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 Mon mari est devenu ma femme

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a.nonymous




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MessageSujet: Mon mari est devenu ma femme   Mon mari est devenu ma femme EmptyDim 09 Fév 2020, 13:40

Même si j'ai assimilé que les histoires de chromosomes X et Y que l'on m'a appris à l'école étaient complètement dépassées, j'ai parfois un peu de mal à suivre les évolutions de notre société...


Citation :
« Je l’ai vécu comme un tsunami » : « Je l’ai vécu comme un tsunami » : mon mari est devenu ma femme

Par Pauline Thurier Publié le 07 février 2020

Chaque samedi, c’était le même rituel. Lorsque Christine Denaes claquait la porte pour partir travailler à la pharmacie, Béatrice sortait le carton caché dans la gaine technique de la maison familiale et enfilait les vêtements féminins qu’elle avait achetés en ligne. Béatrice Denaes pouvait alors être elle-même. A l’époque, journaliste à France Info, Béatrice s’appelait Bruno et vivait encore dans le corps d’homme qui était le sien depuis sa naissance.

Mais, en 2012, après plus de trente ans de mariage, Béatrice Denaes annonce à son épouse Christine qu’elle est une femme transgenre, soit une personne qui ne se reconnaît pas dans le genre assigné à sa naissance. « Je n’ai pas fait exprès, ce n’est pas un phénomène de mode, ce n’est pas pour se faire plaisir ou pour emmerder le monde », se justifie-t-elle, à propos de cette nécessité de changement qui s’est imposée à elle.

« Je l’ai vécu comme un tsunami », se souvient Christine Denaes. Après tant d’années de vie commune, deux enfants élevés ensemble, des projets, des voyages, une maison, elle choisit de rester, au nom de la tendresse qui les unit toujours. Mais un tel bouleversement ne va pas sans déstabiliser l’équilibre familial.

« J’avais peur que les enfants nous abandonnent », confie Christine. Dans un couple, cette période de transition pendant laquelle une personne transgenre traverse de nombreux changements devient alors une aventure à part entière, dans laquelle le conjoint et l’entourage proche ont rarement choisi de s’embarquer. Ils peuvent en être tout aussi bien les passagers malgré eux que les seconds rôles essentiels.

Entreprendre une transition implique en effet de nombreuses démarches administratives, pour changer le prénom et le marqueur de genre sur les papiers officiels, qui sont plus supportables lorsqu’on est soutenu. Des rendez-vous médicaux aussi, selon les interventions chirurgicales envisagées. A cela s’ajoutent un traitement hormonal et un bouleversement social qui nécessite de confronter son entourage personnel et professionnel à sa nouvelle identité. Les personnes trans ne choisissent pas forcément de passer par toutes ces étapes.

Après s’être habituée à voir Béatrice habillée avec des vêtements féminins à la maison, Christine a accepté de déambuler en sa compagnie, non sans une certaine réticence. « Les premières fois où nous sommes sorties, j’avais l’impression que tout le monde nous regardait », avoue-t-elle. Une impression qui s’est estompée avec le temps. « Aujourd’hui, ça m’est égal. »

Toutefois, la pharmacienne, désormais retraitée, refuse encore de considérer que Béatrice est sa femme. « Non, je ne suis pas lesbienne, dit-elle d’un ton assuré. Je parle de mon ex-mari, ou de mon amie. Parfois, je dis même que c’est ma belle-sœur. » Sept ans après l’annonce de sa transidentité, Béatrice Denaes est heureuse que son épouse l’ait acceptée sans demander un divorce qui l’aurait « détruite ».


Sept ans, c’est peut-être le temps qu’il faudra à Laura et Virginie Kerivel pour retrouver un quotidien ordinaire. Virginie a du mal à se faire à l’idée que « son mari » – comme elle continue régulièrement de l’appeler – est une femme transgenre. « Mon deuil n’est toujours pas fini et il ne le sera jamais. J’ai du mal à dire “ma femme”, alors qu’avant je disais “mon mari” », confie-t-elle.

