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Forum d'échanges et de débats concernant les quartiers de Fontenay-sous-Bois (94120), la ville dans son ensemble, son environnement et sa gestion, ou des sujets d'intérêt général. |
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| Retour vers le futur ? | |
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Salamandre
Messages : 5019 Date d'inscription : 08/01/2012
| Sujet: Retour vers le futur ? Ven 03 Avr 2015, 20:19 | |
| Devant les convulsions au Sud de la Méditerranée, et leurs répercussions possibles en Europe et en France, un texte long (intégral) intéressant voire prémonitoire
Quelle politique arabe?
"La France, depuis un quart de siècle, voulait «en être», au Maghreb comme au Proche-Orient. Sa diplomatie est aujourd'hui un véritable cimetière de désillusions. La seconde alternance devrait être l'occasion d'une vaste réflexion.."
"La première alternance avait été marquée par des épisodes conflictuels sur la "politique arabe". L'Elysée et Matignon s'étaient bien accordés sur le refus de survol du territoire national par les F 111 américains qui s'apprêtaient à bombarder des objectifs situés en Libye, mais, pour le reste, ce fut plus souvent Clochemerle qu'une action diplomatique concertée. Il est à peine besoin de rappeler les épisodes qui accompagnèrent la libération de nos otages au Liban: équipes concurrentes, télégrammes escamotés, rançons discrètes émail-lèrent des négociations secrètes dont l'issue était devenue un enjeu électoral. Et un entretien controversé de Jacques Chirac avec le "Washington Times" provoqua de vifs remous en Israël. Le Premier ministre s'était fait piéger au cours d'une conversation "off", mais il avait exprimé ses véritables sentiments. Il est peu probable qu'Edouard Balladur cède à pareille frénésie. Ancien de l'équipe Pompidou, il n'a jamais éprouvé les mêmes pulsions envers le monde arabe que le maire de Paris ou que Michel Jobert. La seconde cohabitation, sauf surprise, devrait donc être plus calme sur les engagements de la France au Proche-Orient, malgré le soutien flamboyant naguère accordé par François Léotard au général chrétien libanais Michel Aoun. Et le changement de gouvernement n'a pas été salué comme en 1986 par une vague d'attentats à Paris. Il n'en demeure pas moins que ce risque est loin d'être exclu et que la politique de la France au Maghreb comme au Machreq est aujourd'hui un champ de désillusions. Il faut donc reconstruire. Mais sur quelles bases?
La plupart des Etats arabes ont accueilli avec satisfaction la victoire annoncée de l'opposition. Particulièrement au Maghreb, où le pouvoir algérien reprochait à la gauche d'avoir condamné l'interruption du processus électoral, tandis que les Marocains soupçonnaient les socialistes d'avoir encouragé une campagne médiatique contre le trône et que les Tunisiens accusaient Paris de trop grandes complaisances envers les islamistes réfugiés en Europe. Mais au Proche-Orient, aussi, le soulagement discret est de mise, malgré les coups de coeur de Roland Dumas pour la Syrie, qui ne furent pas forcément ressentis avec joie dans les autres capitales. Les Arabes ont toujours préféré les héritiers supposés du général de Gaulle à ce Mitterrand qui fut le premier président français à se rendre en visite officielle à Jérusalem. Ils vivent sur le souvenir de l'embargo de juin 1967 et sur le mythe ressassé de quelques petites phrases du Général.
Ce qui relève de l'imaginaire plus que de la politique. Contrairement à la légende, l'ancien chef de la France libre ne condamna jamais l'expédition de Suez en 1956, mais en déplora l'échec. Et le fameux "Vers l'Orient compliqué, je volais avec des idées simples" est toujours tronqué. Il faut lire la suite: "Je savais qu'au milieu de facteurs enchevêtrés une partie essentielle s'y jouait. Il fallait donc en être." "En être". Voilà ce qui fut l'obsession de Charles de Gaulle, au Proche-Orient comme ailleurs, et explique aussi bien la condamnation de la guerre préventive menée par Israël, qui risquait de provoquer un accord entre les deux Grands, que les dérives de ses successeurs. Enormes contrats avec l'Irak validés sous la présidence de Georges Pompidou, condamnation boudeuse de la visite historique de Sadate à Jérusalem, puis des accords de Camp David par Valéry Giscard d'Estaing, activisme de tous les présidents français en faveur de l'Organisation de la libération de la Palestine de Yasser Arafat, tout découle en fait de cette volonté d' "en être", souvent brouillée par de mercantiles impératifs à base de pétrole et de vente d'armes.
