La crétinisation de la politique française est-elle une fatalité?
Publié le 9 mars 2019par maximetandonnet
Jour après jour, la politique française donne le sentiment de faire un peu plus naufrage dans la crétinerie ou soumission à la bêtise: obsession quotidienne des sondages sur la cote présidentielle, servilité des grands médias télévision/radio, anéantissement de l’esprit critique, vie publique noyée dans un effarant spectacle narcissique, affrontement caricatural entre le « bien post-national » et le « mal populiste ou nationaliste », indifférence et passivité générale, personnalisation à outrance du spectacle politicien autour d’une poignée de pitres médiatisés, de l’extrême gauche à l’extrême droite, débats hystériques, substitution de l’insulte (fasciste/nazi/stalinien/raciste) aux échanges d’arguments, idiotie croissante des experts et « politistes » sur les plateaux de télévision…
Cette plongée de la politique dans la bêtise n’est pas le fait du hasard mais le fruit d’un processus de décomposition.
Elle traduit l’impuissance vertigineuse du pouvoir dit politique à régler les difficultés du pays et sa démission face à la pauvreté, le chômage, l’insécurité, le désordre et la violence, le communautarisme, les phénomènes migratoires, la menace terroriste, la désindustrialisation du pays, son abyssal déficit commercial, sa dette publique, sa fiscalité confiscatoire, l’échec de son éducation nationale.
Mais qui donc cela intéresse-t-il encore? L’abêtissement de la politique française agit comme un opium destiné à faire oublier le monde des réalités et engourdir les consciences.
Elle reflète la perte d’autonomie des nations et leur capacité à se gouverner, à effectuer des choix.
La démocratie est supplantée par des formes de régulations administratives, financières et juridictionnelles et autres influences qui s’exercent à l’échelon supranational.
La crétinisation politico-médiatique est le voile de cet anéantissement de la démocratie et de la politique au sens de l’action en faveur du bien commun.
Ce lamentable naufrage a-t-il une issue ? S’il en a une, elle viendra sans doute de la force de l’histoire, de gigantesques événements planétaires qui bouleversent la donne, comme un courant océanique, qui parfois s’éveille et emporte tout sur son passage : « C’est ici le plus grand mystère peut-être de l’événement, mon ami, c’est ici proprement le mystère et le mécanisme même de l’événement, historique, le secret de ma force, mon ami, le secret de la force du temps, le secret temporel mystérieux, le secret historique mystérieux, le mécanisme même temporel, historique, la mécanique démontée, le secret de la force de l’histoire, le secret de ma force et de ma domination… »
[Clio, Dialogue de l’histoire et de l’âme païenne, Charles Péguy].