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 Benchmarking des salariés

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a.nonymous




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MessageSujet: Benchmarking des salariés   Benchmarking des salariés EmptyMer 24 Oct 2012, 01:11

En cette "Semaine européenne de la sécurité et de la santé au travail 2012 " - http://osha.europa.eu/fr/press/press-releases/all-press-releases - un article intéressant sur Rue 89 à propos de la concurrence entre collègues, ce qu'il est convenu d'appeler dans les entreprises du privé le "benchmarking" des salariés....

J'ajouterai à cet article que si dans le cas de la Caisse d'épargne Rhône-Alpes le benchmarking est "local", dans certaines multinationales ce benchmarking se fait au niveau d'un territoire beaucoup plus large. Ce territoire peut aller jusqu'à une "région" regroupant l'ensemble des pays de la zone EMEA (Europ - Midle Eeast - Africa) et la comparaison peut donc parfois se faire entre salariés de différents pays...

Citation :
Vie de bureau 23/10/2012 à 18h41
Peut-on vous mettre en concurrence avec vos collègues ?

Des juges lyonnais ont estimé que la concurrence permanente et sans objectif, mise en place entre les salariés de la Caisse d’épargne Rhône-Alpes, était dangereuse.

Tous les jours, à n’importe quel moment les 3 000 salariés peuvent observer sur leur écran d’ordinateur les résultats de leurs collègues commerciaux : crédits placés, assurances vendues, etc. Tous les critères – il peut y en avoir une trentaine – sont consignés, raconte Marc Jeannin, délégué du personnel SUD à la Caisse d’épargne Rhône-Alpes :

« Le manager peut savoir et dire à Untel qu’il est à 30% des premiers sur la vente d’assurances vie par exemple, quand c’est la semaine de l’assurance vie et qu’il faut en vendre à tous prix. »

A la Caisse d’épargne Rhône-Alpes, les agences sont comparées entre elles, et les commerciaux aussi, classés dans cinq groupes de performance en fonction de leurs résultats. Mais sans objectif fixé, précise le syndicaliste :

« Il faut faire mieux que les autres, point barre. Peu importe que vous tombiez sur des clients plus difficiles, que vous n’ayez pas vendu de l’assurance vie dans votre entreprise précédente, ou que vous ne travailliez pas douze heures par jour. Vous êtes comparés en permanence à ceux qui surperforment. »

La Caisse d’épargne a mis en place ce système, qu’elle appelle « benchmark », fin 2007. Il permet de déterminer la part variable de la rémunération des commerciaux. Il permet surtout, estime la direction :

« D’identifier les processus les plus efficaces et professionnels pour aider l’organisation à atteindre ses objectifs. »

C’est ce qu’elle a déclaré au tribunal de grande instance de Lyon quand le syndicat SUD du groupe BPCE, auquel les Caisses d’épargne appartiennent, a porté l’affaire en justice.

Et là, surprise, les juges ont donné raison aux représentants des salariés. C’était en septembre dernier.

Des risques pour la santé des salariés

Dans sa décision, le tribunal de grande instance de Lyon rappelle la loi et la jurisprudence : l’employeur doit prendre toutes les mesures nécessaires pour protéger la santé et la sécurité de ses salariés. Si l’employeur a connaissance d’une situation qui altère l’état de santé de l’un de ses salariés, il doit agir au plus vite.

Or, soulignent les juges, les risques pour la santé – stress notamment – d’un tel système ont été dénoncés par l’inspection du travail, les assistantes sociales, un cabinet chargé d’une expertise par l’entreprise et les médecins du travail, dans leurs rapports pour 2008, 2009 et 2010.

Toutes ces instances sont citées par le TGI pour dénoncer :

une multiplication des troubles physiques et mentaux constatés chez les salariés, troubles anxio-dépressifs, accidents cardio-vasculaires, troubles musculo-squelettiques ;

une atteinte à la dignité des personnes par leur dévalorisation permanente ;

un sentiment d’instabilité du fait qu’il n’y a aucune possibilité de se situer ;

un sentiment de honte d’avoir privilégié la vente au détriment du conseil du client (la satisfaction de la clientèle ne représente que 5% de l’évaluation) ;

une incitation pernicieuse à passer outre la réglementation pour faire du chiffre.

