Plan contre la “cyberhaine” : l'inquiétant zèle antiraciste d'Edouard Philippe
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Charlotte d'Ornellas
“Vous ne pouvez pas dire ça”. Le Premier ministre Edouard Philippe a présenté ce lundi un plan de lutte contre la «cyber haine». Retour sur ce dispositif qui, en plus d’occulter la réalité, risque de se révéler aussi liberticide qu’inefficace.
Il fallait un écrin spécial pour annoncer ce nouveau plan « contre le racisme et l’antisémitisme ». Edouard Philippe a choisi les marches du musée de l’histoire de l’immigration. Un choix qui laisse craindre le pire en termes de raccourci, d’aveuglement et de communication politique. La judiciarisation déjà bien entamée de toute critique de l’immigration, systématiquement et illégitimement assimilée à du racisme, risque d’empirer encore un peu.
Le Premier ministre est là pour annoncer une lutte « plus efficace » sur la toile contre ce fléau. Huit ministres sont à ses côtés pour annoncer la couleur : le gouvernement va « se battre » pour qu’une nouvelle législation européenne renforce le régime de responsabilités des opérateurs sur internet. En attendant, il modifiera « sans attendre » la loi française.
Trois annonces étonnantes
Parmi la série de mesures annoncées par le chef du gouvernement, trois sont particulièrement étonnantes. D’abord, l’idée de déléguer à des personnes condamnées à des travaux d'intérêt général la modération et le signalement de propos « haineux ». « Vous ne pouvez pas dire ça », expliquera donc le condamné à celui qu’il estimera coupable de « dérapage ». Si ce projet de loi n’était pas extrêmement sérieux, on pourrait rire de bon cœur.
Ensuite, l'Institut national des hautes études de la sécurité et de la justice (INHESJ) étudie la possibilité de permettre à un plaignant de qualifier lui-même le mobile raciste ou antisémite de son agression. A l’heure de la victimisation permanente, les enquêteurs risquent de s’amuser. Les internautes beaucoup moins.
Pour finir, l’exécutif envisage de permettre « l’enquête sous pseudonyme ». En clair, il s’agit de donner la possibilité aux cyber-enquêteurs de s’incruster dans des espaces de discussion en ligne, afin d’identifier les auteurs de « propos haineux ». Cette mesure fera partie du projet de loi sur la justice qui doit être présenté en Conseil des ministres le 18 avril. Que feront ces enquêteurs anonymes ? De la provocation ? De l’incitation ? Et l’année prochaine, pourront-ils également déposer discrètement des enregistreurs dans nos salons pour mettre fin aux propos « haineux » dans les dîners de famille ?
« C'est une politique prioritaire, elle est préservée », s’est félicité le délégué interministériel à la lutte contre le racisme et l'antisémitisme (Dilcrah), Frédéric Potier, en promettant 40 millions d’euros pour la mise en place de ces énièmes dispositifs antiracistes.
Pour les lecteurs intéressés la suite : https://www.valeursactuelles.com/societe/plan-contre-la-cyberhaine-linquietant-zele-antiraciste-dedouard-philippe-94090
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Que ne ferait on pas pour mettre la situation "sous contrôle"