a.nonymous
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| Sujet: Le porte-monnaie de Loïc... Jeu 21 Fév 2013, 14:13 | |
| A voir sur Rue89 le porte-monnaie de Loïc qui ne gagne que 675 Euros par mois... en Pologne... - Rue89 a écrit:
- Porte-monnaie 20/02/2013 à 16h49
Loïc, 20 ans, employé dans un centre d’appels à Cracovie, 675 € par mois
François Oulac | Rue89
Loïc vit depuis deux ans en Pologne, où il est opérateur pour la plate-forme téléphonique d’une agence touristique française : « Je ne me prive pas du tout ».
Loïc (le prénom a été changé) est né dans l’Ouest de la France. S’il a choisi de s’expatrier après un BTS en assurances, c’est avant tout pour quitter le foyer parental :
« Je ne savais pas trop quoi faire avec mon BTS. Je pouvais aller à la fac, mais je n’arrive pas à travailler s’il n’y a personne derrière moi. Et puis je vivais aux dépens de mes parents, ça ne me plaisait pas. Je voulais un électrochoc, arriver dans une ville et un pays inconnus. »
Arrivé en Pologne par hasard, il ne veut plus repartir
Il apprend l’existence du Service volontaire européen (SVE) « par hasard », en regardant un documentaire sur Arte. Dès l’obtention de son diplôme, il part travailler dans une maternelle, au nord de Cracovie. Nourri, logé et blanchi par le programme européen, il assiste le personnel dans l’animation des journées des tout-petits : ateliers de français, de cuisine... Il maîtrise l’anglais mais ne parle pas un mot de polonais :
« C’était la débrouillardise, surtout pour se faire comprendre. Mais en fin de compte, on arrive à communiquer, avec des signes. Ça m’a fait développer le système D, ça m’a donné de l’indépendance. »
Avant même la fin de ses huit mois de volontariat, il tombe amoureux de ce pays qu’il ne connaissait pas :
« Je ne voulais plus repartir. Ici c’est vivant, les gens sont curieux de tout, ça fait à peine 24 ans qu’ils sont sortis du communisme. Et les Polonaises sont très jolies ! »
La langue, qu’il ne maîtrise pas beaucoup plus aujourd’hui, ne constitue pas une barrière à la vie sociale, les jeunes Polonais parlant bien anglais.
Une semaine pour trouver un travail
Loïc ne met que quelques jours à trouver un emploi. Il explique cette facilité par la présence de nombreuses entreprises françaises qui délocalisent leurs services au pays de la babka. Un marché du travail très francophile donc, et aux règles plus souples qu’en France :
« Je suis passé par un moteur de recherche d’emplois. J’ai coché la case “francuski” [“français”, ndlr] dans le formulaire, et on m’a répondu dans l’après-midi. »
Trois entretiens en anglais et français, et le voilà embauché en une semaine chrono dans le « call center » d’une agence de voyage française. Il trouve un logement dans la foulée et s’installe avec sa petite amie polonaise et des amis dans une maison d’un « beau quartier » de Cracovie.
Revenus : 2 800 zlotis par mois, soit environ 670 euros
Loïc sort tous les jours vers 17h30. Des horaires de bureau.
« Les clients en France appellent l’agence de tourisme et tombent directement chez nous, en Pologne. »
Il touche en moyenne 2 800 zlotis par mois, soit 675 euros net (les impôts et autres cotisations sont prélevés à la source) tous les mois. C’est un bon salaire pour un début de carrière, surtout par rapport aux standards du pays :
« Le salaire moyen en Pologne tourne autour de 1 500-2 000 zlotis. »
A qualification égale, les expats français sont souvent mieux payés que les locaux :
« C’est nous qui fixons notre salaire durant les entretiens. La plupart de mes collègues français touchent 250 euros de plus que moi. J’ai plutôt mal négocié. »
A ce pécule s’ajoutent des primes à l’objectif, variables, pouvant aller jusqu’à 300 euros. « Ni le meilleur, ni le pire des employés », Loïc en touche régulièrement. Son employeur lui fournit également une carte multisports ; fumeur et peu sportif, il ne l’utilise quasiment pas.
Il apprécie l’ambiance du boulot, où les employés sont « super soudés » et se fréquentent beaucoup en dehors des heures de travail. Il déplore quand même un certain stress :
« Je prends 20 à 30 appels par jour. On travaille entre midi et deux, et il n’y a qu’une demi-heure de pause. Au niveau du physique et du mental, ça use. On perd facilement patience et on devient parfois très aigri avec les clients. Je ne me vois pas faire une autre année comme ça. »
Loïc ne touche aucune aide ou allocation.