« Faire mieux que les autres » pour seule fin

Deux éléments ont particulièrement motivé la décision des juges :

l’absence d’objectif : « Aucun objectif n’est imposé officiellement ni aux agences, ni aux salariés. » Le « seul objectif qui existe est de faire mieux que les autres » : « Ainsi nul ne sait à l’issue d’une journée donnée, s’il a ou non correctement travaillé, puisque la qualité de son travail dépend avant tout des résultats des autres » ;

une concurrence permanente : « Tout est remis en cause chaque jour ce qui crée un stress permanent, d’autant que les outils informatiques permettent à tout le monde de suivre en direct, depuis chaque poste, ce que fait chacun des commerciaux de toute la banque. »

Le numéro vert n’a pas suffi

En réponse, la Caisse d’épargne avait mis en place un observatoire des risques psychosociaux, un numéro vert, un plan d’action qualité du travail. Autant de mesures jugées « largement insuffisantes » par les juges lyonnais en ce qu’elles « ne visent pas à supprimer le risque à la source, mais à intervenir a posteriori une fois que le risque est révélé ».

Contacté par téléphone, Alain Monteils, membre du directoire, pôle ressources à la Caisse d’épargne Rhône-Alpes, déplore la mauvaise compréhension du tribunal :

« Le benchmark vient compléter d’autres outils de management de l’activité de nos forces de vente. Nous avons également par exemple un référentiel d’activité pour les commerciaux : nous fixons le nombre d’entretiens à réaliser par semaine, ou le nombre de produits à placer. Cela correspond à une notion plus classique de l’objectif. »

Mieux former les managers

Alain Monteils estime cependant que l’entreprise a des efforts à fournir, en matière de communication et de formation des managers :

« Pour les managers, notamment les jeunes, le benchmark prend le dessus sur d’autres outils. Or, le benchmark positionne les agents les uns par rapport aux autres et doit permettre au manager de travailler plus avec le collaborateur mal classé pour qu’il s’améliore. Ça renforce le collectif aussi. »

Un stage de deux jours pour préciser aux managers ce que l’entreprise entend par « management de la performance » est prévu :

« Manager sans valeur, sans écoute, c’est contre-productif, c’est court-termiste. Ce n’est pas ce que nous recherchons. Nous voulons des managers qui font carrière chez nous. »

Et le responsable de citer deux chiffres à l’appui de ses propos :

l’ancienneté moyenne à la Caisse d’epargne Rhône-Alpes : seize ans et onze mois ;

le turnover : 17,4%. En baisse, de 3,3% par rapport à 2010 et de 7% par rapport 2007. Mais toujours supérieur au turnover moyen des cadres en France : 6,3%, selon l’Association pour l’emploi des cadres (Apec).

Comparer n’est pas stresser

Dans les autres Caisses d’épargne de France, un benchmark plus classique est pratiqué. Si le terme ne trouve pas de définition définitive, il désigne en résumé la mise en compétition systématique, par voie de quantification de l’activité et des qualités, avec des objectifs à la clé.

Et ce benchmark-là ne risque pas d’être condamné, estime l’avocat Stéphane Béal :

« L’employeur a le droit d’évaluer le travail de ses salariés, selon la jurisprudence.

Il peut, pour les évaluer, les classer. Mais ce “ranking”, ce classement, doit être encadré, ont établi les cours d’appel de Toulouse et de Versailles. Il est interdit de définir au préalable des quotas de classement : 20% de mauvais, 60% de bons, 20% de très bons par exemple.

Donc le classement des salariés, leur comparaison, est autorisé. »

Il est ainsi possible d’évaluer un salarié, d’après la jurisprudence, poursuit l’avocat :

par rapport à un objectif réaliste, atteignable et sur lequel le salarié a de l’influence (le résultat dépend de lui et pas de la météo par exemple). Et, ce, sur une période prédéfinie ;
par rapport à une description de la fonction exercée.