A l’autre bout du tandem, Laura Annabelle Kerivel, une ingénieure en bâtiment de 43 ans, fait preuve de patience, sur les conseils de sa psy. « J’ai mis huit ans à comprendre et à accepter qui j’étais. Je ne peux pas demander à ma femme de le faire en quelques mois. Elle va peut-être avoir besoin d’autant de temps. » La terminologie, la manière dont on nomme l’autre, est ici loin d’être anecdotique. Du point de vue du conjoint, l’acceptation de ce processus de transition peut se faire sentir au travers d’une petite révolution pronominale qui est loin d’être anodine, le passage du « il » au « elle », ou du « elle » au « il ».

Deux ans et demi après lui avoir expliqué sa transidentité, Laura continue de se crisper quand Virginie emploie son prénom masculin pour parler d’elle au passé. Mais certaines situations lui paraissent si cocasses qu’elle parvient à les raconter avec humour. « L’autre jour, nous étions au restaurant, et Virginie discutait avec un homme, relate Laura. Elle m’interpelle pour que je les rejoigne : “Laura ! Laura !” Une fois arrivée à leur niveau, Virginie regarde l’homme et lui dit : “Je vous présente mon mari”. » Elles éclatent de rire en se souvenant du regard interloqué de leur interlocuteur.
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a.nonymous




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MessageSujet: Re: Mon mari est devenu ma femme   Mon mari est devenu ma femme EmptyDim 09 Fév 2020, 13:42

Citation :
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Ce couple habitant une maison isolée près de Nîmes ne le cache pas : vivre cette transition est une étape difficile. Les deux enfants de Virginie et Laura partagent le même sentiment, ayant même craint un temps que leurs parents divorcent. « En tant que femme, lorsqu’on apprend que son mari va changer de sexe, quand on est 100 % hétéro, c’est difficile à accepter, explique Virginie. Mais bon, je me disais que je n’avais pas envie de refaire ma vie avec une autre personne. Ça fait tellement d’années qu’on est ensemble, qu’on a vécu des difficultés ensemble, que je me suis dit : pourquoi je n’arriverais pas à surmonter ça ? »

Pour un couple, la transition a bien souvent des allures de combat, comme s’il fallait à la fois changer sur le plan de l’identité, tout en luttant sur un autre front, celui de la vie à deux, pour préserver ce qui a été. Pendant de long mois sans contact physique, Laura et Virginie ont ainsi cohabité plus qu’elles n’ont réellement vécu ensemble, avant de retrouver progressivement le chemin de la vie à deux. « Pendant un an et demi, juste après mon coming out, nous vivions ensemble mais nous n’étions pas vraiment ensemble, raconte Laura Kerivel. Puis, on a adapté l’amour et nous restons un vrai couple. »

Au quotidien, au niveau de l’organisation du foyer et de l’éducation de leurs enfants, rien n’a changé. Enfin si : « Je l’aide beaucoup plus pour le ménage, je cuisine davantage le soir pour les enfants », avoue Laura.

Dans leur relation, une nouvelle forme de complicité est née, au travers d’un rapprochement autour de la question de la féminité : elles aiment désormais courir les boutiques ensemble. « On se fait aussi les ongles toutes les deux ! », se réjouit Laura Kerivel.

Dans la transition de Laura, Virginie occupe une place importante. Elles ont choisi en commun le deuxième prénom de Laura (Annabelle) et Virginie la conseille tous les jours sur ses vêtements, son maquillage ou sur des manières de se tenir qu’elle estime, à l’occasion, ne pas être « assez féminines ».

En revanche, pour le moment, il n’est plus question de relations sexuelles entre elles. « Quand on est sur le canapé, elle me dit : “Je ne peux pas te caresser, je ne peux pas caresser une femme. Ça me dégoûte de te toucher.” C’est dramatique pour moi », reconnaît Laura, qui a du mal à supporter ce rejet. Chaque petit geste tendre a donc des allures de victoire. Depuis quelques semaines, Virginie lui demande de nouveau de lui tenir la main et de l’embrasser en public. « Les choses évoluent au rythme de Virginie », décrit Laura, qui garde l’espoir que « quelque chose » se repasse un jour avec sa femme.


Entre Nicolas et Sarah, la question a été réglée en l’espace de quelques mois. Sans attirance physique, pas de relation. Tous deux âgés de 27 ans, ils se présentent comme un couple qui était « extrêmement soudé ». Après trois années de relation idéale, ils avaient des projets d’enfants, de maison… Jusqu’à ce que Nicolas commence à se poser des questions sur son identité de genre en mars 2019.

