumer, vice-président de l’Association des employés chrétiens démocrates (CDA). En Thuringe, en revanche, plusieurs élus CDU seraient prêts à collaborer avec l’extrême droite dont le chef dans la région, Bjorn Höcke, est qualifié à Berlin de «nazi». Ils semblent prêts à s’opposer à de nouvelles élections.
La convocation d’un second scrutin doit nécessiter l’aval des trois quarts des députés de l’hémicycle d’Erfurt, une majorité qui manifestement fait encore défaut. Samedi, le SPD a demandé à son partenaire de gouvernement de «clarifier» davantage sa ligne vis-à-vis de l’extrême droite.
-----------------------
On devrait "démocratiquement" retirer le droit de vote aux électeurs qui votent mal !