La Caisse d’épargne fait appel


Pour le moment, le benchmark permanent et sans objectif continue en Rhône-Alpes, la décision du TGI n’étant pas exécutoire. Et la banque a fait appel.

Une nouvelle décision de justice va dans le sens de la première cependant : la direction avait refusé au Comité d’hygiène et de sécurité (CHSCT) la commande d’une enquête à un cabinet extérieur sur les « risques pour la santé physique et mentale du personnel ». La cour d’appel de Lyon a autorisé, le 9 octobre 2012, le lancement de la mission d’expertise.
Source: http://www.rue89.com/rue89-eco/2012/10/23/votre-patron-peut-il-vous-demander-de-faire-mieux-que-vos-collegues-236406

A lire aussi sur le site Rue89: http://www.rue89.com/rue89-eco/2012/09/18/atos-chez-thierry-breton-20-des-salaries-doivent-etre-mauvais-235393
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Marion Legouy-Desaulle




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MessageSujet: Re: Benchmarking des salariés   Benchmarking des salariés EmptyMer 24 Oct 2012, 22:54

Bonsoir @nonymous, je ne connaissais pas le terme mais à vous lire de bien mauvais souvenirs refont surface.

Il faut savoir aussi qu'il arrive que les meilleurs commerciaux et divers apporteurs d'affaire qui sont instrumentalisés pour mettre la pression sur les collègues soient mis à l'écart s'il leur prend d'aventure de faire valoir leurs résultats pour faire évoluer leur carrière ou bien prendre un repos bien mérité et encadré par la loi en cas de maternité.
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MessageSujet: Re: Benchmarking des salariés   Benchmarking des salariés EmptyMer 24 Oct 2012, 23:31

On ne verrait pas cela parmi le personnel politique ou les camarades d'un aussi beau parti que le PS
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a.nonymous




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MessageSujet: Re: Benchmarking des salariés   Benchmarking des salariés EmptyJeu 01 Nov 2012, 18:41

Le monde bouge...

A la SNCF aussi les contrôleurs sont désormais challengés...

Rue89 a écrit:
01/11/2012 à 15h30
Lutte antifraude : la SNCF invente le « challenge » entre contrôleurs

Par une affichette épinglée sur leur tableau de service, les contrôleurs SNCF de la région Centre ont découvert lundi le nouveau « challenge », censé les amuser du 1er novembre au 31 décembre. Défi : la « lutte anti-fraude » dans le TER.

Pour espérer remporter un netbook, une console de jeux, un appareil photo numérique ou des chèques cadeaux, il faudra attraper de l’abonnement falsifié, ferrer du voyageur hors-la-loi et faire payer de l’amende.

L’affichette précise les règles :

50 gagnants seront récompensés : 40 agents du service commercial trains (ASCT), le terme administratif pour dire contrôleur) et dix groupes de contrôle renforcé (GCR, les équipes dédiées au contrôle à bord) ;
pour les agents, sera pris en compte les « meilleurs taux d’application des barèmes bord/contrôle » (c’est-à-dire les tarifs majorés, réglés à bord auprès du contrôleur) et les meilleures progressions depuis début 2012 ;
pour les GCR, les critères retenus seront le plus grand nombre de cartes, billets, abonnements falsifiés ou utilisés par un tiers.

Louis (un pseudo), contrôleur basé à Orléans, a écrit à Rue89 pour rapporter ce procédé qu’il trouve « honteux » :

« La plupart des collègues et moi-même sommes outrés par ce procédé d’incitation aux chiffres qui peut entraîner bien des dérives dans notre travail. »

Moins de « petites fleurs » à bord

« On n’a jamais été poussés à faire du chiffre avant », précise le contrôleur en contact avec Rue89. Il assure ne pas compter changer pour autant ses pratiques. Avec ce type de challenge, explique-t-il, le risque est de laisser de côté les autres missions des agents (sécurité, service commercial) au profit de plus de contrôle.