Aujourd’hui encore, Nicolas navigue entre une identité masculine et une identité féminine, c’est pourquoi, avec son accord, nous le genrons au masculin. « Je lui ai dit que j’avais besoin de sortir des clichés masculins, détaille-t-il. Je voulais me laisser pousser les cheveux, me raser les jambes, porter des pantalons plus moulants. » Sarah n’y voyait alors pas d’inconvénient.

Pourtant, au fil du temps, alors que la transformation se concrétise, un constat se dessine. « Plus je me féminisais, moins je lui plaisais », se souvient Nicolas.

Au nom des années de vie ensemble et de l’amour que l’on se porte, on pense au départ que la disparition de l’attrait physique est une difficulté que l’on réussira à surmonter. Mais le volontarisme n’est pas la seule variable de l’équation. Pour celui des deux qui n’est pas en transition, la transformation du conjoint est en premier lieu une révolution visuelle qui peut affecter profondément le désir.

« De le voir mettre des leggings, c’était de plus en plus perturbant pour ma santé psychologique. Du coup, je suis tombée moi aussi en dépression. Je n’arrivais pas à accepter de ne pas être attirée physiquement par l’homme qui partageait ma vie », confie Sarah.

S’apercevant que ces changements déplaisent à sa compagne, Nicolas tente de lutter. « Mon couple était plus important que mon identité de genre au début. Aujourd’hui, confie-t-il, j’en suis à un cap où je ne me reconnais plus du tout dans ce tissu masculin, dans ce que j’étais avant. Ça me paraît être quelque chose de totalement étranger. »

Après avoir chacun eu un passage à vide, Nicolas et Sarah décident finalement de se séparer. « Lui n’était pas bien parce qu’il ne pouvait pas être pleinement lui et moi je n’étais pas bien parce que je n’arrivais pas à accepter le fait qu’il veuille changer », résume Sarah.
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Dernière édition par a.nonymous le Dim 09 Fév 2020, 13:53, édité 1 fois
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a.nonymous




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MessageSujet: Re: Mon mari est devenu ma femme   Mon mari est devenu ma femme EmptyDim 09 Fév 2020, 13:44

Citation :
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Tous deux se disent déchirés par cette situation. « On rêverait de pouvoir continuer à vivre ensemble, affirme Nicolas. Mais on n’y arrive vraiment pas. » Nicolas s’apprête à consulter un endocrinologue qui pourra le guider pour entamer sa transition, ne se sentant pas appartenir encore pleinement au féminin. Il reste persuadé que « l’amour inconditionnel » qu’ils ressentent l’un pour l’autre ne disparaîtra pas. Ce qui est mort, c’est simplement l’idée du couple, au sens traditionnel, avec sa dimension presque obligée d’attirance charnelle.


Pour Julie, pharmacienne de 35 ans, la transition de Mika a été moins difficile à accepter, bien qu’elle ne se soit pas passée sans encombre.

Après avoir coché toutes les cases d’une vie de couple classique (mariage, enfant), Julie et Mika finissent par acheter une maison. Alors qu’elle figure une forme d’aboutissement chez certains, pour Mika, cette accession à la propriété a des allures de cul-de-sac. « Quand on est arrivées dans cette maison, je me suis rendu compte que j’étais au bout du chemin, mais que les choses n’allaient pas mieux, j’avais toujours ce problème d’identité de genre qui était là. J’imaginais qu’avec le temps ça passerait, mais non, ce n’est pas comme ça que ça marche. »

Mal dans son genre, angoissée à l’idée de perdre sa femme si elle fait état de son trouble identitaire, Mika devient distante, irritable. Les engueulades se multiplient jusqu’à ce que Julie l’encourage à aller voir un psy, ce qui lui permet de « crever l’abcès ».

Au moment où Mika exprime enfin son désir d’avoir un corps en adéquation avec son genre, Julie tombe enceinte de leur deuxième enfant. Ainsi, la transition passe en arrière-plan. Avec les biberons et les changements de couche, ce nouveau-né a eu l’effet d’un « rayon de soleil », ciment venant raffermir les fondations de la vie à deux.

