Les quartiers populaires (bien) vus par les voyageurs Airbnb

Existe-t-il le même engouement pour nos quartiers populaires ?

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Mirail, Minguettes, Grande-Borne... Les quartiers populaires (bien) vus par les voyageurs Airbnb

Par Louise Couvelaire Publié le 23 avril 2019 à 00h01

Le Mirail, à Toulouse, les Minguettes, à Vénissieux (Rhône), les 4 000, à la Courneuve (Seine-Saint-Denis), la Grande-Borne, à Grigny (Essonne)… Des noms que l’on associe habituellement à des faits divers, pas à des lieux de villégiature. Et pourtant, ces territoires accueillent de nombreux touristes. Non seulement il existe un marché de location Airbnb dynamique, mais les visiteurs se disent très satisfaits de leur séjour.

C’est ce que révèle l’étude réalisée par l’agence Nouvelles marges, spécialisée dans le marketing territorial, portant sur 1 045 logements proposés aux voyageurs sur la plate-forme répartis dans vingt-cinq quartiers « sensibles » (hors des centres-villes) parmi les plus peuplés de France métropolitaine et faisant l’objet d’un programme de renouvellement urbain. Sur les 13 000 commentaires analysés, 7 000 mentionnent le quartier. Parmi ceux-ci, 94 % sont positifs.

A contre-courant des préjugés négatifs qui collent à la peau des quartiers populaires, les touristes plébiscitent la situation géographique des lieux (proximité avec le centre-ville, un stade ou une salle de spectacles par exemple) et les prix (inférieurs de 10 euros en moyenne la nuitée par rapport au reste de l’agglomération), vantent la desserte des transports en commun et louent l’ambiance du quartier, qu’ils décrivent comme « calme et sympa », « paisible » et « verdoyant ».

« Quartier très bien malgré ce que vous pouvez entendre », commente un locataire à propos du Grand Mirail, à Toulouse. Au sein du secteur sud de Lille, sur un total de 718 commentaires, quatre seulement sont peu élogieux à propos du quartier qu’ils jugent « pas terrible ». A Saint-Denis, dans le Grand Centre-Sémard, très prisé pour sa situation stratégique, aux portes de la capitale, un client évoque « l’impression de campagne à deux pas de Paris » et parle d’un « quartier très intéressant », avec des « habitants aidants », qui « change des coins touristiques de Paris ».

« Pour être attractifs, ces territoires doivent répondre à deux attentes : la qualité des transports et la distance qui les sépare du centre-ville historique de l’agglomération ou des équipements : pas plus de vingt-cinq minutes en métro ou en tramway, souligne Jean-Pierre Papin, directeur associé de l’agence Nouvelles marges. Les quartiers qui n’ont ni l’un ni l’autre, comme la Grande-Borne, ont une offre locative Airbnb existante, mais beaucoup moins importante. »

Le « secteur des 4 000 » (qui comprend le quartier prioritaire et une zone de 300 mètres autour) à la Courneuve, par exemple, recense vingt-trois locations, soit dix chambres privées et treize logements entiers. Sur les 286 commentaires enregistrés, 205 contiennent des remarques positives sur le quartier et sa proximité avec le centre de Paris, le Stade de France, l’aéroport de Roissy ou encore le parc des expositions du Bourget. Florilège : « Bonne connexion au centre de Paris », « RER et bus à deux pas », « sentiment d’être dans le vrai Paris », « habitants bienveillants et aimables », « très arboré », « magasins très proches ». Les quatre commentaires négatifs portent sur un sentiment d’« insécurité pour trois filles seules », une mise en garde contre les vols, et « le métro un peu loin ».

Les 262 locataires ont par ailleurs précisé leur lieu de résidence : 137 habitent en France et 125 à l’étranger. Ces derniers viennent du Canada, des Etats-Unis, du Brésil, d’Australie, un seul du continent africain (Sahara occidental) et beaucoup d’Europe. Si l’étude ne dresse pas le profil sociologique des visiteurs, elle donne néanmoins quelques clés. « Il y a de tout, explique Jean-Pierre Papin. On peut imaginer que certains sont des membres de la famille ou des amis venant du pays d’origine ou d’autres quartiers populaires, mais quand on regarde les résultats par quartier, on s’aperçoit que les provenances sont très diverses. » 36 % viennent de l’étranger, tandis que la distance moyenne parcourue par les touristes résidant en France est de 400 kilomètres.
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« Notre étude montre que plus les gens viennent, plus ils se rendent compte que ce qu’ils projettent sur ces quartiers n’est pas conforme à la réalité », analyse le directeur associé de l’agence Nouvelles marges. Pour les communes abritant une ou plusieurs zones « sensibles », revaloriser leur territoire aux yeux du grand public et auprès des habitants de l’agglomération est un enjeu majeur. Comme en témoigne la journée-débat « Un nouveau regard pour nos quartiers », à Evreux (Eure) le 22 mars, organisée notamment par l’association Ville & Banlieue qui dénonce les « clichés véhiculés » par les médias. « Ils ne parlent de nous que lorsque les voitures brûlent », tempêtent régulièrement élus, associatifs et habitants. « Ce n’est pas qu’un problème médiatique, souligne M. Papin. C’est aussi le bouche-à-oreille, les fantasmes très ancrés localement sur “le quartier chaud de la ville” ou encore les préjugés persistants liés à leur vocation historique – loger les pauvres –, un rôle dont il faut absolument les sortir. »

Louise Couvelaire

https://www.lemonde.fr/societe/article/2019/04/23/mirail-minguettes-grande-borne-les-quartiers-populaires-bien-vus-par-les-voyageurs-airbnb_5453610_3224.html

La sous-location d'un logement HLM n'a rien d'évident, encore moins pour pratiquer des tarifs Airbnb supérieurs au loyer HLM. Une sous-location impliquant en général l'accord du bailleur. Du moins, c'est la règle.
Après, il peut y avoir une quantité non négligeable de logements privés dans les quartiers populaires. Pour ce qui est de Fontenay, un seul quartier est proche de 100% HLM, dans trois autres ils sont majoritaires mais pas hégémoniques.

Les avis recueillis dans cet article présentent l'intérêt d'un regard sur les quartiers populaires par des gens extérieurs, et qui y viennent au moins quelques jours. Pas seulement le temps d'un reportage à la télé, dont le sujet concerne rarement les espaces verts mais plutôt les fait divers. L'échantillon d'observateurs (137+125) reste à étoffer, mais pour ce qui est de renouveler la façon de voir les choses, et d'en parler, c'est réussi.

Sur ce site, qui recense et analyse les données issues de Airbnb (et Homeway), on voit très bien qu'à Fontenay le nombre de locations Airbnb apparaissent fortement différenciées selon les quartiers. Il y a énormément de locations au Plateau, aux Rigollots et Parapluies notamment, beaucoup moins dans les autres quartiers...

https://www.airdna.co/vacation-rental-data/app/fr/ile-de-france/fontenay-sous-bois/overview