« Il nous arrive, par exemple, de faire des tarifs guichet dans le train, pour des abonnés qui ont oublié de renouveler leur carte en début de mois... Avec ce système, il y a aura moins de “petites fleurs” à bord, ça va se durcir. »

Les contrôleurs touchent déjà un pourcentage sur les billets vendus à bord, qui représente environ 40 à 150 euros par mois. « Ça ne faisait pas notre salaire, donc ce n’était pas notre priorité. »

« Surprenant », note Louis : le challenge est lancé au moment où les cheminots ont plusieurs fois alerté la direction sur le manque d’effectif (« on se bat pour être au moins deux dans les trains, on est souvent seul ») et les agressions :

« On a des soucis de sécurité, d’incivilité, ça ne va pas s’arranger si on nous pousse à faire du contrôle. »

Louis dit avoir écrit à Rue89 pour avertir les usagers :

« C’est important de diffuser cette info, la SNCF nous pousse à harceler les clients. Ces derniers ont donc le droit de savoir. »

« Bâcler le service public »

« Plus rien qui me surprend, moi », assure Alain Lefaucheux, chef de gare et membre du bureau de la CGT d’Orléans. Il a découvert le challenge mardi :

« On essaie de diviser les cheminots entre eux... Ça ne va pas améliorer le dialogue social, y compris avec les usagers. »

Pour lui comme pour Louis, ce type de procédé est symbolique d’un tournant : la « logique d’entreprise » gagne le service public.

« Aujourd’hui, la direction travaille avec des objectifs de rentabilité à tout prix, une façon de bâcler le service public. »

La CGT d’Orléans doit encore se concerter avant de réagir : elle devrait demander une audition à la direction.

« Action managériale »

Au téléphone avec Rue89, le service presse de la SNCF est moins bavard sur l’« action managériale » (expression répétée plus de cinq fois en dix minutes).

Impossible de savoir si le procédé est en vigueur dans d’autres régions de France : « On n’a pas de réponses à apporter là-dessus ». Clément Nourrit du service presse justifie :

« C’est une action managériale de lutte contre la fraude, animée par un chef d’équipe. Une action managériale comme on peut en trouver ailleurs, dans une autre entreprise. »
Source: http://www.rue89.com/rue89-eco/2012/11/01/lutte-anti-fraude-la-sncf-invente-le-challenge-entre-controleurs-236668
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MessageSujet: Re: Benchmarking des salariés   Benchmarking des salariés EmptyJeu 01 Nov 2012, 18:52

Chez les gendarmes et les policiers on dit que les pratiques de ce genre existent. Mais il y a tant de mauvaises langues pale
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GUIZMO

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MessageSujet: Re: Benchmarking des salariés   Benchmarking des salariés EmptyVen 02 Nov 2012, 16:01

A quoi bon demander de" serrer un peu les boulons" tout le monde sait qu'il n'y a pas de déficits à la SNCF, ou si peu, et qu'on va encore augmenter le prix des billets, malgré les démentis de l'entreprise (car s'en est une, avec de comptes à équilibrer). Le "bon client" paiera un peu plus et l'on continuera à nous parler d'emprunter sur les marchés pour payer le dernier mois des pensions de retraites...
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a.nonymous




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MessageSujet: Re: Benchmarking des salariés   Benchmarking des salariés EmptyLun 10 Déc 2012, 20:53

Un article qui traduit une assez bonne vision de ce qui se passe dans de nombreuses entreprises multinationales où les salariés sont soumis en permanence à une rude concurrence internationale...

Les Echos a écrit:
Les pratiques dopantes se généralisent dans les entreprises
Par Daniel Bastien | 10/12 | 18:39 | mis à jour à 20:00

Licites ou pas, en vente libre ou sur prescription, la panoplie des produits permettant de plus -ou mieux -travailler est large. De la caféine aux drogues illicites, en passant par l'alcool ou les psychotropes, les pratiques dopantes se généralisent dans les entreprises. Au point de devenir un réel problème de santé publique.