On connaît aujourd'hui le résultat de cette politique qui dépassait nos moyens, et dans laquelle la droite et la gauche ont des responsabilités équitablement partagées. La France n'est plus nulle part au Proche ni au Moyen-Orient. Elle a lâché sans gloire le Liban ami depuis tant de siècles et a fini par admettre la nécessité du protectorat syrien pour ramener la paix dans ce malheureux pays. Elle a surarmé l'Irak pendant quinze années pour finir par participer de manière assez symbolique à l'opération "Tempête du désert", qui vit la destruction de cet arsenal dont la facture n'était pas encore totalement acquittée. Paris n'a reçu qu'un très modeste strapontin à cette conférence de paix sur le Proche-Orient à laquelle elle avait tenté par tous les moyens de s'opposer, puisque c'était une idée de George Bush et de James Baker. Paris, enfin, a été la capitale occidentale la plus touchée par le terrorisme, alors qu'elle avait eu la terrible illusion de réussir une sanctuarisation à coups de concessions.
Dans le même temps, les crédits consacrés aux relations culturelles ont diminué de manière drastique, des centres et des consulats généraux qui existaient depuis des siècles ont été fermés, et des marchands de blindés ou d'avions ont trop souvent pris le pas, avec le poison de leurs pots-de-vin, sur les vrais défenseurs de nos intérêts. Le seul succès français dans le monde arabe, depuis bien longtemps, est la vente de quelques centaines de chars Leclerc à la fédération des Emirats. La cohabitation s'annonce relativement douce. Elle pourrait être l'occasion, cette fois, d'une reconstruction consensuelle dans une zone essentielle pour notre environnement et notre langue. La droite, de retour, bénéficie d'un préjugé favorable, qui se heurtera vite aux contraintes budgétaires et au contrôle nécessaire de l'immigration. La tâche d'Alain Juppé ne sera certainement pas facile, mais l'occasion est belle pour lui de provoquer une vaste réflexion dans l'ensemble de ses services et de ses postes. Il hérite d'un cimetière conceptuel, bien faiblement éclairé par de vieilles lunes."
Cette tribune de Yves Cuau a été publiée le 08/04/1993 http://www.lexpress.fr/informations/quelle-politique-arabe_594030.html | |
| | | Salamandre
Messages : 5019 Date d'inscription : 08/01/2012
| Sujet: Re: Retour vers le futur ? Sam 04 Avr 2015, 10:20 | |
| «Un peuple qui oublie son passé se condamne à le revivre». "La célèbre phrase prêtée à Churchill est, de Confucius à Aldous Huxley, l’une des innombrables mises en garde invitant à réapprendre sans cesse les leçons de l’histoire. C’est l’appel à la vigilance qui fait dire que l’histoire se répète. Ou alors le constat désabusé de spectateurs résignés, plus convaincus par Marx et sa formule grinçante : l’histoire se répète toujours deux fois, la première comme une tragédie, la seconde comme une farce." (--) http://www.liberation.fr/evenements-libe/2014/04/08/non-l-histoire-ne-se-repete-pas_994015 | |
| | | Libellule
Messages : 15053 Date d'inscription : 23/01/2012
| Sujet: Re: Retour vers le futur ? Sam 04 Avr 2015, 12:48 | |
| «Un peuple qui oublie son passé se condamne à le revivre».
Très juste. Donc ne pas oublier que 1789 fut suivi d'une période de terreur, et que les années 30 virent la montée d'un nationalisme social exacerbé. La révolution des autres est toujours moins bien comprise que les nôtres. | |
| | | tonton christobal
Messages : 19037 Date d'inscription : 06/07/2010
| Sujet: Re: Retour vers le futur ? Dim 05 Avr 2015, 11:02 | |
| et qu'après avoir été empoisonné par les nazis pendant 5 ou 6 ans nous avons eu droit à ces braves communistes qui ont occupé et verrouillé la moitié de l'Europe... pendant 70 ans et ce n'est pas fini.
Ils ont des successeurs... toujours aussi nuisibles. | |
| | | thierry
Messages : 1361 Date d'inscription : 03/03/2013
| Sujet: Re: Retour vers le futur ? Dim 05 Avr 2015, 17:26 | |
| Si les révolutionnaires de 1789 avaient regardé le passé qu auraient ils fait? Rien de neuf Si conseil nat de la résistance en avait fait de même aurions nous eu les 30 glorieuses? Non plus.
Ce qui plombe la France c'est son passé, cette éternelle nostalgie une période glorieuse, qui nous empêche de bouger, qui empêche toutes initiatives, toutes les expérimentations.
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| Sujet: Re: Retour vers le futur ? | |
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| | | | Retour vers le futur ? | |
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