Dans ce qui pourrait apparaître, vu de loin, comme un conte de fées trans, l’étape la plus pénible a été, d’après Julie, de devoir accepter une autre « personne féminine » au sein du couple. Pour elle, qui dit ne pas être « en phase » avec sa propre féminité, pas facile de voir sa compagne adopter des marqueurs de genre très affirmés, faisant assaut de coquetterie : « Je suis quelqu’un qui aime bien aller au plus vite, qui ne va pas se maquiller pour paraître le plus simple possible, raconte Julie. Le plus dur au début était de voir Mika très féminine, se parfumer, faire attention à ses vêtements, une ado quoi. Je n’arrêtais pas de me dire : “Mais moi, je suis quoi par rapport à elle ?” »

Aujourd’hui, ces craintes se sont apaisées et Mika et Julie assurent que leur relation est plus saine et heureuse qu’auparavant. Elles partagent même aujourd’hui une vie intime. Dans les échanges du quotidien, il n’est jamais question de Mika au masculin, sauf quand les enfants l’appellent « papa ». « “Papa”, c’est un terme auquel je tiens beaucoup parce que c’est un titre qu’on obtient, explique Mika. On espérait basculer sur un autre terme moins genré, mais c’est tellement fort affectivement pour un enfant que c’est resté “papa”. »
https://www.lemonde.fr/m-perso/article/2020/02/07/je-l-ai-vecu-comme-un-tsunami-mon-mari-est-devenu-ma-femme_6028800_4497916.html

Citation :
Des chiffres flous

Il n’existe pas de données précises sur le nombre de personnes transgenres en France. Les derniers chiffres officiels proviennent de la Haute Autorité de santé (HAS) et datent de 2009. La HAS estimait alors le nombre de personnes transgenres en France entre une personne sur 10 000 et une personne sur 50 000. Toutefois, l’Observatoire des transidentités indique que ce chiffre est forcément erroné car il ne comptabilise pas les personnes qui ont eu recours à une transition à l’étranger ou bien qui n’ont pas utilisé de techniques médicales pour leur transition. Ce site indépendant, valorisant les études trans et géré par Maud-Yeuse Thomas, chercheuse dans les études de genres, et la sociologue Karine Espineira, précisee : « Si l’on fait entrer le critère de l’autodétermination, c’est-à-dire des personnes qui se définiraient dans la transidentité, les chiffres explosent. » Par ailleurs, l’Observatoire met en avant l’estimation de Chrysalide, une association militant pour les personnes transgenres à Lyon, qui avance, après un travail de terrain, le chiffre de 80 000 personnes trans.

Pauline Thurier
https://www.lemonde.fr/m-perso/article/2020/02/07/je-l-ai-vecu-comme-un-tsunami-mon-mari-est-devenu-ma-femme_6028800_4497916.html
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MessageSujet: Re: Mon mari est devenu ma femme   Mon mari est devenu ma femme EmptyDim 09 Fév 2020, 14:11

Citation :
L’hétérosexualité, c’est terminé ?

Publié 09.02.2020

« Sortir de l’hétérosexualité » : le programme de la seconde édition du festival Des sexes et des femmes, en septembre dernier à Paris, pouvait difficilement passer inaperçu. De fait, la polémique ne s’est pas fait attendre ! Les conservateurs ont immédiatement dégoupillé le spectre du séparatisme, de l’hystérie et de l’effondrement de la civilisation, de manière plus ou moins caricaturale (l’interrogation chez Valeurs actuelles, l’outrage chez Marianne). Et pourtant. Virginie Despentes le déclarait elle-même au Monde en 2017 : « Sortir de l’hétérosexualité a été un énorme soulagement. »

Si l’icône du féminisme français a franchi le pas, pourquoi pas vous, pourquoi pas moi ? L’idée de se passer des hommes fait son chemin : sous la plume de Juliet Drouar pour Mediapart, dans les pages du Globe and Mail, dans la vie privée de militantes. Certaines femmes renoncent carrément au sexe. Elles expriment leur ras-le-bol dans le magazine Slate, dans le Guardian, dans l’essai Les Corps abstinents, d’Emmanuelle Richard (Flammarion, 288 p., 19 €, parution la semaine prochaine).

Cette médiatisation est d’autant plus remarquable qu’elle s’effectue à l’approche d’une Saint-Valentin aux codes un chouïa embarrassants, reposant sur un folklore romantique manifestement coincé dans les années 1950 (monsieur se fend d’un cadeau calorique ou de couleur rouge, madame joue les gigots d’agneau dans sa guêpière made in China).