Il n'y a pas que les Tom Simpson ou Lance Armstrong pour repousser les limites de leurs performances à l'aide de substances diverses et variées. Il y a aussi les innombrables « dopés du quotidien » : ouvriers, employés, cadres, soit... autant de collègues potentiels. Si les premiers défrayent la chronique à coups de piqûres d'EPO ou de stéroïdes, les seconds sont largement passés sous silence lorsqu'ils composent avec l'alcool, la caféine, les amphétamines, les antidépresseurs, ou même la cocaïne, pour faire face aux exigences de leurs fonctions. « Ce qui est demandé à l'homme est tout bonnement surhumain. (...) On ne fait plus de différence entre le sportif de haut niveau et le salarié. A cette différence près que le salarié dispute un match chaque jour » , explique Michel Hautefeuille, psychiatre-addictologue au célèbre centre médical Marmottan. Besoin d'un dépassement de soi + banalisation des « béquilles chimiques » + facilité du « à chaque problème sa molécule ! » ont fait de l'homme un véritable « h omo syntheticus ». Au travail, les adeptes des « conduites dopantes » (le terme « dopage » est réservé aux sportifs) constituent ainsi aujourd'hui un vrai problème de santé publique, estiment les experts.

Cela commence tôt, et ce n'est pas nouveau. En période d'examens, des générations de lycéens et d'étudiants ont tourné au Cogitum, au Maxiton ou au Guronsan sans que personne n'y trouve à redire. Depuis, les cocktails énergisants ont inondé les pharmacies « en s'adressant à une clientèle plus large, et surtout plus âgée », explique ce pharmacien ; le Red Bull a quitté le confinement des boîtes de nuit ; et les cafétérias ne désemplissent pas de salariés se dopant à l'expresso.

L'alcool en tête

Ce type de consommation a finalement glissé vers l'entreprise tout en se diversifiant et se complexifiant. Pour les professionnels de santé, un « bricolage chimique » a fait tache d'huile en s'appuyant sur une très large panoplie de produits licites ou illicites, en vente libre ou prescrits par les médecins, mais ayant tous pour objectif de plus - ou mieux -travailler. On a ainsi changé d'échelle, jusqu'à toucher à l'addiction. « Le centre Marmottan est proche du quartier de la Défense et, au début des années 2000, des gens de la finance, de l'informatique ou des assurances ont commencé à venir en nous disant : "Je prends des produits, dont je ne peux me passer, uniquement sur mon lieu de travail"... », se souvient Michel Hautefeuille.

Etait ainsi né ce qui est devenu un vaste supermarché du coup de pouce, où se côtoient d'un côté les stimulants destinés à améliorer la performance, et de l'autre des produits psychoactifs - dans le sillage de l'alcool, toujours en tête du palmarès -permettant de mieux supporter le travail.

Au rayon des stimulants se bousculent caféine (sous forme de gélules, des employés de La Poste absorbent ainsi jusqu'à l'équivalent de 75 expressos par jour, témoignent des médecins), vitamines, compléments alimentaires, amphétamines et psycho-stimulants (qui empêchent de dormir), DHEA, créatine, anabolisants, stéroïdes, cocaïne... auxquels internet a ouvert la porte à tous les approvisionnements hors contrôle et à tous les détournements. Au rayon des « béquilles », les psychotropes, qui gomment le stress et sa souffrance et sont de loin les plus pratiqués : antidépresseurs (qui sont également... des stimulants), anxiolytiques, somnifères, bétabloquants, antidouleurs, cannabis, héroïne, etc.