Dépenses fixes : 265 euros par mois
Loyer : 160 euros
« Je vis en colocation avec ma copine et des amis. La maison est énorme, dans un quartier très correct de Cracovie. Un grand salon, une terrasse, deux salles de bain, un jardin... Et je suis à cinq minutes de la Place centrale. »
Eau, gaz et électricité : 100 euros
« On pourrait faire des économies sur le chauffage... Je me bats avec mes colocs pour qu’ils le coupent avant de quitter la maison. Mais on le met beaucoup en hiver, où il peut faire jusqu’à -20°C. »
Internet et téléphone : 5 euros
« Je n’ai pas de téléphone fixe ni Internet. J’utilise une mobicarte à 5 euros pour appeler mes parents le dimanche. Je vais sur Internet à mon travail, pour consulter mes e-mails et Facebook, même si on n’est pas censés le faire... »
Santé : 0 euro
« Je n’ai aucune couverture. Je vais rarement chez le médecin, jamais chez le dentiste. »
Frais bancaires : 0 euro
« Je n’ai pas d’autorisation de découvert et je me l’interdis. »
Dépenses variables : 280 euros par mois
Nourriture : 190 euros
« Je me fais plaisir. On mange pour pas cher en Pologne. Avec 7 euros par personne on se fait un vrai restaurant, avec plat, dessert et une bière. Mon rythme alimentaire a beaucoup changé en Pologne : je me fais œufs, bacon et cornichons le matin, et je mange plus léger le midi. Le soir, je ne mange aucun plat chaud. »
Transports : 10 euros
« Je vais à pied au travail, je n’ai pas de voiture. Je prends le bus de temps en temps. Je prends régulièrement le taxi, qui coute 15 zlotis (entre 2 et 3 euros) la course. »
Sorties : 150 euros
Loïc n’a pas la télévision. Fan de la Premier League anglaise, le jeune homme met l’essentiel de son argent dans ses consommations au pub, où il se rend chaque semaine pour suivre les matches. Sinon, il sort pour aller au cinéma ou pour faire la fête avec ses amis.
Il divise grossièrement son budget ainsi : « un tiers de sorties pures, un tiers dans les pubs, et un tiers de cinéma. » Les boîtes de nuit coûtent l’équivalent de 3 euros l’entrée.
Alcool et tabac : 30 euros
Loïc dépense peu en alcool, il ne peut pas dire combien avec certitude. Pas qu’il ne boive pas, mais en soirée « les gens ramènent simplement ce qu’ils veulent boire. » Par contre, il fume régulièrement :
« Je fume trois paquets par semaine. Les cigarettes ne coûtent pas cher ici, 2,50 euros le paquet. En France, j’aurais sûrement arrêté de fumer ! »
Culture : 0 euro
Les musées sont gratuits un jour par semaine à Cracovie. Loïc se renseigne et se rend aux expositions ces jours-là.
Voyages : 260 euros
« Je suis allé en France à Noël, mais ici les billets de train coûtent aussi cher que l’avion ! Je peux pas me le permettre. »
Il n’a quasiment pas visité l’intérieur du pays. En revanche, ses proches « en profitent pour voyager ». Ses parents sont venus le voir deux fois, des amis sont passés pour fêter le Nouvel an et reviennent bientôt.
Epargne : 0 euro par mois
« Je ne prends pas le soin de mettre des sous de côté. Je ne fais aucune réserve. »
Question budget, Loïc finit chaque mois « sur les genoux ». C’est à ce prix qu’il ne se « prive pas du tout ». Il admet qu’il pourrait aisément faire des économies, en déménageant dans un logement plus excentré par exemple, ou en faisant attention à ses dépenses récréatives.
« C’est clair qu’il y a du gaspillage... »
Il préfère se faire plaisir et jouir de son indépendance, quitte à diminuer ses revenus. Au point de renoncer à l’aide financière de son père, éducateur spécialisé, et de sa mère, infirmière :
« L’année dernière, ils me versaient environ 50 euros par mois, mais j’ai dit stop. »
Il ignore si ses parents ont mis de l’argent de côté pour lui ; l’idée le fait rire, il pense que non.
Lorsqu’on l’interroge sur sa vie en Pologne et sur l’avenir, Loïc est catégorique : il n’a « pas du tout le mal du pays », et il est ravi d’avoir eu l’opportunité de s’expatrier et d’être embauché si jeune.
Surtout, il souligne qu’en France il n’aurait pas eu les moyens de vivre la vie qu’il mène ici. Il n’est « pas du tout dans l’optique de rentrer en France » ; il étudie plusieurs pistes pour la suite : Canada, Irlande, Angleterre... Une seule certitude, celle justement de ne pas en avoir : « Je ne me ferme aucune porte. » Source: http://www.rue89.com/rue89-eco/2013/02/20/loic-20-ans-employe-dans-un-centre-dappels-cracovie-675-euros-par-mois-239377 | |
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