Le constat est amère : mouvement #metoo ou pas, le modèle amoureux comme le modèle sexuel peinent à s’adapter aux avancées féministes. La penseuse Peggy Sastre portait d’ailleurs cette critique dès 2018, dans un essai au titre lapidaire : Comment l’amour empoisonne les femmes (éditions Anne Carrière). Quelques mois plus tard, la philosophe Manon Garcia en remettait une couche dans son ouvrage On ne naît pas soumise, on le devient (Flammarion).

Les enjeux sont considérables, et bousculent des consensus auparavant inamovibles. Résumons : 1) le lesbianisme politique et le féminisme séparatiste, qui incarnaient le repoussoir absolu, gagnent progressivement en respectabilité. 2) L’orientation sexuelle, considérée comme une donnée impossible à déconstruire, est désormais sujette à des reconstructions.

Que s’est-il passé, ces cinq dernières années, qui ait favorisé un tel retournement ? Eh bien, non seulement les études de genre ont conquis une solide assise médiatique (impossible de comprendre le mouvement #metoo sans disposer de cette grille de lecture), mais cette évolution s’est produite précisément quand les marges ont commencé à interroger les normes (la masculinité, la blanchité, la complémentarité hommes-femmes).

Autrefois perçue comme naturelle, l’hétérosexualité se voit renvoyée à une simple option. Ces thèses sont soutenues par l’histoire et l’anthropologie (comme l’Antiquité grecque l’a démontré, on peut bâtir une civilisation brillante sans norme hétérosexuelle), par la décorrélation du biologique et du social (prétendre qu’il faille se marier et vivre ensemble pour qu’un spermatozoïde soit absorbé par un ovule serait aberrant, l’espèce n’a donc pas besoin de système hétérosexuel), et par une critique du « dressage » hétérosexuel (si la majorité d’entre nous sont attirés par le sexe « opposé », c’est parce que, des contes de fées aux films hollywoodiens, des clubs sportifs aux maisons de retraite, des parents aux copains, tout nous y engage de manière implicite).

Venons-en donc aux actes d’accusation : que reproche-t-on au couple homme-femme ? Les charges sont abordées avec une grande clarté dans le podcast « Adieu, monde hétéro », qui donne la parole à des dissidentes. Je vous recommande notamment les témoignages de Sarah et Roxane. La première évoque une hétérosexualité du « michetonnage » constant, où chaque geste de tendresse se monnaie à coups de rapports pas toujours désirés. Le couple n’existe alors que pour fournir de la gratification sexuelle aux hommes. La seconde décrit une triple oppression économique, domestique et sexuelle.

Se dessine alors, en creux, le portrait d’hommes pas forcément méchants mais égoïstes et immatures (ironiquement, ces arguments recoupent pile-poil ceux des hommes du mouvement MGTOW, « men going their own way », qui dressent le même constat d’une incompatibilité fondamentale... mais en leur défaveur).
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MessageSujet: Re: Mon mari est devenu ma femme   Mon mari est devenu ma femme EmptyDim 09 Fév 2020, 14:12

Citation :

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La cohabitation homme-femme est présentée comme intrinsèquement violente et contre-productive. Car coucher avec le dominant, c’est coucher avec l’ennemi, tout en renforçant son pouvoir. Pour citer la militante Juliet Drouar, fondatrice du fameux festival Des sexes et des femmes : « Le couple hétérosexuel (...) met une personne dominante en vis-à-vis et en huis clos avec une personne structurellement dominée par “il”. Comment mieux surveiller, exploiter et punir ? L’hétérosexualité propose basiquement que le dominant puisse, à l’abri des regards, toujours surveiller la dominée, même quand elle dort. » La messe est dite : le couple met les femmes en danger (malheureusement, la réalité statistique des viols et des féminicides valide cette opinion).

De manière moins dramatique, certaines dissidentes décrivent leur lassitude face à des hommes qu’il va falloir « éduquer » : batailler sur les tâches ménagères, expliquer le concept de charge mentale, inclure dans les choix contraceptifs, éveiller aux dynamiques de pouvoir, etc. De fait, convertir un homme en début de transition féministe est épuisant (surtout quand on mène déjà ces combats par ailleurs). Face au risque de burn-out militant, certaines préfèrent quitter le navire.