Au début du XXIe siècle, on en est presque à « chaque secteur sa drogue » : pour la première fois, en 2010, l'Inpes (Institut national de prévention et d'éducation pour la santé) a publié un baromètre sur ce thème. On y apprend que la plus forte consommation d'alcool se trouve dans les secteurs de la construction, de l'agriculture et de la pêche, de l'industrie et de l'hébergement-restauration ; celle de cannabis dans les métiers des arts et spectacles, mais aussi encore dans la construction et l'hôtellerie-restauration ; que la consommation d'autres drogues illicites (cocaïne, ecstasy, poppers, champignons hallucinogènes) touche surtout les arts et les spectacles, l'information-communication, la restauration et la construction. Professionnels et médecins précisent le tableau. Les antidépresseurs sont populaires chez les administratifs et les enseignants ; les anxiolytiques dans l'encadrement ; la cocaïne dans la finance, la médecine et toujours la pub ; l'héroïne, qui donne calme et distance émotionnelle, dans le corps médical et chez les avocats, et sont globalement très concernés les métiers à haut risque, à forte pénibilité, à responsabilités importantes, ou simplement soumis à une forte pression : « les coursiers livreurs de pizzas sont réputés comme ceux qui se dopent le plus », s'accordent les experts.

Un rien exotique, cette réalité est difficile à cerner par l'entreprise du fait de ses multiples portes d'entrée et dénis. La faute à une forme de tolérance, d'abord : les « pots » sur les lieux du travail sont un fait culturel, et le Code du travail lui-même autorise le vin, la bière et le cidre dans l'entreprise... Difficile, ensuite, de faire la part du « personnel » et du « trouble psychosocial » : le salarié importe-t-il son malaise depuis sa sphère privée ? Ou est-il dû aux vertus anxiogènes du fonctionnement de l'entreprise ? L'absence de statistiques révèle de surcroît un tabou considérable. « Il n'y a pas d'études sur les situations d'addiction en entreprise », indique Denis Maillard, du cabinet Technologia, spécialisé dans l'évaluation et la prévention des risques professionnels en entreprise. « On ne se donne pas les moyens de cerner le problème », ajoute ce médecin : les entreprises ne bougent pas tant que cela ne touche pas leur image. Les substances psychotropes seraient pourtant à l'origine de 15 à 20 % des accidents mortels du travail et posent aux entreprises autant de problèmes de responsabilité civile et pénale, de prévention, voire de dépistage.

Le culte de la performance

Le phénomène touche toutefois par son amplitude. Au « doigt mouillé », mais en ligne avec d'autres pays européens, on compterait entre 5 et 20 % des salariés consommateurs de substances pour être en forme au travail. Les médecins du travail tirent régulièrement la sonnette d'alarme ; depuis 2007, les pouvoirs publics s'en inquiètent et mobilisent la MILDT (Mission interministérielle de la lutte contre la drogue et la toxicomanie) ; et les conférences internationales et forums régionaux se multiplient sur le sujet. Souvent en cause : la souffrance au travail, relèvent médecins et sociologues. « Le travail peut être aussi bien un facteur qui construit et soutient l'individu qu'inversement être pathogène », souligne Astrid Fontaine, ethnologue du Laboratoire de recherche en sciences humaines. « Le vrai poison, ce sont les conditions de travail », insiste Michel Hautefeuille. Avec à la clef stress, dépressions et burn-out. « On constate une montée en puissance depuis 2006-2007, et la crise n'arrange rien, témoigne ce médecin du travail parisien. je n'ai jamais vu autant de souffrance dans l'entreprise et les salariés en parlent désormais spontanément. »

Les risques psychosociaux sont ainsi aujourd'hui, selon les sources, la première ou deuxième cause de consultations des pathologies professionnelles, et les suicides à France Télécom, chez Renault, à La Poste ou à l'ONF (Office national des forêts), qui ont récemment marqué l'opinion, ne constituent que la pointe de l'iceberg.

C'est que, depuis la révolution managériale des années 1990, soulignent les sociologues, le travail est devenu un lieu de compétition, où il faut aller vite et « tenir », où sont apparus le management par le stress, la précarité, la densification du travail, l'« open space » et le culte de la performance, favorisant du même coup les drogues de dépassement ou de sociabilisation aidant à mieux s'intégrer, à survivre, ou tout simplement à rester dans la course. « La France est en tête de la productivité horaire, et la première en termes de consommation de psychotropes. Tout est dit ! Les salariés sont des athlètes du quotidien dans l'invisibilité la plus totale », estime Marie Pezé, docteur en psychologie et expert auprès de la cour d'appel de Versailles. Le lien entre organisation du travail et dopage est devenu patent.

