Dernière trouvaille de Bercy, grossir sur la feuille de paye les éléments qui seront favorables aux initiatives fiscales du gouvernement afin de diluer l’effet négatif du prélèvement à la source. Encore une façon de prendre les Français pour des imbéciles.
Ce n’est pas parce qu’un commando de ministres part à la rencontre des Français régionaux que nous allons, hélas, comprendre ce qui nous tombe dessus régulièrement en matière de contraintes administratives de tous ordres !
Le dernier exemple caricatural réside dans les directives concernant la nouvelle feuille de paie. Outre leur complexité et leur rigidité, elles font apparaître que l’on prend les Français pour des nuls qui ne comprennent rien, ce qui est d’ailleurs probable face au délire kafkaïen ! On tente actuellement d’expliquer les méandres fiscaux avec des méthodes de CM2 (bientôt crayon de couleur obligatoire pour surligner soi-même ce que l’on doit savoir) sur le nouveau bulletin de salaire. « Un arrêté de Bercy » (mais qui va arrêter Bercy ?!) paru au Journal Officiel veille à ce que le contribuable ne soit pas égaré par des détails secondaires. Pour que l’on comprenne bien, le « net à payer avant impôt sur le revenu » devra faire l’objet d’une ligne dont les caractères (sic) seront au moins égaux à une fois et demi la taille des autres. Je vous passe les gros caractères gras sur fond grisé… Mais si les notifications de ce prélèvement à la source, ces charges sociales diminuées, cette CSG sont incompréhensibles sur la feuille paie, alors qu’on l’explique vraiment ? Personne ne sait ? Personne n’ose ?
Qu’est-ce-que ce pays où le gouvernement est terrifié à l’idée que les salariés ne regardent que la dernière ligne de leur bulletin de salaire ? Dans une entreprise, les responsables de ce sac de nœuds seraient convoqués et auraient deux jours pour revoir leur copie … et pas pour changer le nombre de lignes de la copie.
Mais là, ce sont trois ministres qui ont signé ensemble, ravis de la bonne idée, l’ordre de de gestion graphique de la complexité. Ce n’est pas que drôle car derrière la définition stricte et obligatoire de la taille des caractères utilisés pour donner le montant de l’impôt de chacun, se cache une problématique plus grave, celle de savoir comment on gouverne un pays et quelle nature de relations on instaure entre gouvernants et gouvernés. Quelle est l’objet de cette tutelle que l’on veut imposer ? Cette infantilisation à laquelle on soumet un pays, avec lequel on communique si mal ?
Mépris du consommateur
Une perversion de la technostructure franco française qui saurait seule ce qui est salutaire face à des citoyens devant s’en remettre à la lumière de l’élite des sachants. Et qu’on ne s’y trompe pas, cela n’est pas du à l’actuel gouvernement, cela fait des années que cela dure, l’armée souterraine de l’administration est plus puissante que tout. 180.000 fonctionnaires à Bercy (5 fois plus qu’en Allemagne).
Le président de la République doit prendre la mesure de la première des réformes préalable indispensable à toutes les autres : changer les hommes pour changer les process et le fameux millefeuille qui dénature tout.
L’État n’est pas une entreprise on nous l’a assez répété ! Est-ce une raison suffisante pour faire toutes les erreurs possibles en matière de communication et de management qu’aucun chef d’entreprise ne tolérerait dans sa boite ? Le président d’une entreprise, quelle qu’en soit la taille, est responsable de l’image qu’elle offre et de tout ce qui est dit et communiqué au nom de la marque: lisibilité, clarté, simplicité …
Alors pourquoi les représentants de l’État, ministres, administrations, fonction publique méprisent-ils à ce point leurs consommateurs ? Les abreuvant de règlements nécessitant des traducteurs payés à prix d’or (experts comptables, DRH, conseils extérieurs, etc.).
Tout ce qu’entreprend le gouvernement est gâché par ces tergiversations et ce manque de pédagogie, cette ignorance du plus élémentaire sens de la communication. Pas d’interlocuteur pour nous renseigner, pas de droit à l’erreur sinon celui de l’administration qui ne s’en prive pas…
Appelez-moi le patron, il ne doit pas être au courant !
Sophie de Menthon pour Challenges.
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Il faut être vraiment très imbu de sa personne pour penser tromper les Français à ce point !
Il n’y a que des énarques pour cela !
Même si certains Français auraient pu être dupés par le stratagème, ce dernier aurait-il pu échapper à la sagacité et à l’esprit critique des réseaux sociaux ?
Et bien vous n’allez pas le croire, mais à Bercy on a pensé que sur nos feuilles de paye, le fait de tracer les chiffres dérangeants en petits caractères, et les plus sympathiques en grosses lettres allait tromper les Français !