Enfin, les dissidentes évoquent une sexualité infligée selon des modalités strictement masculines : les rapports sont considérés comme un dû, y compris quand la répétition de la pénétration vaginale tue le désir (c’est exactement ce que décrit le magazine Time cette semaine). Non seulement cette sexualité phallocentrée est inefficace et humiliante, mais les copains ou maris sont décrits comme manquant d’attrait, de curiosité et de sensualité.

Ces problématiques produisent un ras-le-bol. Légitime. Et une angoisse : comment être encore hétérosexuelle aujourd’hui ? Dans ses émanations les plus condescendantes, le séparatisme va jusqu’à réduire la femme hétéro à une éternelle victime, voire une traîtresse. Quant aux hommes, ils seraient irrécupérables (bisou à tous ceux qui, depuis des décennies, se remettent en question).

Bon. En tant qu’hétéro indéboulonnable, et avec toute ma sympathie pour les dissidentes, ma réponse est simple : si l’hétérosexualité balkanise les femmes, elle balkanise aussi les hommes. Si l’amour menace le féminisme, il ébranle profondément le machisme. Si le couple est un espace où la domination masculine peut s’exercer, il est également un espace où l’émancipation féminine peut faire des miracles – un espace où les femmes regardent les hommes dormir.

Quand on reste hétérosexuelle, on peut retourner les hommes un par un, loin des solidarités masculines. On peut travailler ces problématiques en coopération plutôt qu’en opposition. On peut conquérir des alliés plutôt que d’encourager le ressentiment mutuel.

Les périodes de désespoir militant – et, éventuellement, de mise à distance – sont inévitables. Mais abandonner l’idée même du vivre-ensemble constitue, en soi, une défaite. On ne fait pas la révolution en claquant la porte. On ne s’engage pas en désertant. On ne considère pas comme perdue une bataille non menée. Et surtout, on ne change pas le quotidien sans s’y ancrer intimement.

D’où la nécessaire affirmation d’un hétéro-optimisme : le couple, c’est exactement ce que nous en faisons. L’hétérosexualité nous déplaît ? Elle n’est pas toujours facile, on est d’accord. Mais la quitter sera toujours moins efficace que la métamorphoser de l’intérieur. En commençant – pourquoi pas ? – par la réinvention des codes de la Saint-Valentin. La semaine prochaine, c’est monsieur qui enfile la lingerie.

Maïa Mazaurette
https://www.lemonde.fr/m-perso/article/2020/02/09/l-heterosexualite-c-est-termine_6028942_4497916.html
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MessageSujet: Re: Mon mari est devenu ma femme   Mon mari est devenu ma femme EmptyDim 09 Fév 2020, 21:25

FIGAROVOX/TRIBUNE - Pour la députée Annie Genevard, la vision qu’ont le président de la République et sa majorité de la famille relève d’un déni de réalité.
Par Annie Genevard
Publié le 3 février 2020 à 18:37, mis à jour le 4 février 2020 à 18:02

«Si, pour Emmanuel Macron, un père n’est pas forcément un homme, c’est qu’il peut être une femme» expose la députée Annie Genevard. Jean-Christophe MARMARA/Le Figaro
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Annie Genevard est députée du Doubs et vice-Présidente de l’Assemblée nationale.
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Dans son célèbre roman 1984, Orwell mettait en garde contre un système autoritaire ayant fait de l’emploi de la novlangue et du contre-mot l’un des moyens de sa politique: «la guerre c’est la paix», «la liberté c’est l’esclavage», «l’ignorance c’est la force», etc… Il expliquait ainsi la logique sous-jacente à ce moyen: «Commencez par dénaturer le mot, supprimez-le et la chose disparaîtra». Et si Emmanuel Macron, qui a très certainement lu ce livre, était lui aussi, un adepte de cette négation du réel? La question peut sérieusement se poser après les propos qu’il a récemment tenus à l’Élysée lors d’un repas auquel était conviée, parmi d’autres, Pascale Morinière, présidente des Associations Familiales Catholiques.
Si la mère n’est pas celle qui accouche, rien de très étonnant à ce que le père puisse être une femme.
Alors qu’elle s’étonnait du paradoxe consistant à célébrer les 30 ans de la Convention internationale des droits de l’enfant en faisant voter, «en même temps», une loi de bioéthique dont la mesure phare - l’extension de la PMA aux couples de femmes - privera irrémédiablement l’enfant du droit élémentaire d’avoir un père et une branche paternelle à son arbre généalogique, Emmanuel Macron lui rétorque qu’ «un père n’est pas forcément un mâle». Passons sur l’emploi du substantif «mâle» qui sied certainement mieux au monde vétérinaire qu’à la famille humaine pour se limiter au sujet essentiel: pour que sa politique coïncide un tant soit peu avec l’idée que l’on peut se faire de ce que sont les droits de l’enfant, Emmanuel Macron a décidé de congédier le réel, de s’affranchir de la réalité.