Ces « dopés » ne sont pourtant pas des toxicomanes. « Il s'agit davantage d'une conséquence d'un problème de management que d'une addiction » , estime le docteur Bernard Salengro, secrétaire national de la CFE-CGC. « Les stupéfiants coupent de la réalité, mais ils sont ici au contraire utilisés pour s'accrocher à la réalité et la surmonter. La cause du comportement d'ajustement et d'adaptation est en amont, ce qui permet le plus souvent de s'arrêter du jour au lendemain » , confirme le docteur Patrick Laure, chercheur en sociologie associé à l'université de Lorraine. Autre gage d'optimisme - et un paradoxe en période de crise et vu la timidité des DRH et du patronat -, les entreprises ont commencé à bouger. Sont peut-être passés par là les suicides à répétition, le rapport « Bien-être et efficacité au travail » (rapport Lachmann) remis à François Fillon en 2010... ou tout simplement un très actuel souci de compétitivité. « Une partie du monde patronal a pris conscience des limites de l'engagement des salariés. Car la plus grande grève, c'est bien quand les salariés sont là... sans être là ! Nous-mêmes, syndicats, nous nous étions éloignés de l'individu et du travail » , reconnaît Jean-François Naton, conseiller confédéral santé de la CGT. « Les patrons ont évolué et acceptent de parler de la qualité de vie au travail. Ils ont compris qu'un salarié impliqué est plus motivé et donnera davantage » , ajoute Patrick Pierron, secrétaire national CFDT chargé des questions du travail. « Travaillez mieux pour travailler plus », en quelque sorte...
Source: http://www.lesechos.fr/economie-politique/france/actu/0202441253616-travail-les-dopes-du-quotidien-519128.php
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a.nonymous




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MessageSujet: Re: Benchmarking des salariés   Benchmarking des salariés EmptyVen 22 Fév 2013, 17:42

Une condamnation intéressante rendue par le tribunal de Grenoble.......

Citation :
HP France condamné sur son système de notation
Edition du 19/02/2013

HP France devra revoir son système de notation ou faire appel, suite à la décision rendue le 18 février par le Tribunal de Grande Instance de Grenoble.

Les salariés d'HP France qui ont attaqué leur direction afin de demander le retrait d'un dispositif d'évaluation des performances qu'ils estiment illicite peuvent se réjouir. Le jugement du TGI de Grenoble qui est tombé, lundi 18 février, leur donne raison. Il ne reconnait peut-être pas l'existence des quotas reprochée par le Comité d'hygiène, de sécurité et des conditions de travail (CHSCT) de HP Grenoble, les organisations syndicales et les comités d'entreprises du site, mais il condamne HP pour application de critères d'évaluation non conformes aux dispositions légales : influence des résultats des différentes divisions (Business Units), critères d'évaluation imprécis, subjectifs, non transparents, et méconnaissance de l'obligation d'information préalable des salariés.

Des critères objectifs liés aux métiers

Sur son blog, la CFTC indique qu' HP va probablement revoir son mode d'évaluation vers des critères objectifs liés aux métiers et niveaux hiérarchiques et non plus uniquement des objectifs au cas par cas. Au rang des autres recommandations prônées par le syndicat, l'influence des résultats des business units devra être écartée ou clarifiée et les feedbacks ne devront pas être anonymes si le salarié concerné le demande. « HP va devoir modifier son système ou faire appel », considère l'organisation syndicale. « Les salariés qui se sentent lésés par leur note pourront réclamer justice facilement. »

L'usage de systèmes d'évaluation non conformes n'est pas une pratique isolée. En octobre 2012, le site d'informations Rue89 avait révélé qu'Atos utilisait son système de notation pour augmenter son quota de mal notés.
Source: http://www.lemondeinformatique.fr/actualites/lire-hp-france-condamne-sur-son-systeme-de-notation-52543.html

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