Si, pour Emmanuel Macron, un père n’est pas forcément un homme, c’est qu’il peut être une femme. Il faut le répéter pour saisir l’absurdité du propos: un père peut être une femme. Ainsi, l’enfant né par PMA dans un couple de femmes ne sera pas privé de son père: simplement, son père sera une femme. Dormez braves gens, le Président veille sur vous, «l’ignorance c’est la force» ! Si le sujet n’était pas si sérieux, on pourrait en rire. Cependant, cette fameuse loi de bioéthique qui inquiète tant, et à juste titre, Pascale Morinière, Sylviane Agacinski, Jacques Testart, José Bové, de nombreux autres intellectuels de droite et de gauche, deux mille médecins signataires d’un manifeste et les centaines de milliers de Français qui défilent périodiquement et pacifiquement, est traversée par cette négation du réel. C’est ainsi que le gouvernement et sa majorité - dont le récent épisode du refus de prolongation du congé pour deuil d’enfant mineur a permis de saisir à quel point elle était privée de tout libre arbitre! - ont fait adopter en première lecture à l’assemblée nationale un texte qui prévoit qu’il ne suffit pas d’accoucher pour devenir mère. Si la mère n’est pas celle qui accouche, rien de très étonnant à ce que le père puisse être une femme.

Oui, un père est nécessairement un homme, comme une mère est nécessairement une femme.

Madame Buzyn, qui est vraisemblablement adepte d’Orwell également, n’affirme-t-elle pas, sans plaisanter, que le père pourrait aussi être «la grand-mère»? On ne s’étonne donc pas que Mme la députée Dubost, rapporteur du projet de loi affirme sans ciller «je ne crois pas que ce soit l’intérêt de l’enfant qui pilote le mode d’établissement d’une filiation».

Face à cette tentative de manipulation des esprits, dont il est permis de penser qu’elle n’est pas dénuée d’arrière-pensées électoralistes, sachons redire clairement quelques vérités premières. Oui, il est dans l’intérêt de l’enfant d’avoir un père, et une loi qui entend l’en priver délibérément est inique. Oui, un père est nécessairement un homme, comme une mère est nécessairement une femme, et une loi qui supposerait d’affirmer le contraire pour être comprise serait une loi absurde. Oui, la femme doit pouvoir établir sa maternité à l’égard de l’enfant qu’elle a mis au monde par le seul fait, naturel, de l’accouchement sans avoir à accomplir une quelconque autre formalité, et une loi qui affirmerait le contraire serait une loi régressive. En matière de filiation comme sur de nombreuses autres questions, la formule d’Albert Camus doit être rappelée: «mal nommer les choses, c’est ajouter aux malheurs du monde. Ne pas les nommer, c’est nier notre humanité».
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MessageSujet: Re: Mon mari est devenu ma femme   Mon mari est devenu ma femme EmptyLun 10 Fév 2020, 07:53

a.nonymous a écrit:
Même si j'ai assimilé que les histoires de chromosomes X et Y que l'on m'a appris à l'école étaient complètement dépassées, j'ai parfois un peu de mal à suivre les évolutions de notre société...

Peut être un début d'explication :
Macron pas d'enfant
May pas d'enfant
Merkel pas d'enfant
Juncker pas d'enfant

et la liste n'est pas limitative... si on ajoute les homos, les trans et quelques autres plus les familles recomposées de plus en plus nombreuses, celles monoparentales qui fonctionnent parfois de manière chaotique, sans oublier celles illégales où le père est "partagé" par plusieurs mères et une tripotée de descendants... étonnons nous que la notion de famille traditionnelle soit un peu perdue de vue.
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